Encore une figure essentielle de mes premières années d’opéra qui disparaît, Gabriel Bacquier, qui est associé à mon tout premier contact avec l’opéra, à une époque où je n’allais ni à l’opéra, ni au concert et où de l’opéra je ne connaissais que les polémiques autour de Callas et Tebaldi dont la presse se faisait écho. J’avais autour de douze ans et j’habitais dans une petite ville du nord de la France. À cette époque, la télévision n’avait qu’une chaine en noir et blanc, où régnait l’idée (saugrenue…) que la télévision avait d’abord une mission « éducative ». Ainsi donc, on retransmettait les représentations du Festival d’Aix en Provence, et je vis donc plusieurs des productions de l’époque, Falstaff, L’Enlèvement au sérail, et surtout Don Giovanni dans les fameux décors de Cassandre avec dans le rôle-titre Gabriel Bacquier.
Gabriel Bacquier est donc le premier nom de chanteur que je connus en l’entendant chanter puis suivirent Berganza et Stich-Randall…
Mon premier nom… Je me souviens encore de cette soirée solitaire (mes parents détestaient l’opéra) devant la télé avec ce Don Giovanni qui m’avait fasciné. C’est dire combien Bacquier est lié à ma vie, et il fut en effet toujours un artiste pour qui j’eus non seulement une grande admiration, mais aussi une affection particulière, même si je ne l’ai jamais connu personnellement.
Quelques années plus tard, je le vis dans beaucoup de ses rôles fétiches, à commencer par le Conte Almaviva des Nozze di Figaro.
De nouveau me frappa ce qui, tout jeune, m’avait frappé à la télévision, son extraordinaire élégance notamment quand il interprétait des rôles du XVIIIe qui portaient perruque poudrée…D’abord la voix avait cette force particulière, sans jamais être maniérée, toujours très naturelle, avec une diction impeccable, une science des accents justes qui faisaient que chaque rôle était d’abord expression, ironique, ou rage, ou duplicité, ou comique (car il était un acteur éblouissant, rappelons-nous son Melitone dans La Forza del Destino où il fut presque irremplaçable : il savait communiquer avec le public, ce qui en faisait un chanteur authentiquement populaire (oh ses grands yeux clairs gourmands dans Gianni Schicchi)…
Dans Le nozze di Figaro, il était impressionnant de vérité dans Hai già vinta la causa, mais peut-être encore plus dans l’étourdissant deuxième acte tel que réglé par le génial Strehler. Aucun des titulaires du rôle dans cette mise en scène (qu’il avait créée à Versailles en 1973 et qu’il continua de chanter presque sans interruption jusqu’en 1980) ne rentrait en scène comme Bacquier après avoir été chercher des outils pour forcer la porte du réduit où il pensait trouver Cherubino : il tenait ces outils comme un aristocrate qui ne voulait pas se salir les mains, avec une sorte de dégout distant avec lequel on tiendrait un rat mort. C’était désopilant, et c’était inimitable, fabuleux de vérité psychologique. Il était IL Conte, à la fois désinvolte, sûr de lui et dominateur, mais en même temps tellement sûr de lui qu’il en était aveugle : certes, le personnage était voulu ainsi par Strehler (l’idée de la mise en scène de 1973 était de représenter l’automne d’une époque, celle de la chute de l’aristocratie, avec son jeu d’ombres et de lumières inoubliable (et sûrement pas reproduit par la production qui fut transférée à la Bastille qui n’est pas la même, ne l’oublions pas). Et Bacquier était ce noble à la fois autoritaire et presque dérisoire, qui avait autour de lui un monde qui changeait et qui ne le voyait pas.
Bacquier « était » » les rôles qu’il interprétait, il ne les chantait pas. Son Golaud, dans la mise en scène merveilleuse de Pelléas et Mélisande (1977) de Jorge Lavelli avec Maazel en fosse à Paris (pour la création à Garnier) était déchirant de jalousie, de tendresse, de désordre intérieur : un double du Prince de Clèves. On peut en voir de très courts extraits dans un reportage gardé par l’INA : c’est suffisant pour comprendre ce que je veux dire.
Mais l’un de ses plus grands rôles, qu’il interpréta sur les grandes scènes du monde (MET, avec Tebaldi, Nilsson, Crespin/Vienne avec Jurinac, Rysanek, Stella), ce fut Scarpia ; il fut l’un des plus grands Scarpia de sa génération et difficilement encore aujourd’hui on peut l’égaler. À Paris, il fut Scarpia en 1972, 1974, et 1984 (aux côtés de Luciano Pavarotti et Hildegard Behrens). C’était un Scarpia élégant et glacial, qui donnait le frisson rien qu’au regard. Il ne faisait pas partie de ces Scarpia vulgaires à la Luca Salsi aujourd’hui, ou violents et tempétueux comme Bryn Terfel. C’était une immense composition parce qu’il avait trouvé le chemin du personnage – qui est tout sauf vulgaire- grâce à ses immenses qualités scéniques et musicales, à l’émission, à sa diction, à ses moindres accents : un modèle, sans aucun doute.
Ces qualités lui faisaient aborder des rôles aussi bien comiques que dramatiques, nous avons parlé de Golaud ou de Schicchi, il fut aussi un Leporello exceptionnel : à Paris il fut le Leporello de Ruggero Raimondi aussi bien dans la mise en scène d’Everding (1977) que de Louis Erlo (1981) mais aussi en 1979 aux côtés de Roger Soyer. Exceptionnel parce qu’il avait à la fois le don de l’interprétation scénique et celui de savoir colorer la moindre inflexion. Sans doute aussi ses origines du midi lui donnaient cette faconde inimitable qui lui donnait en scène une aisance inouïe, il savait l’art de la conversation chantée, l’art du sillabato, chaque apparition était une leçon.
Il avait une voix ductile, qu’il savait plier aux exigences de l’expression, qu’il savait parfaitement projeter, y compris dans des rôles où on l’attendait moins (Iago par exemple, avec Domingo, M.Price et Solti en 1976, qu’il chanta aussi au MET). Il n’avait pas un timbre de voix « brillant » comme l’ont certains barytons verdiens « à la Cappuccilli », il n’était pas non plus un baryton démonstratif ni histrionique et n’était pas un baryton d’exposition vocale : il chanta peu Verdi sinon Iago. Mais c’était un artiste d’une rare intuition et d’une rare intelligence, qui chantait Mozart d’une manière si juste qu’il captivait. Je me souviens de son Alfonso du Cosi fan tutte parisien dans la production Ponnelle, pas totalement inoubliable, mais musicalement à tomber à genoux avec Margaret Price, Jane Berbié, Teresa Stratas et dans la fosse Josef Krips ! Il y était passionnant, d’une incroyable vivacité, avec une science du dire unique : pour moi le meilleur Alfonso jamais entendu.
Il fut souvent invité au MET, de 1964 à 1982, où il chanta des rôles très variés avec les plus grands, il fut aussi entre autres Malatesta de Don Pasquale à Covent Garden, et nous eûmes la chance à Paris de le voir pendant plus de vingt ans.
Né en 1924, il avait 96 ans, une vie bien remplie et une carrière bien menée. Il restera pour moi l’exemple à la fois d’un incroyable talent et d’un être chaleureux. De plein droit là-haut, au Panthéon des immenses.
À noter : il existe dans les archives une captation du 14 juillet 1980 des Nozze di Figaro à l’Opéra de Paris, Dir : Sir Georg Solti, Prod. Strehler 1973 (l’authentique !)
Distribution : Janowitz, Popp, Von Stade, Bacquier, Van Dam
Elle existe sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=3e3xxNY6KXA
Toutes les captations postérieures de cette production sont bien pâles à côté de ce joyau.
A quoi sert le Théâtre des Champs Elysées, orgueilleusement appelé @TCEOPERA sur twitter ?
Je sais combien cette question peut paraître déplacée pour un théâtre parisien aussi célèbre, aussi monumental, inauguré en avril 1913, soit il y a 107 ans. C’est un ensemble de trois salles historiques, aujourd’hui de gestions différentes, le Théâtre (dirigé actuellement par Michel Franck) et la Comédie ouverts en 2013. Cette dernière dirigée tout comme le Studio (ouvert en 1923) par Stéphanie Fagadau-Mercier. C’est un ensemble esthétiquement harmonieux et réussi, emblème du style Art Déco. Et on se prend à rêver de ce que serait une gestion commune (avec un manager inventif) permettant une programmation articulée entre les trois salles…
Le caractère du nouveau théâtre fut marqué par la création du Sacre du Printemps de Stravinsky en mai 1913, et puis entre 1920 et 1925 par une richesse productive énorme notamment en théâtre avec des noms comme les Pitoëff et Jouvet sous la direction de Gaston Baty.
Depuis, le théâtre, qui est une salle magnifique de 1900 places, devint quelque chose comme un garage de luxe, essentiellement dédié après les années 1950 à la musique classique, avec notamment l’accueil de grands concerts symphoniques, parallèlement à la salle Pleyel. Je me souviens par exemple dans mes jeunes années de concerts du National de France avec notamment Leonard Bernstein, le samedi à 11h…
Le paysage parisien a beaucoup changé depuis, et Le Théâtre des Champs Elysées, grande salle de concerts, a dû faire face à l’ouverture de la Philharmonie, et aussi à celle de l’auditorium de Radio France : l’ouest parisien – les beaux quartiers – a longtemps été le territoire de la musique classique.
Il faut reconnaître que l’implantation de l’Opéra à Bastille, dans le 12e, à l’époque un quartier plus populaire, et surtout de la Cité de la musique et de la Philharmonie dans le 19e, à deux pas de Pantin (l’horreur quoi), provoqua une de ces polémiques très parisiennes (menée par de parfaits imbéciles) que démentit et le succès de l’Opéra-Bastille, et celui plus emblématique encore de la Philharmonie.
Le théâtre des Champs Elysées reste quand même un théâtre bien implanté au cœur des beaux quartiers. Son public est pour une forte part (mais pas que) un public de quartier (8e, 16e, 17e), mais reste un théâtre dont l’identité est difficile à repérer. D’où ma question initiale.
C’est pourquoi le regard sur la programmation du TCE est difficilement séparable du paysage musical parisien et au rôle qu’y joue cette institution. Je ne pense pas qu’on puisse aborder la question de la programmation de ce théâtre, sans considérer la géographie musicale de la capitale.
En face, on a l’Opéra, avec ses deux salles, sa programmation importante, ses 4700 spectateurs quotidiens potentiels entre Garnier et Bastille : c’est le mastodonte.
L’Opéra-Comique a longtemps été une salle à la destination erratique, depuis sa fermeture en 1972. Rappelons qu’avant les années 1970, le paysage parisien avait quatre théâtres musicaux, l’Opéra avec sa troupe et son répertoire, l’Opéra-Comique avec sa troupe et son répertoire (et des éléments qui semblent étranges aujourd’hui, puisque des œuvres comme Le nozze di Figaro et Cosi fan tutte étaient interdites d’Opéra, mais réservées à l’Opéra-Comique), le Châtelet, temple de l’opérette à grand spectacle (j’y vis l’Auberge du Cheval Blanc, mise en scène Maurice Lehmann), mais aussi le théâtre à grand spectacle (comme l’Aiglon d’Edmond Rostand) et le théâtre Mogador, dévolu lui aussi à l’opérette et surtout au couple mythique de l’opérette Marcel Merkès et Paulette Merval.
À l’époque le Théâtre des Champs Elysées, c’était presque comme aujourd’hui concerts et récitals : Callas y fit son dernier récital, on y voyait Arthur Rubinstein etc…
L’Opéra-Comique qui ferma au moment où Rolf Liebermann reprit l’Opéra, eut des destinations diverses qui ne correspondait en rien à sa glorieuse histoire, il fut le siège de l’Opéra-Studio, une structure de formation pour jeunes chanteurs qui fit long feu, on y fit aussi un peu de tout, l’opéra l’utilisa pour l’opéra français (Manon, ou Carmen), mais pas pour Pelléas qui fit son entrée à Garnier en 1979. Puis après 1980 l’Opéra-Comique devint la seconde salle de l’Opéra de Paris.
Pourtant le théâtre le plus ouvert, marqué par de grandes créations historiques, c’est plus l’Opéra-Comique (on n’y compte plus les créations mondiales, La fille du régiment, la Damnation de Faust, Manon, Carmen, Pelléas et Mélisande pour ne citer que les plus fameuses) que le Palais Garnier où l’on est bien en peine de trouver des créations importantes jusqu’au Saint François D’Assise de Messiaen en 1984. C’est que l’opéra-comique est peut-être le genre lyrique français par excellence.
L’image du Châtelet, grand théâtre populaire multigenre, qui a connu des créations formidables au début du siècle (Daphnis et Chloé de Ravel ou Petrouchka de Stravinsky), a été ternie par des dernières années (1970) où, après le succès de Gipsy en 1972 de poussives opérettes de Francis Lopez se succédaient sans idées et sans inventivité avec un public âgé qui ne se renouvelait plus. Jacques Chirac néo-maire de Paris profita d’une réfection importante pour le relancer, en le confiant à Jean-Albert Cartier avec une bonne com, laissant croire à un rival potentiel de l’Opéra de Paris (à l’époque limité à Garnier). Ainsi donc naquit le « Theâtre Musical de Paris » multigenre, avec de l’opérette et de l’opéra. À partir de 1988, il fut confié à Stéphane Lissner, venu du théâtre, début de sa formidable carrière dans le monde de l’opéra, qui fit largement plus d’opéra que d’opérette.
Pendant ce temps, l’Opéra-Comique continuait à être la salle de rien, et le Théâtre des Champs-Elysées une des deux grandes salles de concert de Paris.
À la fin des années 80, le Théâtre des Champs Élysées, qui appartient à la Caisse des Dépôts, fut confié à Georges-François Hirsch, un des managers musicaux proches du PS, figlio d’arte diraient les italiens puisqu’il est fils de Georges Hirsch, l’administrateur de l’opéra de 1946 à 1951 et de 1956 à 1959.
Le modèle de programmation est multigenre, concerts classiques d’abord, mais aussi opéra : l’Opéra de Paris l’investit d’ailleurs au début des années 80 pendant un temps de travaux, on y vit notamment Semiramide (Horne/Caballé) et Rosenkavalier (avec Kiri te Kanawa) et on refit la cage de scène (des travaux problématiques d’ailleurs).
Il est intéressant de constater que Châtelet et Théâtre des Champs Elysées sont alors des salles multigenres avec comme fer de lance le symphonique au TCE, et l’opéra au Châtelet.
Les choses évoluent en 1990, quand l’Opéra-Bastille ouvre.
Le Châtelet (Lissner est un petit malin) reprend partie des productions prévues initialement par Barenboim pour l’Opéra-Bastille et c’est le début d’une longue amitié et collaboration couronnée à la Scala par l’arrivée du chef comme directeur musical et une étroite collaboration entre la Staatsoper de Berlin et la Scala…
Pendant ce temps, le TCE continue à programmer concerts et opéra.
En fait, tant que la Philharmonie ne fut pas projetée, la question ne se posa pas : tout le monde déplore l’absence d’auditorium digne de ce nom à Paris depuis longtemps (il y eut un débat pour savoir que construire, un nouvel opéra ou un auditorium, dès les années 1980), seule capitale à en être dépourvue. Le symphonique continuait de se partager entre salle Pleyel et TCE, laissant la musique classique dans des quartiers sociologiquement marqués.
Le Châtelet a été depuis l’arrivée de Stéphane Lissner très soutenu par la ville, comme une alternative à l’Opéra de Paris (avec un coût d’exploitation qui n’a rien à voir avec les coûts de l’Opéra), la programmation est faite de productions, de concerts, de récitals, et finalement ressemble un peu à celle du TCE. Au Châtelet les productions « in », on y appelle des metteurs en scènes modernes, des chefs qu’on ne voit pas à Bastille, au TCE les choses plus « classiques », parce qu’il a un fonds de public plus vénérable et un peu moins ouvert.
Quant à l’Opéra-Comique, la salle la plus emblématique de la musique française, historiquement la plus riche, après plus de 20 ans d’errances (comment le Ministère de la Culture a pu pendant tant d’années laisser cette salle aussi importante en déshérence reste un mystère), il a enfin une destination et une programmation, après avoir été l’opéra studio et la deuxième salle de l’Opéra de Paris dans les années 1980. Enfin une programmation un peu cohérente pour cette salle historique, et finalement les choses marchent assez bien malgré les personnalités très différentes de ses directeurs successifs.
Tout cela est complexe, varié, et trahit les palinodies, les hésitations l’absence d’idées et de politique aussi bien de la ville de Paris que de l’État en ce qui concerne la musique classique et ses salles, parmi les plus belles de la capitale.
Depuis 1990 et la création de l’Opéra-Bastille en effet, il semble qu’il y ait enfin eu une réflexion stratégique sur les destinations des théâtres, indépendamment des questions de com (à l’époque on aurait pu croire de le Châtelet était devenu la salle de référence), de pouvoir (par exemple la question de l’Opéra, qui a eu du mal à redémarrer de manière calme après la décennie 1980-1990 si agitée au niveau du management).
L’opéra stabilisé avec l’arrivée d’Hugues Gall, le Châtelet en ordre de marche Lissnerienne, l’Opéra-Comique enfin confié à des directions solides etc… : restait la question lancinante de la Philharmonie, résolue à la fin des années 2000 qui a de nouveau rebattu les cartes et posé la question de la destination du TCE.
Dans ce maelström, le TCE semble effectivement un havre de stabilité et de paix : programmation stable, public fidèle, jamais de vagues et pas d’enjeu politique comme entre Châtelet et Opéra de Paris, indépendamment des directions successives. Georges François Hirsch, Alain Durel, Dominique Meyer et Michel Franck se sont donc succédé à la tête du TCE, grosso modo dix ans chacun (pas tout à fait pour Georges François Hirsch) ce qui est une durée respectable pour un management et le signe d’une vraie stabilité. Le TCE n’est pas la maison des révolutions.
Notons d’ailleurs la véritable volonté d’information sur l’histoire du théâtre sur le site du TCE avec des archives en cours de numérisation et au jour le jour depuis 1987 : c’est tout à l’honneur de l’institution, et une telle initiative reste très rare…
Mais la situation est très différente depuis l’ouverture de la Philharmonie (2015), qui est une grande réussite, et qui a laissé le TCE dans l’obligation de se réinventer, au moins partiellement.
Aujourd’hui, l’auditorium de Radio France, une salle très confortable, abrite les concerts de l’Orchestre Philharmonique de Radio-France et du National de France, la Philharmonie est la demeure de l’Orchestre de Paris et des tournées des grands orchestres internationaux, à l’exception du Philharmonique de Vienne, qu’un lien affectif lie au TCE depuis le mandat de Dominique Meyer, Michel Franck quant à lui ayant initié un rapport régulier avec la Bayerische Staatsoper qui a permis de voir quelquefois Kirill Petrenko à Paris.
On compte cette saison une dizaine de concerts symphoniques dont deux du National de France sans compter que le National est aussi en fosse pour des opéras (la saison prochaine Salomé ) et des oratorios (la saison prochaine la Missa Solemnis). Sinon, les Wiener Philharmoniker (Muti), le Philharmonia Orchestra (Esa Pekka Salonen), le Rotterdam Philharmonisch Orkest (Lahav Shani), le Philharmonique de Saint Petersbourg (Temirkanov) et celui de Luxembourg (Gustavo Gimeno) ainsi que le Mahler Chamber Orchestra (Leif Ove Andsnes) seront au rendez-vous ainsi que l’orchestre de la Garde républicaine et du Conservatoire de Paris. Des concerts en nombre relativement limité, mais presque tous garantis du point de vue de la fréquentation.
Ce n’est donc pas là-dessus que se construit une saison symphonique, ni même la saison générale du théâtre. Et Michel Franck a dû diversifier de manière large et loin d’être sotte l’offre du TCE, sur la lancée des idées développées par Dominique Meyer, en élargissant la palette et en essayant de rester à l’intérieur d’un budget qui reste limité par rapport à d’autres institutions parisiennes.
Pour cela il s’appuie sur une salle qui reste très plastique et bien adaptée à une offre diversifiée : la forme de la salle, ses conditions de visibilité plutôt favorables permettent de proposer des concerts symphoniques, des grands opéras, des opéras baroques, de la musique de chambre, des récitals sans que jamais on ait l’impression que la salle est inadaptée, alors que sa capacité avoisine celle de Garnier. C’est un immense avantage.
Ainsi le TCE a-t-il des atouts indéniables qui ont permis de pallier la chute des propositions symphoniques.
Autre caractère de la programmation, un peu initiée par Dominique Meyer et développée par Michel Franck, l’offre d’opéras en version scénique (six productions scéniques très diverses, nous le verrons) et surtout en version concertante très développée : 23 représentations en version de concert (une seule soirée) d’opéras (13 soirées) ou d’oratorios (10 soirées) avec des titres qui devraient intéresser, nous le verrons.
Et puis il y a les récitals, de chant et d’instruments.
À noter que les soirées de mélodies ou de Lieder avec piano disparaissent peu à peu de la scène française, sans doute faute de public intéressé, alors qu’un récital est si révélateur d’une voix et d’une intelligence vocale, et dans ces « récitals » de chant, on compte deux vrais récitals avec accompagnement instrumental, Sabine Devieilhe (avec piano) et Patricia Petibon (piano/violon), les autres étant accompagnés d’orchestres divers.
Quant aux récitals instrumentaux, ils sont dominés par le piano (16 récitals) et puis par d’autres instruments ou des duos d’instruments (13 soirées).
Signalons enfin que L’Orchestre de Chambre de Paris tient sa saison au TCE (9 concerts) outre à être en fosse pour certaines productions d’opéra en concert ou sur scène.
Pour compléter le panorama signalons les concerts du dimanche matin, un beau programme de musique de chambre, riche et divers, en coréalisation avec Jeanine Roze Production et une saison de danse avec six programmes parmi lesquels le traditionnel programme de Noël (La Belle au bois dormant par le Ballet National de Lettonie) et le Royal Swedish Ballet en début de saison, mais aussi des soirées Svetlana Makarova et Eleonora Abbagnato, un programme divers stimulant pour les balletomanes.
Voilà pour le panorama général, plutôt flatteur, divers, plutôt classique aussi dans un paysage parisien où le Châtelet new-look animé par Ruth Mackenzie affiche la même diversité, mais en version moderne et contemporaine un peu plus échevelée.
Nous nous intéresserons essentiellement à la programmation lyrique et vocale du TCE, très diverse aussi, mais pas vraiment inattendue, parce que c’est sans doute dans cette programmation que l’initiative du théâtre est la plus grande. Pour le reste, l’offre des agences, les tournées font que le manager fait plutôt « son marché », en effet on retrouve des concerts proposés au TCE dans d’autres villes, avec même programme et mêmes artistes. De toute manière, ce serait impensable d’avoir une programmation spécifique pour toutes les soirées, les coûts seraient trop élevés.
De même pour l’Opéra, il y a des coproductions avec d’autres structures en France, qui permettent évidemment de partager les coûts de productions et de faire baisser le cas échéant les cachets.
Ainsi parcourrons-nous la programmation dans ses grandes lignes.
Soucieux des modes, le TCE aime présenter de nombreuses œuvres baroques, qui passent très bien dans la salle.
Productions scéniques
Septembre 2020 : Haendel, Der Messias, MeS : Robert Wilson Dir : Marc Minkowski avec Elena Tsallagova, Fonsekis, Richard Croft, Alexis Fonsekis etc…
Les Musiciens du Louvre
Un classique de l’oratorio, un chef classique pour le baroque, un metteur en scène si classique (il était contemporain en 1970…) qu’il n’en finit plus de se répéter. L’imagination n’est pas au pouvoir, mais le public viendra. Production de la Fondation Mozarteum de Salzbourg et large coproduction : Festival de Salzbourg, Grand Théâtre de Luxembourg, Grand Théâtre de Genève.
Octobre 2020
Divertissement : Le Ballet Royal de la nuit, MeS/Chorég : Francesca Lattuada, Dir : Sébastien Daucé avec Lucile Richardot et une nombreuse distribution.
Ensemble Correspondances
Production Théâtre de Caen,
Coproduction Ensemble Correspondances, Opéra de Dijon, Château de Versailles Spectacles,
Coproducteur associé pour la reprise, Théâtres de la Ville de Luxembourg
Un grand divertissement composé pour le jeune Roi Soleil, reconstitué par Sébastien Daucé et chorégraphié par Francesca Lattuada (qui se charge aussi des décors et costumes), avec chœur et acrobates. Une production du Théâtre de Caen en coproduction (Dijon, Versailles etc…), un grand spectacle pour deux représentations seulement.
Novembre 2020
R.Strauss, Salomé (5 repr.), MeS : Krzysztof Warlikowski Dir : Henrik Nánási, avec Patricia Petibon, Gabor Bretz, Wolfgang Ablinger Sperrhacke, Sophie Koch etc…
Orchestre National de France.
Coproduction Théâtre des Champs Elysées/Bayerische Staatsoper
La magnifique production de Warlikowski dont Wanderersite a rendu compte deux fois (Juillet et Octobre 2019), avec (excepté Ablinger Sperrhacke) une distribution tout différente, à commencer par la prise de rôle de Patricia Petibon. On y retrouve Gabor Bretz, le Jochanaan de Salzbourg. Bon chef aussi, Henrik Nánási, même si dans la production à Munich, Petrenko était fabuleux et Marlis Petersen sa prophète…
Il faut évidemment y courir.
Février 2021 D’après Donizetti, un Elixir d’amour (3 repr) MeS : Manuel Renga Dir : Marc Leroy-Catalayud
Version du célèbre opéra de Donizetti pour jeune public, qui pourra participer en chantant.
Coproduction Aslico, Théâtre des Champs-Élysées, Opéra de Rouen Normandie.
Mars 2021 Poulenc, La voix humaine/Escaich, Point d’orgue (5 repr) MeS : Olivier Py Dir : Jérémie Rhorer avec Patrica Petibon, Cyrille Dubois et Jean-Sébastien Bou
Orchestre Philharmonique de Luxembourg,
Coproduction avec Opéra de Dijon et Opéra de Tours.
Une manière d’attirer le public assez traditionnel du TCE vers la création : accoupler La voix humaine de Poulenc à une création de Thierry Escaich écrite sur un livret d’Olivier Py. C’est donc surtout une soirée Olivier Py, qui assure la mise en scène des deux opéras, et qui a écrit le livret de Point d’orgue, ce qui rassurera, vu le prestige de celui qui passe pour le génie des Alpages du théâtre français. Rappelons que Claude, le premier opéra de Thierry Escaich, avait été aussi mis en scène par Olivier Py à l’Opéra de Lyon.
Juin 2021
Bellini, La Sonnambula (6 repr.) MeS : Rolando Villazon Dir : Riccardo Frizza. Avec Nadine Sierra, Alexander Tsymbalyuk, Francesco Demuro
Orchestre de Chambre de Paris.
Coproduction avec Semperoper Dresden et Opéra de Nice.
Bellini a écrit 10 opéras (11 si l’on compte Bianca et Gernando devenu Bianca e Fernando) dont on joue essentiellement Norma, La Sonnambula, I Puritani, et (un peu) I Capuleti e I Montecchi, pour le reste, en France notamment, c’est la morne plaine. Voici donc la nième Sonnambula…
Certes, Riccardo Frizza est un spécialiste du Belcanto, et certes, Rolando Villazon reconverti en metteur en scène est un nom qui va attirer. Et Nadine Sierra sera comme on s’en doute magnifique parce qu’elle est magnifique dans tous les rôles qu’elle aborde.
Les exigences des partenaires coproducteurs imposent donc ce titre rebattu au titre des heurs et malheurs de la programmation. Le public viendra, la presse en parlera en faisant semblant (enfin on espère…) de redécouvrir l’œuvre, tout le monde sera content. L’affiche est bien composée mais c’est tellement rebattu…
Dans ce paysage, je retiens Salomé, parce que c’est pour moi la seule production qui tienne la route, qui honore le théâtre, mais qui fera sans doute hurler les bonnes âmes (on se souvient de l’accueil de la Médée de Cherubini du même Warlikowski dans ce même théâtre), le reste c’est de l’affichage chic (Wilson, Py) ou du tout-venant (Sonnambula).
Productions en version de concert
Les productions en version de concert sont un peu la marque de fabrique du TCE, avec 13 soirées et 13 titres différents, des opéras baroques, des titres célèbres, en collaboration avec des institutions nationales et internationales dont l’Opéra de Lyon, Semperoper Dresden, Bayerische Staatsoper, City of Birmingham Symphony Orchestra.
Opéras :
13 Novembre 2020 G.F.Haendel, Oreste, Dir: Maxim Emelyanychev avec Francesca Aspromonte, Franco Fagioli, Julia Lezhneva, Kristian Adams, Renato Dolcini, Francesca AsciotiIl Pomo d’Oro
Production Théâtre des Champs Elysées
Un excellent chef qui attire l’attention, une distribution très solide, un ensemble orchestral en vue, et une œuvre qui n’est pas l’une des plus connues de Haendel, créée à Londres en 1734. C’est un « pasticcio » fait de bric et de broc, d’airs précédents extraits d’autres œuvres, qui raconte l’histoire d’Iphigénie en Tauride.
Tous les ingrédients sont réunis pour une soirée réussie.
20 Novembre 2020
Claudio Monteverdi, I combattimento di Tancredi e Clorinda, Dir: Andrea Marcon, avec Magdalena Kožená
Lacetra – Barockorchester Basel
Production Théâtre des Champs Elysées
Un nom du chant, Magdalena Kožená, un grand nom de la musique baroque, le chef Andrea Marcon, originaire de Trévise, qui est le directeur musical de Lacetra – Barockorchester Basel, dans Monteverdi, que Kožená a déjà chanté avec l’ensemble.
Soirée solide.
23 Novembre 2020
Jules Massenet, Werther, Dir: Daniele Rustioni avec Sir Simon Keenlyside, Stéphanie D’Oustrac, Jean-Sébastien Bou, Florie Valiquette, Marc Barrard
Orchestre de l’Opéra national de Lyon
Coproduction Théâtre des Champs Elysées/Opéra National de Lyon
Nous avons déjà signalé ce concert dans les pages dédiées à la programmation lyonnaise et son originalité vient de l’utilisation de la version pour baryton (Sir Simon Keenlyside en Werther) avec la Charlotte de Stéphanie d’Oustrac. Belle soirée en perspective.
9 décembre 2020
Antonio Vivaldi, L’Olimpiade Dir: Jean Christophe Spinosi, avec Riccardo Novaro, Ambroisine Bré, Benedetta Mazzucato, Chiara Skerath, Carlo Vistoli etc…
Ensemble Matheus
Production Théâtre des Champs Elysées
Un Vivaldi assez connu une distribution séduisante (Carlo vistoli, Chiara Skerath), mais je ne suis pas très spinosiste (avec un s).
27 janvier 2021
W.A. Mozart, Così fan tutte, Dir: Giovanni Antonini avec Julia Kleiter, Emöke Barath, Sandrine Piau, Michael Spyres, Vittorio Prato
Kammerorchester Basel, Basler Madrigalisten
Production Théâtre des Champs Elysées
Est-il besoin d’un Cosi fan tutte dans une programmation qui contient déjà tant de titres rebattus ou qu’on peut voir encore assez souvent. Celui-ci n’est pas dépourvu d’intérêt, car il est dirigé par Giovanni Antonini avec un trio de dames très intéressant, le Ferrando de Michael Spyres et le Guglielmo de Vittorio Prato, un bon chanteur un peu moins connu que les autres.
16 mars 2021
Giuseppe Verdi, Un Ballo in maschera, Dir: Mirga Gražinité-Tyla avec Mary-Elisabeth Williams, Bongiwe Nakani, Simone Piazzola, Matteo Lippi
City of Birmingham Symphony Orchestra & Chorus Production Théâtre des Champs Elysées.
C’est un produit tout ficelé qui vient de Birmingham qui permet d’entendre la cheffe Mirga Gražinité-Tyla et une distribution peu connue sinon Simone Piazzola en Renato.
C’est l’un des opéras les plus difficiles à réussir de Verdi, et c’est donc risqué de le livrer au public sans la scène…
23 mars 2021
Henry Desmarest, Didon Dir: Hervé Niquet avec Véronique Gens, Reinoud von Mechelen, Thomas Dollé, Marie Perbost, Judith van Wanrooij, Marie Gautrot etc…
Orchestre et chœurs du Concert Spirituel Production Théâtre des Champs Elysées, Le Concert Spirituel, Centre de musique baroque de Versailles
Excellente initiative que de travailler avec le Concert spirituel pour une œuvre peu connue d’un compositeur post lullyste, mais c’est justement le rôle de cette série d’ opéras donnés en concerts de proposer quelques titres sortant des sentiers battus.
7 avril 2021
Richard Wagner, Parsifal, Dir: Franz Welser-Möst avec Brandon Jovanovich, Anja Kampe, Günther Groissböck, Derek Welton, Sir Simon Keenlyside,
Chor der Bayerischen Staatoper
Bayerische Staatsorchester Production Théâtre des Champs Elysées
Parallèlement aux représentations munichoises, la Bayerische Staatsoper s’offre une virée parisienne, très belle distribution, et chef de prestige, même si l’on aurait préféré Petrenko, occupé hélas ailleurs…
8 avril 2021
Vincenzo Bellini, I Puritani, Dir: Giacomo Sagripanti, Jessica Pratt, Xaber Anduaga, Gabriele Viviani, Krzysztof Bączyk etc…
Orchestre de Chambre de Paris, Ensemble Aedes Production Théâtre des Champs Elysées
Une fois de plus, était-il besoin (cf la prod.scénique de Sonnambula) de reproposer un titre qu’on voit assez souvent, la moitié des Bellini ne sont jamais proposés. La distribution offre le plaisir d’entendre la pyrotechnique Jessica Pratt et le ténor qui ne cesse de monter, Xaber Anduaga. Mais c’est bien inutile…
10 avril 2021 G.F.Haendel, Tamerlano, Dir: Harry Bicket, avec Bejun Mehta, Michael Spyres, Avery Amereau, Jakub Józef Orliński etc…
The English Concert
Production Théâtre des Champs Elysées
Après Oreste peu connu, un Haendel assez souvent proposé, avec une distribution il faut bien le dire, remplie d’étoiles du genre, Bejun Mehta, Michael Spyres, Jakub Józef Orliński : combats de ténors et contre ténors qui attirera la foule des amateurs.
11 mai 2021 Richard Strauss, Capriccio, Dir : Christian Thielemann avec Krassimira Stoyanova, Christoph Pohl, Daniel Behle, Nikolay Borchev, Georg Zeppenfeld, Christa Mayer
Staatskapelle Dresden
Production Théâtre des Champs Elysées
Comme avec la Bayerische Staatsoper, la Semperoper de Dresde arrive à Paris avec une production en cours, personne ne manquera Thielemann dans son répertoire de prédilection, et une distribution brillante, dominée par Krassimira Stoyanova et Georg Zeppenfeld, et avec les excellents Daniel Behle, Nikolay Borchev et Christa Mayer.
Fin de saison sous le signe de l’opérette ou de l’opéra-comique
30 juin 2021
Charles Lecocq, La Fille de Madame Angot, Dir : Sébastien Rouland avec Anne-Catherine Gillet, Véronique Gens, Mathias Vidal, Yann Beuron, etc…
Orchestre de Chambre de Paris
Coproduction TCE, Palazzetto Bru Zane, Orchestre de Chambre de Paris
Une des grandes œuvres de l’opéra-comique français un peu disparue des scènes, et c’est dommage. Distribution particulièrement brillante d’une palette de chanteurs français parmi les meilleurs aujourd’hui.
1er Juillet 2021
Jacques Offenbach, La belle Hélène Dir : Alexandre Bloch avec Michèle Losier, Pauline Texier, Cyrille Dubois, Marc Barrard, Eric Huchet etc…
Coproduction TCE, Les Grandes voix
Orchestre National de Lille, Chœur de Chambre de Namur
Cet Offenbach-là ne mérite-il pas plutôt une version scénique ? Michèle Losier dans la belle Hélène, avec Cyrille Dubois, et surtout le jeune et excellent Alexandre Bloch en fosse, ce devrait être stimulant.
Oratorios Nous passerons en revue rapidement le reste de la programmation vocale
Du point de vue des oratorios sont au programme=
7 décembre 2020
F.J.Haydn, Les Saisons, Dir : Emmanuelle Haïm, Orchestre et chœur Le Concert d’Astrée
18 et 19 décembre 2020
L.v.Beethoven, Missa Solemnis, Dir : Andrés Oroczo-Estrada, Orchestre National de France, Chœur de Radio France
9 Janvier 2021
Marc-Antoine Charpentier, Te Deum, Dir : Sebastien Daucé,
Ensemble Correspondances,
8 février 2021
Johannes Brahms, Ein deutsches Requiem, Dir: Thomas Hengelbrock, Balthasar-Neumann-Ensemble, Balthasar-Neumann-Chor
17 mars 2021
Giovanni Battista Pergolesi, Stabat Mater, Dir: Emmanuelle Haïm, Le Concert d’Astrée
18 mars 2021
J.S.Bach, Passion selon Saint Matthieu, Dir : Mark Padmore, Orchestra of the Age of Enlightenment , Chor oft he Age oft he Enlightenment
25 mars 2021
J.S.Bach, Passion selon Saint Jean, Dir: Louis-Noël Bestion de Camboulas, Ensemble les Surprises
2 avril 2021 W.A.Mozart, Messe du Couronnement, Dir : Jean-Christophe Spinosi, Ensemble Matheus, Chœur de Chambre Melisme(s)
3 mai 2021
J.S.Bach, Magnificat, Dir : Jean-Christophe Spinosi, Ensemble Matheus, Chœur de Chambre Melisme(s)
18 juin 2021
W.A.Mozart, Requiem, Dir : Julien Chauvin, Le concert de la Loge, Chœur de Chambre de Namur
Les distributions sont attirantes, les titres sont pour la plupart de grands hits (si je ne me trompe, le TCE affiche deux Requiem de Mozart différents cette saison, l’autre faisant partie de la programmation du dimanche matin), et propose une grande partie de l’offre en version sur instruments anciens avec des ensembles spécialisés. Exception, la Missa Solemnis, par le National, et dirigée par le néo-chef du Wiener Symphoniker, l’autrichien d’origine colombienne Andrés Oroczo-Estrada. Notons aussi le Deutsches Requiem de Brahms confié aux forces du Balthasar-Neumann Ensemble, et à leur chef historique, Thomas Hengelbrock, dans un répertoire qui n’est pas le leur et avec sans doute une couleur particulière.
Récitals vocaux
28 septembre 2020
Sabine Devieilhe, soprano, Alexandre Tharaud, piano
1er octobre 2020
Viva Vivaldi, Dir : Julien Chauvin, Le concert de La Loge, avec Philippe Jaroussky, Emöke Barath, Lucile Richardot, Emiliano Gonzales Toro
16 novembre 2020
Mozart, Rossini, Donizetti, Bellini, Dir : Francesco Ivan Ciampa, Orchestre de Chambre de Paris, avec Karine Deshayes, Rachel Willis-Sørensen, Erwin Schrott
18 novembre 2020
Philippe Jaroussky, contre-ténor, Ensemble Artaserse
6 décembre 2020
Noël avec Jonas Kaufmann, ténor, Dir : Jochen Rieder, Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz
8 décembre 2020
Sumi Jo, soprano
12 décembre 2020
Jakub Józef Orliński, contre-ténor, Il Pomo d’Oro
11 janvier 2021
Lisette Oropesa, soprano, Aya Wakizono, mezzosoprano, Dir : Simone Di Felice, Orchestre National d’Auvergne
21 janvier 2021
Michael Spyres, ténor, Lawrence Brownlee, ténor, Dir : David Stern, Opera Fuoco
10 Février 2021
Olga Peretyatko, soprano, Karine Deshayes, mezzosoprano, Dir : Riccardo Frizza, Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
5 mars 2021
Jodie Devos, soprano, Dir : Julien Chauvin, Le Concert de la Loge
6 Avril 2021
Patrizia Ciofi, soprano, Lea Desandre, mezzosoprano, Anthea Pichanick, contralto Dir : Thibault Noally, Les Accents
2 mai 2021
Sonya Yoncheva, soprano, Dir : Wolfgang Katscher Ensemble Lautten Compagney Berlin
19 mai 2021 Pretty Yende, soprano, Benjamin Bernheim, ténor, Dir: Sascha Goetzel, Orchestre de Chambre de Paris
25 juin 2021
Philippe Jaroussky, contre-ténor, Emöke Barath, soprano, Ensemble Artaserse
28 juin 2021
Elsa Dreisig, soprano, Dir: Alexander Janiczek, Orchestre de Chambre de Bâle
2 & 3 juilet 2021 La folle soirée de l’opéra, Orchestre National d’Île de France
Cette programmation, remplie de noms alléchants, dont certains reviennent plusieurs fois (Philippe Jaroussky dans trois soirées différentes par exemple).
Elle répond à sa manière à ce qu’est la crise du récital en France (et ailleurs). La forme de récital de mélodies et de Lieder avec piano n’attire plus les foules, et il faut inventer des programmes différents, avec orchestre, ou avec des thématiques, ou à plusieurs, pour rompre la malédiction et essayer d’attirer le public. Ainsi dans cette programmation toutes les formes possibles semblent être proposées. La qualité de l’offre n’est pas en cause, mais simplement on évite de se confronter à la question du récital traditionnel.
Il reste que le public viendra, et c’est là l’essentiel
Conclusion Certes, la question du public est essentielle au TCE. Il est indispensable que l’offre attire suffisamment de public pour équilibrer un budget qui n’est pas extensible et que le sera moins encore la saison prochaine, avec la crise que connaissent et que vont connaître les institutions musicales. On pourrait à propos de la saison veiller à la gestion d’agenda, il y a des mois très chargés (décembre), des semaines où se succèdent des spectacles alléchants quasiment au quotidien et d’autres moments plus creux. Tout en sachant que la question de l’agenda ne dépend pas que du théâtre, notamment parce que tous les orchestres et les artistes sont invités la plupart du temps dans le cadre de tournées, certains moments m’apparaissent un peu déséquilibrés et il sera difficile au public de voir deux ou trois concerts la même semaine.
On peut déplorer les titres rebattus, et l’absence de ligne programmatique claire, et d’un autre côté, on sait qu’un programme raffiné n’est pas forcément prometteur de public. Ce type d’institution ne peut trop jouer le risque sur une offre excessive de répertoires moins connus.
Tout de même, on pourrait notamment dans les titres d’opéras en concert, organiser au moins quelques regroupement thématiques autour d’auteurs, de genres, de répertoires (on se souvient qu’Hirsch avait organisé une saison russe en son temps) sur quatre ou cinq soirées, qui ne risqueraient pas de nuire à la venue du public et qui donneraient une couleur à une saison qui n’a de couleur que celle d’un kaléidoscope chic.
La qualité singulière des soirées n’est pas en cause, les choix de distribution sont plutôt séduisants, il y a des programmes qui vont attirer les foules ( par exemple la Bayerische Staatsoper, ou la Semperoper), et le niveau est plutôt enviable. Il reste que l’imagination n’est pas au pouvoir, mais plutôt la conformité un peu trop sage. Les possibilités multiples offertes par ce magnifique théâtre en matière de programmation ne sont pas accompagnées par une recherche minimale de nouveaux chemins, ou de singularité, d’autant plus nécessaire que la concurrence à Paris est forte, et qu’on va vers des orages non désirés.