OPÉRA NATIONAL DE LYON 2013-2014 : LA NOUVELLE SAISON

Coeur de Chien dans la mise en scène de Simon Mc Burney

Tous les théâtres font connaître leurs saisons, j’arrive à peine à suivre: les saisons de Covent Garden, Vienne, Munich, Zürich, Dresde sont parues déjà depuis quelques semaines, mais Lyon vient de paraître et je lui donne la priorité du cœur et de la géographie. La saison lyonnaise de 2013-2014 est riche, variée, et affronte un répertoire à la fois très connu (Dialogues des Carmélites, Les Contes d’Hoffmann,  Le Comte Ory, Simon Boccanegra, ) et des œuvres inconnues ou peu connues en France (Coeur de Chien, de Raskatov, ou Tender Land de Copland) et un Festival Britten en avril, avec trois œuvres plus ou moins célèbres (Peter Grimes, The turn of the Screw, Curlew River), des tournées (Edimbourg, Japon) et des spectacles en périphérie de Lyon (Oullins, TNP Villeurbanne): tout cela atteste de la vitalité de notre second opéra national, qui ne cesse d’oser, d’innover avec des taux de fréquentation qui flirtent avec le 95%. Voilà une salle qui affiche une politique sans concessions, et que le public suit, aveuglément.
La saison ouvrira donc en octobre avec Dialogues des Carmélites, de Francis Poulenc dans une mise en scène de Christophe Honoré (le cinéaste auteur entre autres de La belle personne, inspiré de La princesse de Clèves en 2008), dirigé par Kazushi Ono, avec notamment Laurent Alvaro, Sebastien Guèze, Hélène Guilmette et Sylvie Brunet.
En novembre, une représentation concertante de Norma, qui concluera le cycle Bellini dirigé par Evelino Pido’, avec Carmen Giannatasio (hum!) dans Norma, Sonia Ganassi dans Adalgisa(ça c’est bien mieux!) et Marcello Giordano dans Pollione. Norma est très rare sur les scènes, très difficile à distribuer aujourd’hui, mais c’est une occasion de l’entendre et il faudra être au rendez-vous.
En décembre une reprise, assez bienvenue, de la production de Laurent Pelly des Contes d’Hoffmann d’Offenbach avec l’excellent John Osborn en Hoffmann, Laurent Alvaro en Coppelius/Dapertutto/Miracle/Lindorf, Désirée Rancatore, Patrizia Ciofi se partageront les quatre rôles féminins (si on inclut Stella) et l’excellente Angélique Noldus sera La Muse. Une bonne distribution qui permettra d’entendre aussi l’édition de Jean-Christophe Keck et Michael Kaye, la plus récente avec les manuscrits retrouvés il y a quelques années.
On vient de le voir à la Scala, on le verra en janvier 2014 à Lyon sous la direction de Martyn Brabbins: Coeur de Chien (A dog’s heart), de Alexander Raskatov, inspiré d’un texte de Boulgakov créé en 2010 à l’Opéra d’Amsterdam  arrive dans la mise en scène de la création du génial Simon Mc Burney qu’Avignon a vu dans l’adaptation du Maître et Marguerite du même Boulgakov. C’est un très grand événement musical, il faudra y courir. En février, au théâtre de la Croix Rousse, The Tender Land d’Aaron Copland créé en 1954 au New York City Opera, reprise du spectacle donné au théâtre de la Renaissance d’Oullins en 2010 dans la mise en scène de Jean Lacornerie. Il sera dirigé par un jeune chef, Philippe Forget (qui alternera aussi avec Kazushi Ono dans Les Contes d’Hoffmann).
En février-mars, une nouvelle production, coproduite avec la Scala du Comte Ory (1828) de Rossini, pour lequel il a recyclé bonne part des musiques du Viaggio a Reims de 1825. Dirigé par Stefano Montanari, bien connu désormais à Lyon (il a fait le festival Mozart, la Flûte enchantée et Carmen) et mis en scène par Laurent Pelly qui devrait exceller dans cette folle histoire, la distribution est dominée par Dmitry Korchak et Désirée Rancatore qui sont des rossiniens reconnus.
Le TNP de Villeurbanne accueillera en mars pour trois représentations exceptionnelles I went to the house but did not enter de Heiner Goebbels, créé eu Festival d’Edimbourg 2008, et accueilli par de nombreux scènes européennes. L’œuvre est composée de quatre textes (TS Eliot, Maurice Blanchot, Franz Kafka et Samuel Beckett) et chantée par les voix du prestigieux Hilliard Ensemble.
Avril, c’est le moment du Festival annuel consacré la saison prochaine à Benjamin Britten. Trois opéras en alternance, Peter Grimes dans une mise en scène de Yoshi Oida, dirigé par Kazushi Ono, avec notamment Alan Oke et Michaela Kaune, The Turn of the Screw (le tour d’écrou), dirigé également par Kazushi Ono, mise en scène de Valentina Carrasco et le plus rare Curlew River, un opéra en format réduit, peu d’accessoires, quelques musiciens, mis en scène par Olivier Py (production du festival d’Edimbourg). Isabelle Aboulker présente Jeremy Fisher au théâtre de la Croix Rousse en juin, un opéra destiné aux enfants sur un livret de Mohamed Rouabi, mis en scène par Michel Dieuaide.
Toujours en juin la saison se terminera  à l’Opéra de Lyon avec Simon Boccanegra, l’un des opéras les plus beaux de Verdi, dans une mise en scène du jeune David Bösch, un des metteurs en scène émergents de la scène allemande, actuellement metteur en scène résident à Bochum et remarqué depuis 2006 après avoir remporté le concours des jeunes metteurs en scène de Salzbourg. Le chef est  également jeune, 30 ans, déjà monté au pupitre de la Scala et considéré comme l’un des plus prometteurs de la Péninsule, Daniele Rustioni. La distribution est solide, avec Ermonela Jaho en Amelia (elle fut à Lyon Traviata), Andrzey Dobber en Simon, Riccardo Zanellato en Fiesco et Pavel Cernoch en Gabriele Adorno.
On le voit, une saison diverse, exigeante, avec des titres aussi bien contemporains que classiques, mais presque pas de grands standards, si l’on excepte Les Contes d’Hoffmann. Des metteurs en scène prestigieux (Pelly, Py, McBurney, Oida) et une place laissée aux jeunes, sur scène comme dans la fosse. Une fois de plus l’Opéra de Lyon permet d’explorer autre chose que le répertoire habituel, et de plonger dans la modernité ou dans les classiques revisités. Entendre dans une même saison une telle diversité, une telle palette de la musique la plus ouverte avec Benjamin Britten, Alexander Raskatov, Heiner Goebbels, Aaron Copland, Francis Poulenc, Giuseppe Verdi, Jacques Offenbach  et Gioacchino Rossini, il n’y qu’à Lyon qu’on peut l’oser. Une fois de plus Serge Dorny affiche sa différence, et c’est tout à son honneur.
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David Bösch

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