WIENER STAATSOPER 2013-2014: LA NOUVELLE SAISON ou LA VALSE VIENNOISE DES SPECTACLES

Opernball/Le Bal de l’Opéra, mondialement connu

Dans le paysage des théâtres qui sont des géants de l’opéra, Vienne est un incontournable. D’abord parce que l’histoire même de l’Opéra de Vienne, la tradition qui lui est liée, passe par des noms aussi divers et aussi essentiels que Gustav Mahler, Herbert von Karajan, Claudio Abbado; cette salle qui a écrit bonne part de l’histoire du chant européen (les années 50!) reste un des piliers de la musique  à cause de son orchestre, tantôt orchestre de la Staatsoper, tantôt tout simplement Philharmonique de Vienne: quel autre théâtre peut rivaliser sur ce plan? Enfin, la quantité de spectacles présentés en une saison (300 soirées en une année!) est aussi exceptionnelle. Pour toutes ces raisons, Vienne est hors norme. Et cet opéra a un public, un public de fans authentiques, un public attentif à son opéra, un public amoureux de ses chanteurs  capable  de faire des nuits et des jours de queue pour avoir accès à une place debout lors des grands événements, et, à cause même  du nombre important de places debout en bas au fond de l’orchestre et en haut, c’est un public  mélangé. Une semaine à Vienne et chaque soir à l’opéra pour une poignée d’euros, vous vous gorgerez de musique.
Il serait inexact de dire que chaque soir est un diamant, comment pourrait-il en être ainsi sur 300 soirs; il y a de grands soirs, des soirs solides, et des soirs plus ordinaires, un peu comme partout mais la marque de cette “Fabrique de l’Opéra” qu’est Vienne, c’est tout de même de garantir chaque soir un spectacle au moins satisfaisant.
Prenons un simple exemple, au hasard, les trois prochains soirs: nous sommes le 27 avril, il y a ce soir Werther, dirigé par Bertrand de Billy, avec Vesselina Kassarova et Roberto Alagna dans une mise en scène de Andrei Serban; demain 28 avril, deux spectacles: à 11h la Première de Pollicino de Henze, direction  Gerrit Prießnitz, mise en scène René Zisterer pour des représentations en mai et en décembre 2013 puis en mai 2014. Et le soir La Fille du Régiment dans la mise en scène de Laurent Pelly vue enfin  à Paris cet automne, pour 6 représentations en mai et 4 en octobre-novembre. En mai et octobre  la distribution  comprend Carlos Alvarez (Sulpice) et Dame Kiri Te Kanawa dans la duchesse de Crakentorp (j’avais vu la production à Vienne il y a quelques années, c’était alors Montserrat Caballé), en mai le couple ténor/soprano est la jeune Aleksandra Kurzak et John Tessier, en octobre Daniela Fally et Juan Diego Florez. Le 29, La Bohème, mise en scène de Franco Zeffirelli (la même qu’à la Scala), dirigée par Andris Nelsons et chantée par Kristine Opolais et Piotr Beczala, dernière Bohème de la saison, mais pas une saison sans Bohème et donc la saison prochaine on en prévoit 7 représentations, 3 en décembre ( Philippe Auguin au pupitre, avec Angela Gheorghiu et Vittorio Grigolo)  et 4 en mars ( Franz Welser-Möst au pupitre , avec Ramon Vargas et Maija Kovalevska ainsi que Adrian Eröd en Marcello) . On peut préférer tel ou tel, mais on doit reconnaître une certaine profusion.
C’est bien le défi auquel Dominique Meyer, premier français à diriger une institution nationale autrichienne dont le poids financier est énorme à l’échelle d’un pays comme l’Autriche, sans parler de son poids symbolique. On a beaucoup critiqué le système de répertoire: Claudio Abbado et Klaus Helmut Drese en 1986 voulaient s’y attaquer, bien mal leur en a pris tant les protestations ont été grandes. Le système de répertoire fait partie des gênes de la maison et l’on peut tout au plus l’aménager. C’est ce à quoi s’est attaqué Dominique Meyer, en essayant d’homogénéiser les soirées, de garantir un niveau correct chaque soir (ce qui n’a pas été le cas par le passé), de rafraîchir les productions anciennes, mais emblématiques (comme celles d’Otto Schenk) d’augmenter le nombre de répétitions, de consolider la troupe (et de fait, de plus en plus de membres de la troupe accèdent à des rôles de premier plan): au total, cela relativise l’impact des nouvelles productions faites dans ce théâtre non pour être des coups médiatiques, mais pour durer, chaque nouvelle production étant un investissement sur des années: cela explique aussi les choix de metteurs en scène qui mettent en modernité un éternel classicisme (Sven-Eric Bechtolf, Marco Arturo Marelli, David Mc Vicar) sans casser l’image de l’œuvre à l’instar d’un Bieito ou d’un Neuenfels .
A Vienne ce qui a toujours compté, c’est “prima la musica”, le chant et l’orchestre étant la marque de la maison depuis toujours, la mise en scène ne devant capter l’attention que si elle renforce l’impact musical. C’est un autre choix que font la plupart des théâtres allemands, notamment Munich ou Berlin. Ce qui frappe aussi dans la politique de Meyer, c’est la diversification de l’appel aux chefs et la chance donnée à des nouvelles figures, notamment françaises: dans le passé, les chefs français, Prêtre mis à part, étaient là pour les représentations de routine, Alain Lombard, Serge Baudo étaient habitués à des représentations perlées: j’ai ainsi vu un excellent Faust dirigé par Baudo avec Francisco Araiza,  Samuel Ramey et Gabriela Benackova (pas si mal!) un soir totalement anonyme de répertoire. Il appelle maintenant des Altinoglou, des Langrée, des Rhorer sur du répertoire très lié à la maison (les Mozart par exemple) ce qui est nouveau et sain pour tout le monde…il resterait à faire de même pour le répertoire italien (Rustioni , Noseda, Battistoni, Mariotti) . Ainsi vais-je essayer de montrer dans cette présentation de la saison, qui sera par force, un peu longue,  cette homogénéité et l’incroyable profusion de cette offre musicale.

Septembre-Décembre:

Il ne s’agirait pas  de prendre soirée par soirée les productions et distributions (sauf exception!), mais, on cherchera à signaler ce qui est digne d’intérêt, en ne nous contentant pas  des nouvelles productions et des Wiederaufnahmen (qui sont des reprises retravaillées) alors que ce qu’on appelle répertoire est une représentation de la soirée avec quelques raccords et un minimum de préparation: l’orchestre est rompu au répertoire et à l’alternance, certaines mises en scènes qui remontent aux années cinquante ne sont plus que des traces et les soirées ne valent évidemment que pour les distributions, qui de temps à autre sont des joyaux. Il faut donc toujours être attentif, car au détour d’un soir on peut avoir une distribution étincelante: pour une Tosca très ordinaire (275ème représentation) je me souviens en 1979 avoir eu Leonie Rysanek, José Carreras et Sherill Milnes…Cette Tosca, créée en 1958 par Margherita Walmann (Karajan/Tebaldi, Gobbi) , eh! oui, cela ne rajeunit pas, remplit les salles depuis la fin des années 50 (on en est à plus de 500 représentations), ce qui dans l’économie du répertoire est essentiel pour financer des nouvelles productions; on la verra 11 fois la saison prochaine avec Marco Armiliato au pupitre, Angela Gheorghiu et Marcelo Alvarez, ainsi que Zeljko Lucic en septembre, en janvier avec Paolo Carignani  au pupitre, Martina Serafin et Massimo Giordano, ainsi que Bryn Terfel, en mars avec Stefan Soltesz au pupitre, Norma Fantini et Yonghoon Lee, ainsi que Falk Struckmann, et en juin avec Philippe Auguin au pupitre, Violeta Urmana et Marcello Giordani ainsi que Thomas Hampson…Signalons quand même en septembre pour 4 soirs,  du 14 au 23 septembre,  un Otello de répertoire (mise en scène Christine Mielitz, direction Dan Ettinger) avec José Cura (hum), Dmitri Hvorostovsky en Iago et… Anja Harteros en Desdemona.
Tristan und Isolde pour deux séries, en septembre (nouvelle mise en scène de David Mc Vicar en 2012-2013) trois soirs dirigés par Franz Welser-Möst, GMD de Vienne, avec Linda Watson (hum), Peter Seiffert et Stephen Milling, en décembre quatre soirs dirigés par Myung-Whun Chung, avec Violeta Urmana, Robert Dean Smith, Albert Dohmen, Elisabeth Kulman et Mathias Goerne (belle distribution, à n’en pas douter) et Nabucco (mise en scène Günter Krämer hélas…), 4 soirs en septembre et 3 en mai, en septembre avec Paolo Carignani en fosse et Zeljko Lucic en Nabucco, Jennifer Wilson en Abigaille, et en mai avec Jesus Lopez-Cobos en fosse, et …Placido Domingo en Nabucco et Anna Smirnova en Abigaille (ce mezzo virerait-il soprano?). Signalons aussi au même moment un Simon Boccanegra dans la mise en scène de Peter Stein créée à Salzbourg par Claudio Abbado avec au pupitre Alain Altinoglou, Thomas Hampson en Boccanegra et Ferruccio Furlanetto en Fiesco, tandis que Tamar Iveri sera Amelia, et Joseph Calleja Gabriele.
En octobre, première nouvelle production de la saison, qui fera courir le monde, La Fanciulla del West, de Puccini, avec Jonas Kaufmann, Nina Stemme et Tomasz Konieczny et dirigée par Franz Welser-Möst, mise en scène Marco-Arturo Marelli pour 5 représentations les 3, 8, 11, 14, 17 octobre. On pourra combiner avec un Gala Verdi dirigé par Daniele Gatti, le 10 octobre, ou par Don Carlo le 16 octobre (version italienne), mise en scène de Daniele Abbado, et dirigé par Franz Welser-Möst avec une distribution très moyenne, excusez du peu: Anja Harteros en Elisabetta, Violeta Urmana en Eboli, Ferruccio Furlanetto en Filippo II, Ramon Vargas en Don Carlo et Ludovic Tézier en Posa (il y en a 3 représentations).
Peu après, toujours en octobre, Adam Fischer, l’excellent chef hongrois trop peu appelé en France, dirigera un Rosenkavalier (production mythique d’Otto Schenk), avec Peter Rose en Ochs, Renée Fleming en Marschallin, Mojka Erdmann en Sophie et Sophie Koch en Oktavian pour quatre représentations d’octobre, alors qu’il y en aura trois en avril, mais dirigées par Franz Welser-Möst, avec Anne Schwanewilms en Marschallin, Elina Garanca en Octavian, Wolfgang Bankl, néo-Kammersänger en Ochs et Ileana Tonca en Sophie.
Je vois avec effroi que nous ne sommes qu’en octobre et la liste des soirées s’allonge (avec à peine une nouvelle production et seulement du répertoire….).
Du 25 octobre au 4 novembre, 4 représentations de la première reprise retravaillée (Wiederaufnahme) de Anna Bolena, de Donizetti, mise en scène Eric Génovèse, dirigée par Evelino Pidò, avec deux dames très différentes du couple Netrebko/Garanca, mais non moins valeureuses, Krassimira Stoyanova et Sonia Ganassi. A voir, évidemment avec le lendemain Juan Diego Florez dans La Fille du régiment (retravaillé cette saison 2012-2013)…et avec Der Rosenkavalier, voilà trois soirs pour un petit week end viennois. Eh oui, Vienne c’est ça!
En novembre, il y aura un Ballo in Maschera de répertoire (mise en scène Gianfranco De Bosio, sans intérêt) dirigé par Jesus Lopez Cobos avec Sondra Radvanovski, Georges Petean, et Ramon Vargas (à voir si on est là par hasard, mais la distribution est solide).
Le 10 novembre, au matin, la Staatsoper fêtera le jubilé des 50 ans à la Staatsoper de Mirella Freni, Mirella, le soprano du cœur de tous les amoureux du lyrique de ma génération.
Pour trois soirs, Placido Domingo (il y a fort à parier qu’il sera la veille avec Mirella!) dirigera en novembre (11, 15, 19) Madama Butterfly, dans la mise en scène archéologique de Joseph Gielen (mais avec les décors de Foujita) avec Ana-Maria Martinez et Neil Shicoff repris en avril (5, 9, 14)  avec Bryan Hymel et Hui He, sous la direction de Jonathan Darlington.
Deuxième nouvelle production de l’année, Die Zauberflöte, dans la ville de la création, et donc une production destinée à durer longtemps: la mise en scène est de Patrice Caurier et Moshe Leiser, la direction musicale de Christoph Eschenbach pour 6 représentations du 17 novembre au 2 décembre, et trois représentations en juin 2014 dirigées par Constantin Trinks, et donc deux distributions, plutôt jeunes, pleines de talents émergents: Brindley Sherratt (Sarastro) et Benjamin Bruns (Tamino), Anita Hartig (novembre)/Valentina Nafornita(juin) en Pamina, Olga Pudova(novembre)/Iride Martinez(juin) en Königin der Nacht, tandis que Markus Werba en novembre et Nikolay Borchev en juin seront Papageno.
Joli trio vocal pour quatre représentations (Wiederaufnahme, du 23 novembre au 1er décembre) de Peter Grimes  de Britten dirigé par Graeme Jenkins dans la mise en scène de Christine Mielitz (cette dame a beaucoup travaillé à Vienne sous Joan Holaender), Ben Heppner (Grimes), Gun-Brit Barkmin (Ellen Orford) et Iain Paterson (Balstode).
En décembre, nous avons déjà évoqué Tristan und Isolde (nouvelle production 2012-2013), signalons Fidelio dirigé par Franz Welser-Möst, dans la mise en scène d’Otto Schenk du 19 au 29 décembre avec Ricarda Merbeth dans Leonore (hum), mais Peter Seiffert (Florestan), Tomas Konieczny (Pizzaro), et Matti Salminen (Rocco) et l’année se termine traditionnellement par Die Fledermaus (jusqu’au 5 janvier), dirigée cette fois par Bertrand de Billy, avec Herbert Lippert, Edith Haller, Angelika Kirschlager, Daniela Fally, Adrian Eröd et une des grandes stars du théâtre germanique, Peter Simonischek dans Frosch: qui n’a pas vu encore sur scène Peter Simonischek devrait en profiter! Nouvel an à Vienne (avec le concert du même nom et une Fledermaus, voilà un bon plan comme on dit aujourd’hui!)…

Janvier-Mars

Le mois de janvier est essentiellement un mois Mozart/Da Ponte avec deux reprises des productions de Jean-Louis Martinoty (appelé par Dominique Meyer) des Nozze di Figaro et de Don Giovanni et une reprise de Cosi’ fan tutte, mise en scène (plate) de Roberto de Simone et créé il y a longtemps déjà par Riccardo Muti dans la fosse. La production des Nozze di Figaro, dirigée par Jérémie Rhorer bénéficie d’un grande distribution (3 soirées du 9 au 15 janvier 2014): Simon Keenlyside (Il Conte), Genia Kühmeier (La Contessa), Anita Hartig (Susanna), Luca Pisaroni (Figaro) et Rachel Frenkel (membre de la troupe, mais déjà bien connue des scènes germaniques), comme Cherubino. Don Giovanni sera dirigé par Alain Altinoglou pour quatre soirs (11-21 janvier) avec Adam Plachetka (exemple même d’un membre de la troupe appelé à des premiers plans), Hibla Gerzmava (Anna) qui vient des plus grands théâtres de Russie, Rolando Villazon en Don Ottavio, Malin Hartelius en Elvira et David Bizic en Leporello. Quant à la production de Cosi’ fan Tutte (3 représentations du 13 au 20 janvier), elle sera dirigée par Patrick Lange; on sait combien j’apprécie ce jeune chef, dont j’attends l’arrivée dans les chefs de référence et qui pour l’instant reste sur les starting blocks au rang des bons chefs qu’on appelle en série B. Je l’ai entendu dans Rosenkavalier et Traviata à la Komische Oper de Berlin, et dans l’un comme dans l’autre ce fut l’un e des très belles surprises des dernières années. Outre Barbara Frittoli dans Fiordiligi, Nikolay Borchev (jeune baryton très prometteur) comme Guglielmo, Benjamin Bruns, membre de la troupe et excellent ténor, sera Ferrando, et Margarita Gritskova, autre membre de la troupe, comme Dorabella tandis que Pietro Spagnoli sera Don Alfonso et Sylvia Schwartz (elle aussi de la troupe de Vienne) Despina.
On passera sur l’Elisir d’amore, Tosca dont nous avons parlé plus haut et même trois représentations d’un Boris Godunov de fin de mois (23-31 janvier) même avec Ferruccio Furlanetto et Kurt Rydl pour en arriver à la troisième nouvelle prodcution de la saison, Rusalka (5 représentations du 26 janvier au 9 février), de Dvorak qu’on voit décidément aujourd’hui sur toutes les grandes scènes du monde quand l’œuvre fut oubliée pendant des années et des années. Dirigée par la référence en la matière, Jiri Belohlávek dans une mise en scène de Sven-Eric Bechtolf (je trouve qu’on le voit beaucoup à Vienne, et que peut-être il ne vaut pas tant d’honneur), et une belle distribution comprenant entre autres  Michael Schade (Der Prinz), Krassimira Stoyanova (Rusalka), Janina Baechle (Jezibaba), Günther Groissböck (Der Wassermann).
Suivront une série de soirées alimentaires, Cavalleria Rusticana/Pagliacci dans la mise en scène de Ponnelle, dirigée par Paolo Carignani, avec Michaela Schuster (Santuzza) et Fabio Armiliato pour “Cav” et Neil Shicoff, Inva Mula et Ambrogio Maestri pour “Pag”, Il Barbiere di Siviglia, Manon (Andrei Serban/Frédéric Chaslin et Inva Mula/Ramon Vargas) pour nous arrêter un instant sur cette Salomé mise en scène sortie du formol de Boreslav Barlog (1972) avec ses décors “Secession” de Jürgen Rose, mais dirigée par Andris Nelsons, avec Gun-Brit Barkmin, le soprano “lirico-spinto” allemand qui monte, en Salomé, le couple Iris Vermillion (Herodias) et le très bon ténor de caractère Herwig Pecoraro (Herodes) ainsi que Falk Struckmann en Jochanaan (3 soirées du 7 au 13 février).
Première et entrée au répertoire (eh oui, il y a des œuvres qui sont passées encore entre les mailles du filet!) de Adriana Lecouvreur de Francesco Cilea (6 représentations du 16 février au 12 mars) dirigée par Evelino Pidò et mise en scène de David McVicar, avec Elena Zhidkova (Principessa di Bouillon), Massimo Giordano (Maurizio), Angela Gheorghiu (Adriana) et Roberto Frontali (Michonnet). Distribution solide pour une œuvre immortalisée par Mirella Freni dans ces 20 dernières années, et Magda Olivero pour l’éternité.
Signalons aussi en mars avec quelques Bohème et Tosca une courte reprise (trois représentations du 7 au 14 mars) de l’excellent Eugen Oneghin mis en scène par Falk Richter (2009), cette fois-ci dirigé par Patrick Lange avec Nadia Krasteva (Olga), Dinara Alieva (Tatjana), Mariusz Kwiecien (Oneghin), Rolando Villazon (Lenski) et Ain Anger (Gremin), que du beau monde,  ainsi que de Wozzeck dans la mise en scène d’Adolf Dresen (créée par Claudio Abbado) pour trois représentations du 23 au 30 mars, avec au pupitre Daniele Gatti et une jolie distribution comprenant Matthias Goerne (Wozzeck) Wolfgang Bankl (Doktor) Evelyn Herlitzius (Marie).

Avril à Juin

Avril s’ouvre sur un Rigoletto de répertoire dans la mise en scène de Sandro Sequi (spectacle créé par Riccardo Muti pour Edita Gruberova en 1983…), dirigé par Jesus Lopez-Cobos avec l’inusable Leo Nucci, le duc de Franceso Meli, et la Gilda de Valentina Nafornita et une Madama Butterfly (voir plus haut), mais c’est une importante première qui va marquer le mois, puisque la production de

Le Lohengrin de Barrie Kosky, remplacé en avril 2014

Lohengrin de Barrie Kosky (récente, vu les durées viennoises, à peine 30 représentations) sans doute trop contestée, va laisser la place à une production d’Andreas Homoki: on reste sur la cohérence, puisque à la production de l’actuel directeur de la Komische Oper de Berlin succède celle de l’ancien directeur. Dirigée par Bertrand de Billy, une garantie de solidité, elle affiche une très belle distribution dominée par Klaus Florian Vogt (Lohengrin), Camilla Nylund (Elsa), Günther Groissböck (Heinrich der Vogler), Wolfgang Koch (Telramund) et Michaela Maertens (Ortrud) qui vient de remplacer un soir Dalayman dans le Parsifal new yorkais et qui commence à émerger dans les rôles de grand mezzo.
Dans l’alternance du mois d’avril, outre Rosenkavalier (voir plus haut) signalons aussi une Ariadne auf Naxos, nouvelle mise en scène de Sven-Eric Bechtolf (encore!) dans la saison 2012-2013, sous la direction de Michael Boder (un bon chef peu connu en France) en avril (3 représentations du 15 au 22 avril) et Franz Welser-Möst en juin (3 représentations du 11 au 20 juin) avec Sophie Koch (avril)/Christine Schäfer(juin) (Der Komponist), Stephen Gould(avril)/Klaus Florian Vogt (juin) (Bacchus), Iride Martinez (avril)/Daniela Fally (juin) (Zerbinetta) et l’émergente Meagan Miller en avril face à Emily Magee en juin(Primadonna), deux distributions intéressantes, entre les deux mon cœur balance…
A Vienne comme partout dans le monde de culture germanique, Pâques, c’est le moment de Parsifal, dirigé en 2014 ( trois représentations du 17 au 24 avril) par Franz Welser-Möst, dans la mise en scène désormais consommée et presque usée de Christine Mielitz, avec cette fois Mathias Goerne (Amfortas), Peter Rose (Gurnemanz), Johan Botha (Parsifal) et surtout Waltraud Meier en Kundry.
Mai s’ouvre sur Nabucco avec Domingo (voir plus haut) et une reprise bien distribuée de Faust de Gounod, mise en scène (sans doute une provocation débridée…) de Nicolas Joel (2008) dirigé par Bertrand de Billy, avec Anna Netrebko (Marguerite), Erwin Schrott (Mephisto) (s’il prononce aussi bien le français que l’italien, cela promet…), Piotr Beczala (Faust) Adrian Eröd (Valentin): une distribution faite pour les fans viennois, vu la popularité d’Anna Netrebko et d’Erwin Schrott…(3 représentations du 2 au 10 mai). Passons sur un Andrea Chénier moyennement attirant (Direction Paolo Carignani, Mise en scène Otto Schenk avec Norma Fantini, Johan Botha et Anthony Michaels-Moore), une Clemenza di Tito (mise en scène Jürgen Flimm, direction Adam Fischer) qui pourrait attirer grâce au Tito de Toby Spence et à la Vitellia de Véronique Gens (3 représentations du 11 au 15 mai), une Traviata (production de Jean-François Sivadier vue à Aix) dirigée par Louis Langrée, distribuée avec des artistes plutôt émergents, Myrto Papatanasiu en Violetta, Piero Pretti en Alfredo et Giovanni Meoni en Germont (4 soirs du 16 au 25 mai), une Cenerentola (encore de Sven-Eric Bechtolf !!) dirigée par Jesus Lopez-Cobos, un spécialiste, avec Maxim Mironov (ténor rossinien émergent) qui succède à l’autre ténor rossinien émergent, Dmitri Kortchak qu’on a vu en décembre 2013 pour nous arrêter sur un mystère qui ne peut s’expliquer que par l’incroyable gloire de Edita Gruberova à Vienne, une série de quatre Norma concertantes (du 8 au 21 mai), dirigées par Yurij Yurkevych, avec Massimo Giordano en Pollione et Nadia Krasteva en Adalgisa.
Dernier point saillant du mois de mai, une reprise retravaillée (Wiederaufnahme) pour 6 représentations du 23 mai au 4 juin des Contes d’Hoffmann d’Offenbach, dirigés par l’excellent Marko Letonja, mis en scène par Andrei Serban avec Piotr Beczala en Hoffmann  et Ildar Abdrazakov dans les quatre méchants et Daniela Fally (Olympia), Marina Rebeka (Antonia) et Nadia Krasteva (Giulietta).
Dominique Meyer a confié à Jeffrey Tate (qui fut l’assistant de Boulez à Bayreuth) la direction du Ring des Nibelungen en mai-juin 2014, après l’incroyable triomphe de Christian Thielemann dans la même production (de Sven-Eric Bechtolf, bien entendu), dans une très belle distribution: Tomasz Konieczny en Wotan et Wanderer, Elisabeth Kulman en Fricka, Eric Owens (l’extraordinaire Alberich du MET) en Alberich (dont si je ne me trompe ce doit être la première apparition à Vienne), Nina Stemme en Brünnhilde, Gun-Brit Barkmin en Sieglinde, Ain Anger en Hunding, Stephen Gould en Siegfried, Herwig Pecoraro en Mime, Attila Jun en Hagen (30/31 mai et 5,8 juin et 19, 22, 25, 29 juin). le mois de juin affiche des reprises de spectacles de l’année, dont Les Contes d’Hoffmann, La Cenerentola, Ariadne auf Naxos, L’Elisir d’amore et Zauberflöte(voir plus haut) mais la dernière nouvelle production  qui conclura la saison  (5 représentations du 18 au 30 juin) est Príhody lisky bystrousky (en langage clair: La petite renarde rusée) de Leos Janácek, dirigée par Franz Welser Möst dans une mise en scène de Otto Schenk, avec Gérard Finley, Wolfgang Bankl et Chen Reiss. musicalement inattaquable, car Welser-Möst aime ce répertoire, et sans doute d’un classicisme léché avec ce travail d’Otto Schenk à qui Dominique Meyer veut rendre hommage.
Nous voici au terme du voyage. Une saison comprenant 48 titres différents (+ Die Zauberflöte für Kinder – la Flûte enchantée pour enfants), 6 nouvelles productions, 3 Wiederaufnahme, qui reflète une politique globale de rafraichissement du répertoire, pilier de cette salle et de sa tradition, et des nouvelles productions qui ne peuvent être à cause de cette politique, des feux de paille (ou de paillettes) mais des investissements pour le futur, d’où des choix  de metteurs en scène (modernes ou classiques) susceptibles de passer les modes et permettant une alternance facile. Du point de vue des distributions, des choix toujours pertinents qui sont en même temps des garanties avec un directeur musical présent, qui joue vraiment son rôle, et qui a l’avantage d’avoir des dizaines d’œuvres à son répertoire. Gérer, tout en garantissant une saison régulière au quotidien, avec ses “hits” , c’est ce à quoi doit s’attacher tout manager à Vienne. Peut-être la venue plus fréquente de chefs de référence couronnerait-elle cette politique: les chefs de légende ont fait la légende de ce théâtre, quelques jours légendaires par an feraient du bien à la santé (Fanciulla ?). Il faut évidemment faire régulièrement le voyage de Vienne ! En combinant Staatstoper avec  concerts au Konzerthaus ou au Musikverein et un spectacle au Theater an der Wien dont la politique va évidemment là où ne va pas la Staatsoper.
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Le grand escalier

 

 

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