OPÉRAS EN EUROPE ET AILLEURS 2012-2013 (1) : SPECTACLES A RETENIR – LONDRES, NEW YORK

“Wandern”, randonner à travers les opéras ici et ailleurs est l’activité typique du Wanderer. Même si les saisons sont déjà entamées, il reste suffisamment d’occasions de voyager jusqu’en juin-juillet 2013 pour pouvoir profiter des offres des différentes salles d’opéra en Europe ou ailleurs. J’ai essayé dans mes indications de classer à la fois par aire géographique, mais aussi par “style” de production dans les différents théâtres. Il est clair que les lecteurs curieux de “Regietheater” iront plutôt du côté d’Amsterdam, Madrid, Bruxelles ou Berlin, ceux qui au contraire y sont plutôt réfractaires iront plutôt vers Rome, Valencia, Florence. Ceux qui aiment les grandes distributions avec un spectacle moderne, mais encore sage, iront vers New York ou Londres, et ceux curieux d’œuvres inconnues très liées à un répertoire national chercheront du côté de Budapest, Moscou ou Saint Petersbourg. A chacun ses préférences, mais si l’on va quelque part dans le but de voir un opéra, autant aller vers ce que l’on n’a pas chez soi.

Londres et New York ont en commun de proposer une large palette de productions soignées, modernes mais encore sages, comme je l’ai dit, avec des distributions souvent de très haut niveau. New York cependant est moins regardant sur les chefs, plutôt de solides chefs de répertoire, comme Maurizio Benini ou Marco Armiliato, que des grands chefs de renom international comme Daniele Gatti (qui dirigera tout de même Parsifal). Au contraire, le Royal Opera House (Covent Garden) de Londres propose des chefs au plus grand relief, au premier rang desquels le directeur musical Antonio Pappano, qui dirige presque tous les Verdi, le jeune et très talentueux Robin Ticciati, ou George Benjamin.

La scène du MET

Qui va à New York traverse rarement l’Atlantique seulement pour voir une production d’opéra, mais la programmation du MET est riche (28 productions, voir le site), et affiche toujours son lot de grands chanteurs, dans des productions soignées, notamment au Printemps 2013, très riche: on pourra cette année revoir le Ring de Wagner (Avril-Mai), dirigé par Fabio Luisi, dans une distribution moins attirante que l’an dernier parce que sans Bryn Terfel (remplacé par Marc Delavan), sans Eva-Maria Westbroek (remplacée par Martina Serafin que je n’aime pas beaucoup), sans Jonas Kaufmann (remplacé par Simon O’Neill), en mars -avril,  il y aura aussi une Traviata, dirigée par Yannick Nézet-Séguin dans la célèbre production salzbourgeoise  de Willi Decker, avec Diana Damrau (qui ouvrira dans ce rôle la saison 2013-2014 de la Scala), Saimir Pirgu dans Alfredo et surtout Placido Domingo dans Germont . Si Eva-Maria Westbroek ne sera pas dans le Ring, elle sera en mars à l’affiche d’une reprise de la vieille production de Piero Faggioni de Francesca da Rimini de Zandonai, dirigée par Marco Armiliato avec Marcello Giordani , tandis que Natalie Dessay sera la vedette d’une nouvelle production de David McVicar de Giulio Cesare de Haendel, dirigée par Harry Bicket.

La façade du MET

D’ici la fin de l’année, on pourra voir aussi Les Troyens (en décembre 2012), dirigés par Fabio Luisi avec certes la Didon de Susan Graham et la Cassandre de Deborah Voigt mais avec Marcello Giordani (encore lui!)- pas vraiment le type de ténor souhaité pour Énée- et dans une production moyenne de Francesca Zambello, il est encore temps de découvrir la création de Thomas Adès, dirigée par le compositeur, The Tempest, avec le grand Simon Keenlyside, dans une mise en scène spectaculaire de Robert Lepage, qui, on l’oublie souvent, a beaucoup travaillé Shakespeare (jusqu’au 17 novembre).
Mais l’événement de l’année, la production qui vaudra à elle seule la traversée de l’Océan, est Parsifal, dirigé par Daniele Gatti dans la production vue à Lyon l’an dernier de François Girard, en février -mars 2013 avec Jonas Kaufmann dans le rôle du chaste fol, Katarina Dalayman dans Kundry (bon, quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a), et l’Amfortas de Peter Mattei, le Klingsor d’Evguenyi Nikitin, et le Gurnemanz de René Pape: une distribution presque inégalable aujourd’hui.

 

La scène du Royal Opera House Covent Garden

Londres est incontestablement plus facile à rejoindre, même s’il n’est pas forcément plus facile d’obtenir des billets à prix raisonnables. Mais la présence d’Antonio Pappano comme directeur musical, un chef qui dirige (bien) tant Verdi que Wagner, et qui dirige beaucoup au pupitre du Royal Opera House est une garantie pour le spectateur.

Dans les prochains mois, on peut noter tout d’abord en décembre Robert le Diable, de Giacomo Meyerbeer, dans une mise en scène de Laurent Pelly, dirigée par Daniel Oren (hum…je n’ose dire hélas), un chef qui connaît ce type de répertoire, et parfait technicien, mais au son souvent fracassant (enfin…pour Meyerbeer!), avec Bryan Himel et Marina Poplavskaya, Nicolas Courjal et John Releya, c’est à dire une jolie distribution. En janvier pour les curieux une reprise du dernier opéra(2008) de Harrison Birtwistle The Minotaur dirigée par Antonio Pappano dans une mise en scène de Stephen Landgridge, en février un  Eugène Oneguine très prometteur, dirigé par Robin Ticciati dans une nouvelle mise en scène de l’actuel directeur du Royal Opera House Kasper Holten (très critiqué à Berlin pour son Lohengrin) avec une très solide distribution, Krassimira Stoyanova,  Pavol Breslik et surtout Simon Keenlyside, qui vaut sans doute à lui seul le voyage. En mars, George Benjamin dirigera son opéra Written on skin dans la production de Katie Mitchell vue à Aix, avec comme à Aix  la magnifique Barbara Hannigan et Bejun Mehta. Notons en mars avril une nouvelle production de Nabucco, de Verdi, en coproduction avec la Scala, dirigée par Nicola Luisotti, mise en scène par Daniele Abbado (fils de…) avec l’inusable Leo Nucci, Liudmyla Monastyrska, Vitalij Kowaljov, et le jeune ténor Andrea Caré, remarqué à Genève dans Macbeth, mais voilà, Nabucco fin avril, c’est Placido Domingo, et là c’est plein, mais tentez la liste d’attente.

Façade de Covent Garden

En mai, un must: Don Carlo de Verdi dirigé par Antonio Pappano dans une reprise de la mise en scène indifférente de Nicholas Hytner, mais avec un cast d’exception: Jonas Kaufmann, Anja Harteros, Christine Rice, Ferruccio Furlanetto, et Mariusz Kwiecien, en mai-juin autre must, connu des parisiens, La Donna del Lago avec le trio habituel Juan Diego Florez, Joyce di Donato, Daniela Barcellona dans une production de John Fulljames et dirigé par Michele Mariotti et en juin, un opéra moins connu de Benjamin Britten pour son centenaire, Gloriana, qui retrace les amours d’Elisabeth 1ère et de Robert Devereux dans une mise en scène de Richard Jones, et dirigée par Paul Daniel, avec Susan Bullock dans Elisabeth, Toby Spence dans Devereux et Kate Royal dans Penelope, cela vaudra le voyage, et une reprise de Simon Boccanegra dans la vieille production de Elijah Moshinsky, dirigée par Antonio Pappano avec Thomas Hampson dans le doge.En juillet (au milieu de représentations de Tosca et Rondine de grande série) deux Capriccio de Strauss en version de concert dirigés par Andrew Davis avec Renée Fleming naturellement, et surtout Christian Gerhaher en Olivier, Joseph Kaiser en Flamand, Peter Rose en La Roche et Bo Skovhus en Comte. Pour une virée d’été à Londres, cela doit valoir le coup.

La salle de l’ENO

Mais à Londres, il y a aussi l’ENO (English National Opera) qui est à Londres ce que la Komische Oper est à Berlin, l’opéra plus accessible en langue anglaise, qui se permet, comme la Komische Oper en moins radical cependant, des mises en scènes plus ouvertes qu’à Covent Garden (comme le Don Giovanni en reprise cette année en octobre-novembre dans la production de Rufus Norris qui fit beaucoup parler d’elle en 2010 dirigée par Edward Gardner avec l’excellent Iain Paterson dans Don Giovanni). Les réalisations de l’ENO sont toujours d’un niveau très respectable musicalement, et donnent l’occasion d’entendre des voix intéressantes issues du monde anglo-saxon, soit des jeunes à découvrir, qui feront les distributions des grandes scènes de demain, soit des chanteurs connus, qui reviennent à l’ENO pour une production ou l’autre (comme justement Iain Paterson). Même chose pour les chefs, qu’on voit souvent dans les scènes européennes, comme Edward Gardner le directeur musical .
C’est aussi un lieu où l’on peut découvrir le répertoire anglais moins connu, comme pendant tout ce mois de novembre The Pilgrim’s Progress de Vaughan Williams, dans une mise en scène de Yoshi Oida et la direction de Martyn Brabbins, qui a dirigé l’an dernier à Lyon L’Enfant et les sortilèges de Ravel et Der Zwerg d’Alexander von Zemlinsky.
En novembre et décembre une nouvelle(?) production de Carmen de Calixto Bieito qui promène cette Carmen de Barcelone à Venise en passant par Bâle et maintenant Londres, bel exemple de commerce international, dirigée par Ryan Wigglesworth avec Ruxandra Donose  en Carmen et Adam Diegel en Don José.
Autre nouvelle production plutôt aux couleurs du Regietheater, en février et mars, La Traviata, de Verdi dans une mise en scène de Peter Kontwitschny et dirigée par Michael Hofstetter avec notamment Anthony Michaels-Moore en Germont. A la même période, la Médée de Charpentier (Medea en version anglaise) mise en scène de David McVicar et dirigée par Christian Curnyn, avec Sarah Connolly en Médée est loin d’être négligeable. En avril, une création, The sunken Garden, du hollandais Michel van der Aa, élève de Louis Andriessen, dirigée par André de Ridder et mise en scène par Michel van der Aa avec Roderick Williams en coproduction avec le Toronto Luminato Festival, l’Opéra de Lyon, le Holland Festival et le London’s Barbican Centre; en mai un nouveau Wozzeck dirigé par Edward Gardner et mis en scène par Carrie Cracknell ainsi en juin qu’une coproduction avec le Teatro Real de Madrid (qui fera la création mondiale le 22 janvier 2013 dirigée par Dennis Russell Davies) de l’opéra de Philip Glass The perfect American, sur la dernière année de Walt Disney, avec Christopher Purves en Walt Disney dans une production de Phelim Mc Dermott et dirigée à londres par Gareth Jones.  Enfin en juin également  une reprise du magnifique Death in Venice de Britten dans la mise en scène de Deborah Warner, dirigé par Edward Gardner avec John Graham-Hall.

Facade du London Coliseum, siège de l’ENO

En lisant ce programme, et en le comparant avec celui du ROH, on voit immédiatement où l’on défend le futur du genre lyrique et la modernité.

Voilà tout de même quelques belles occasions de passer le channel, en mer ou en tunnel (et même dans la journée quand il y a des matinées) . Pour mon choix ce serait  Eugène Onéguine pour la jouissance de cette merveilleuse musique, et pour Keenlyside, Medea de Charpentier à l’ENO pour Sarah Connolly et David McVicar, Don Carlo au ROH pour le cast, et pour Britten Gloriana  au ROH et Death in Venice  à l’ENO qu’on peut voir à la même période ,  et enfin, last but not least The Pilgrim Progress, The sunken Garden, A perfect American à l’ENO pour la curiosité.

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  1. Merci pour cette sélection. Ceux qui ne traverseront pas l’Atlantique ont déjà noté dans leurs tablettes le 2 mars 2013, où le Parsifal de Girard sera retransmis dans les cinémas – autre session de rattrapage pour voir et entendre Kaufmann live près de chez nous : à Vienne autour de Pâques :-))

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