OPÉRA NATIONAL DU RHIN 2012-2013: DER FERNE KLANG /LE SON LOINTAIN de Franz SCHREKER le 19 octobre 2012 (Dir.Mus : Marko LETONJA, Ms en scène : Stéphane BRAUNSCHWEIG)

Acte II © ONR Alain Kaiser

A écouter cette musique, sa luxuriance, son inventivité, sa diversité, sa manière s’associer d’autres styles, d’autres sons, on se demande comment Schreker a pu tomber dans l’oubli après avoir été l’un des compositeurs à succès des années de guerre (la première)  et des années folles. La manière dont le monde de la musique traitait les juifs (son père s’était pourtant converti au luthéranisme), la manière dont les nazis ont traité les auteurs dits “dégénérés” expliquent-elles tout? Peut-être aussi des rivalités entre auteurs à succès ont-elles profité à Richard Strauss plutôt qu’à Franz Schreker, qui pourtant lui disputait la première place. Car on se demande bien comment Strauss a pu dominer le monde de l’Opéra et Schreker disparaître totalement du paysage lyrique, après son décès, après la guerre (la seconde) pour ne réapparaître que de manière épisodique dans les programmes, et encore plus dans les enregistrement, alors que mes deux expériences de ce début de saison, Amsterdam il y a un mois (Der Schatzgräber, voir le compte rendu) et Strasbourg ce dernier week-end ( Der ferne Klang/le Son lointain), sans compter  Die Gezeichneten (les Stigmatisés) il y a quelques années, toujours à Amsterdam sont à chaque fois des chocs musicaux: il y a de quoi ravir des générations de spectateurs dans cette musique souvent enivrante et dans ces histoires d’une violence, d’une urgence et d’une tristesse infinie.

Der ferne Klang, créé à Francfort le 18 août 1912, est le résultat d’une longue gestation, puisque le livret fut terminé en 1903, et que Schreker abandonna la composition de l’œuvre pour la reprendre après 1905 et la terminer en1910. Le livret en trois actes raconte la relation entre Fritz, un compositeur à la recherche d’un “son lointain”, qui serait la clef de son œuvre, et la jeune Grete, d’une famille ruinée par le père ivrogne. Trois actes, trois moments d’une relation entre l’artiste à la recherche d’un absolu du son, et la jeune fille qui après avoir abandonné sa famille, se retrouve “cocotte” à succès dans un établissement vénitien, puis prostituée au troisième acte.

Acte I Livia Budai, Helena Juntunen © ONR Alain Kaiser

Au premier acte, Fritz abandonne Grete au nom de sa recherche d’absolu sonore, pensant que son amour troublera cette recherche. Au second acte, il n’a toujours rien trouvé, mais retrouve Grete, et la repousse, horrifié de connaître sa vie dissolue, lui dont les conceptions restent d’un conformisme étroitement petit bourgeois. Au troisième acte, il vient de subir un échec de son opéra “La Harpe”, deux actes à succès, troisième acte raté, justement incapable de cette innovation sonore que serait le “son lointain”. Retrouvant Grete, il comprend qu’il y a un indissoluble lien entre ce son et l’amour, et que toute sa vie a été ratée pour l’avoir ignoré, Grete retourne à lui en lui pardonnant . Il meurt dans les bras de son aimée, ayant retrouvé et l’aimée et le son, mais sans réussir à modifier son opéra et à le terminer par sa trouvaille sonore.
Terrible histoire d’égoïsme et d’aveuglement d’un côté, de déchéance de l’autre. La jeune Grete n’a cependant rien d’une oie blanche, c’est une jeune fille autonome, décidée, qui sait parfaitement ce qu’elle veut. Sa vie bascule dès le premier acte quand elle rencontre une vieille dame, sorte de mère maquerelle qui va la prendre en charge, mais elle va assumer les méandres de son destin, son goût de la sensualité, sa vie perdue et ses regrets par rapport à Fritz. Une Lulu avant l’heure, face à un Fritz un peu en retrait, sans conscience de la valeur des choses, et en perpétuel aveuglement égoïste, pensant trouver l’art en soi, alors que c’est dans la relation à l’aimée qu’il avait à se construire.

Acte I © ONR Alain Kaiser

De cette histoire complexe, avec une foule de personnages (les chanteurs tiennent des doubles ou triples  rôles ), notamment au deuxième acte, Schreker a tiré une musique riche, charnue, ouverte aux styles divers, de la musique tzigane aux prémisses du jazz, rappelant Strauss bien sûr, mais aussi quelquefois Mahler, ressemblant à du Puccini (mais moins, beaucoup moins que Der Schatzgräber) une musique complexe, très construite, avec de vraies trouvailles, sur plusieurs plans – l’opéra dans l’opéra, au loin, au IIIème acte- ne tombant jamais dans la facilité, où évidemment la direction d’orchestre est déterminante, tant l’instrumentation et la couleur jouent un rôle essentiel. Vocalement, les deux rôles principaux doivent être tenus par un ténor qui ait dans la voix Belmonte de Entführung aus dem Serail, Walther des Meistersinger, et Lohengrin, et un soprano lyrico-spinto qui pourrait une belle Arabella pour la suavité, et une Rusalka par la largeur mais aussi la poésie. Beaucoup de voix de basse et de baryton dans le reste de la distribution, et un joli ténor lyrique pour le rôle du Chevalier.
Stéphane Braunschweig a opté pour une lecture plutôt sage, qui privilégie une vision épurée, souvent suggestive, sans véritablement entrer dans le drame, restant aux frontières de l’onirique, choisissant d’illustrer plutôt que d’analyser. L’intrigue complexe est plutôt clairement dessinée, les ambiances et les décors (de Braunschweig aussi) sont peut-être plus frappants que l’entreprise de mise en scène, et jolis costumes de Thibault Vancraenenbroeck.

Acte I © ONR Alain Kaiser

Au premier acte, la forêt de quilles vertes dans laquelle Grete se perd (qui rappelle que son père l’a jouée aux quilles pour la livrer à l’un de ses acolytes) sur fond d’une dune de gazon rouge non seulement est une vision magnifique, mais donne à l’œuvre une couleur onirique qui sied à ce conte triste. Au second acte, la dune rouge devient protagoniste, et Venise n’est évoquée qu’à travers les plots noirs et blancs et peut-être, les masques de poisson portés par les hommes.

Acte II © ONR Alain Kaiser

Une atmosphère un peu rêvée, qui pourrait être celle de l’acte de Giulietta des Contes d’Hoffmann, où d’une fête chez Lulu. Jolie gestion des mouvements, des groupes, des attitudes, et en même temps  absence singulière de ressorts dramatiques, comme si le drame passait en effleurant les protagonistes, et en premier lieu Grete.

Le troisième acte, qui rappelle le premier (mur noir avec une entrée des artistes de l’opéra) est un défilé de  de clients présents ou passés de la prostituée Tini (Grete), de fantômes du passé (Vigelius), puis la scène finale représente Fritz chez lui, assis dans son fauteuil, méditant sur le destin de sa musique et son propre destin, pendant que la prostituée Tini/Grete se présente à lui vêtue comme la jeune fille du premier acte, enfin prête à poursuivre la relation entamée tant d’années auparavant, pendant qu’en même temps Fritz comprend enfin que l’amour est ce qui lui a toujours manqué, et qu’il a abandonné dès le début de l’œuvre.

Acte III © ONR Alain Kaiser

Ce troisième acte est sans doute le plus émouvant musicalement, et l’économie de gestes de la mise en scène sert ici l’émotion. Il reste que cette musique complexe méritait aussi plus grande complexité dans la lecture, qui reste une élégante illustration, mais en aucun cas une lecture dont la complexité et l’épaisseur puisse se construire en écho à la musique. Spectacle élégant, esthétiquement soigné, mais qui ne dit pas grand chose sur l’œuvre.
La distribution est très homogène,  et tous les rôles sont tenus de manière très honorable. Citons notamment le Graumann de Martin Snell, le très bon Dr Vigelius de Stephen Owen, la mère de Teresa Erbe, l’excellent Stanislas de Barbeyrac qui donne une très belle preuve de talent dans l’air des fleuristes de Sorrente et le Comte émouvant et très juste de Geert Smits.  Seule Livia Budai dans la vieille a une voix qui fut mais qui n’est plus (que de problèmes de justesse).
Helena Juntunen, chante avec engagement et présente un personnage à la fois juvénile et mur, très émouvante, intense, investie. La voix n’est sans doute pas suffisamment large pour remplir toutes les exigences du rôle et elle a quelquefois du mal à monter à l’aigu (quelques notes pas très propres, quelques moments tendus), mais dans l’ensemble, elle tient la scène, même quand l’orchestre la couvre . Tout comme Will Hartmann, annoncé souffrant, qui ménage sa voix pour tenir la distance (il est cependant moins présent sur scène que sa partenaire). Timbre  agréable, voix bien posée, bien projetée (la salle n’est pas si grande), et diction impeccable, d’une clarté cristalline. On sentait que la voix n’était pas au mieux, sans pourtant que la prestation n’en souffrît trop.
Dans une salle aux dimensions moyennes comme celle de Strasbourg, l’orchestre, important, prend immédiatement un volume énorme, quelquefois les voix sont couvertes, mais pas souvent, et Marco Letonja, nouveau directeur du Philharmonique de Strasbourg a réussi à rendre à cette partition sa présence, son intensité, sa brillance. L’orchestre est remarquable de précision, tous les pupitres s’entendent (bravo aux harpes très sollicitées), chatoyance, couleur, contrastes, énergie, font de l’orchestre ce soir le véritable protagoniste, et s’il fallait découvrir cette musique, le spectateur est particulièrement chanceux d’avoir eu ce chef et cet orchestre pour l’y aider. Enfin, le chœur de l’Opéra du Rhin, dirigé par Michel Capperon est de très bon niveau, avec une note particulière pour les femmes, dont le second acte est tout à fait extraordinaire: car Schreker ne cesse de multiplier les plans musicaux, comme des images de cinéma, très dynamiques, faisant alternativement passer des phrases de premier au second plan, faisant surgir des moments surprenants (les tziganes) ou passant du chanté au parlé sans rupture.
Au total, il faut évidemment aller voir ce spectacle, création en France après 100 ans! Je ne sais même pas d’ailleurs si ce n’est pas aussi la première représentation scénique d’un opéra de Schreker. On manquerait quelque chose à ne pas découvrir cette musique, dont on ne peut qu’espérer une renaissance, telle un Phénix, tant elle recèle de surprises, de hardiesses, tant elle se laisse écouter, tant elle appelle le succès. A quand l’entrée de Schreker au répertoire de l’Opéra de Paris? Allez, deux heures vingt de TGV et tout parisien est à portée de train de Strasbourg: ce son lointain ne l’est pas tant.

Acte I © ONR Alain Kaiser

OPERAS EN EUROPE 2011-2012 (1): SPECTACLES A RETENIR – BRUXELLES, AMSTERDAM, STRASBOURG, ZÜRICH, BÂLE, MUNICH

Si l’offre locale ne vous suffit (satisfait)  pas, si vous en avez la possibilité, ou si vous prévoyez un seul voyage en Europe pour voir l’opéra de vos rêves, ce petit résumé des spectacles qui m’apparaissent intéressants peut vous aider, ou même simplement nous faire tous rêver. J’ai évidemment mes préférences, Berlin, Munich, Amsterdam, Bruxelles…mais si le blog n’est pas une affaire de goût, alors inutile d’en créer un!!
Se reporter aux articles sur les saisons pour la Scala, Paris, Lyon.

1) Les spectacles qui m’attirent

BRUXELLES

Le Théâtre de la Monnaie a été élu Maison d’opéra de l’année par Opernwelt dans son édition annuelle “Jahrbuch 2011”.
Les curieux peuvent aller voir le très rare Oedipe, de Georges Enescu, (22 octobre- 6 novembre) dir.mus Leo Hussain et mise en scène Alex Ollé de la Fura dels Baus. Mais comme c’est une coproduction avec l’Opéra de Paris, on va bientôt le voir sur les rives de la Seine.
Deux spectacles m’attirent tout particulièrement pour des raisons différentes,

Rusalka, mise en scène Stefan Herheim, dir.mus Adam Fischer, l’une des plus belles productions de ces dernières années en Europe, à voir absolument (et à revoir ) encore plus si vous ne connaissez pas Stefan Herheim. J’irai pour sûr la revoir. C’est  du 6 au 13 mars, avec deux distributions en alternance et c’est A NE PAS MANQUER.

Il Trovatore, mise en scène, Dimitri Tcherniakov, dir.mus. Marc Minkowski. Certes, je ne suis pas loin de là un fan de Minkowski, certes, la distribution ne m’enthousiasme pas (Poplavskaia…), mais il y a Tcherniakov, et surtout, Il Trovatore, qu’on ne voit presque plus sur les grandes scènes tant c’est difficile à réussir, c’est mon opéra chéri de Verdi. Toute nouvelle production de Trovatore est bonne à prendre, et celle-là offre au moins une mise en scène qui devrait être intéressante.

A signaler aussi dans la saison, en décembre, une Cendrillon de Massenet mise en scène par Laurent Pelly et dirigée par Alain Altinoglu

AMSTERDAM

Comme d’habitude une belle saison à l’Opéra d’Amsterdam avec des titres alléchants (Elektra, Don Carlo (avec M.Petrenko en Philippe II) , Deidamia, Il turco in Italia et d’autres. J’en retiens un que je veux absolument voir , c’est

Kitège (La Légende de la ville invisible de Kitège et de la demoiselle Fevronia, et soyons pédants  “Сказание о невидимом граде Китеже и деве Февронии”) de Rimski Korsakov. On ne donne pas suffisamment d’œuvres de Rimski Korsakov en Europe occidentale, j’ai vu il y a longtemps à Reggio Emilia “Le conte du tsar Saltan” (d’où est extrait le très fameux Vol du Bourdon), ce fut un enchantement, dans une mise en scène sublime de Luca Ronconi. On appelle Kitège quelquefois le Parsifal russe, l’oeuvre est très poétique, et mérite vraiment d’être connue. Puisque c’est l’occasion, j’irai pour sûr, d’autant que la mise en scène est de Dimitri Tcherniakov (encore lui!) et la direction du nouveau directeur musical du lieu, Marc Albrecht. (8 février-1er mars)

A signaler en outre un Parsifal intéressant en fin de saison, bien distribué (Christopher Ventris, Petra Lang) dans une mise en scène de Pierre Audi, dirigé par Ivan Fischer (12 juin-8 juillet)

STRASBOURG

L’Opéra du Rhin présente des saisons toujours intéressantes ces dernières années (rappelons le Ring mis en scène par David McVicar) et cette année, je retiens deux spectacles:

Les Huguenots, de Meyerbeer, mise en scène, Olivier Py, dir.mus, Daniele Callegari avec une belle distribution (Mireille Delunsch, Laura Aikin, Karine Deshayes). Cette production présentée l’an dernier à Bruxelles a fait exploser les Thalys du dimanche, gageons qu’elle fera exploser cette fois les TGV-Est. Oeuvre très rare désormais, difficile et lourde à monter et à distribuer. Meyerbeer ne fait plus recette, et c’est un peu dommage. (14-28 mars à Strasbourg et 13-15 avril à Mulhouse)

Farnace, d’Antonio Vivaldi . je ne suis pas un fou de répertoire baroque, mais j’aime beaucoup Vivaldi, et surtout qu’à Strasbourg, c’est Diego Fasolis qui dirigera et Lucinda Childs qui assurera chorégraphie et mise en scène. Diego Fasolis est un chef suisse (organiste) de plus en plus réclamé notamment pour ce type de répertoire . Quant à Lucinda Childs, inutile de la présenter. Belle opération en perspective. (18-28 mai à Strasbourg et 8-10 juin à Mulhouse)

ZÜRICH

L’Opernhaus Zürich change de mains, puisque Alexander Pereira part à Salzbourg et qu’arrive de Berlin Andreas Homoki. Les saisons de Zürich sont toujours très variées allant vers tous les répertoires, et tous types de mise en scène, avec des productions souvent soignées, les productions wagnériennes de ces dernières années furent souvent des références. Aussi, ne sera-t-on pas étonné si j’ai choisi de voir à Zürich:

Die Meistersinger von Nürnberg (22 janvier-18 février), mise en scène: Harry Kupfer, dir.mus. Daniele Gatti. De Kupfer le dernier Tannhäuser (à Zürich justement) ne m’a vait pas déplu, et je suis curieux d’entendre Gatti après son très beau Parsifal (à Bayreuth, mais aussi à Zürich dont il est directeur musical). Mais ce qui m’intéresse au plus haut point c’est une belle distribution dominée par Michael Volle, que je tiens comme le plus grand baryton-basse wagnérien actuel, qui avait fait à Bayreuth un extraordinaire Beckmesser et à Zürich un Wolfram anthologique, qui laisse loin derrière tous ceux que j’ai entendus avant et depuis. Rien que pour lui je ferais le voyage, alors si on ajoute Salminen, et Juliane  Banse, voilà d’excellentes raisons de se précipiter à Zürich.

Mais il y en a au moins quatre autres (parmi un vaste choix):

Palestrina, de Pfitzner, populaire en Allemagne, mais rarissime en France, en décembre 2011-janvier 2012 (10 décembre-12 janvier), dirigé par l’excellent Ingo Metzmacher -un des grands chefs allemands qu’on ne voit jamais en France…)- dans une mise en scène de Jens-Daniel herzog, dont j’avais vu il y a quelques années Königskinder de Humperdink avec Jonas Kaufmann (et Metzmacher aussi) toujours à Zürich. Belle distribution, et donc spectacle à ne pas rater.

Otello ossia il Moro di Venezia de Rossini, l’autre Otello, une occasion d’entendre Cecilia Bartoli dans un théâtre dont la salle est adapté à sa voix, et les excellents John Osborn dans le rôle titre et Javier Camerana dans Rodrigo, dans une mise en scène de Patrice Caurier et Moshe Leiser et une direction musicale  de Muhai Tang, l’ex-chef du Zürcher Kammerorchester. On pourra aussi voir la Bartoli dans une reprise du Comte Ory, même équipe pour la mise en scène et la direction (fin décembre 2011).

Don Carlo, en mars, dirigé par Zubin Mehta et mis en scène par Sven Eric Bechtolf (le metteur en scène du Ring viennois (4 mars-9 avril), avec Anja Harteros, Vesselina Kassarova, Matti Salminen et Fabio Sartori ce qui n’est pas une mauvaise distribution, loin de là: Salminen est encore un très grand chanteur. On ne dédaigne pas un Don Carlo, mais il y a une forte concurrence pas bien loin de Zürich

Le Prince Igor, de Borodine. Encore une œuvre peu donnée qui bénéficie de la direction de Vladimir Fedosseyev et d’une mise en scène de David Pountney (15 avril 2012-29 avril 2012), avec une distribution de bon niveau (Egils Silins, Olga Guryakova), une raerté à ne pas manquer.

Comme on le voit, le voyage à Zürich pourrait devenir une habitude tant le répertoire et varié et les productions attirantes.

BÂLE

Le Theater Basel  n’est pas à négliger (il fut lui aussi désigné récemment Théâtre de l’année par Opernwelt)  si vous êtes ouverts aux mises en scènes décoiffantes et au regietheater, la plupart des productions sont faites avec la troupe locale, de qualité en général avec quelques invités. On y voit souvent de très intéressantes productions de Christoph Marthaler (on se rappelle de la Grande Duchesse de Gerolstein). Cette année je vais sans doute faire le déplacement pour une Carmen qui promet.

Carmen: mise en scène Calixto Bieito, dir.mus. Gabriel Feltz (du 18 décembre 2011 au 10 juin 2012) avec Tanja Ariane Baumgartner, Svetlana Ignatovich, Solenn’ Lavanant-Linke, Agata Wilewska, Karl-Heinz Brandt, Eung Kwang Lee. J’avais vu dans ce même théâtre un Don Carlos en français du même Calixto Bieito qui m’avait impressionné par sa logique et sa justesse malgré son aspect particulièrement provocateur.

Signalons pour les fans de Marthaler un spectacle de théâtre musical (Première le 25 novembre 2011, dernière le 9 avril) Lo Stimolatore Cardiaco Una soluzione transitoria…mise en scène Christoph Marthaler, dir.mus Bendix Dethleffsen/Giuliano Betta.

MUNICH

L’Opéra de Munich est à n’en pas douter l’une des institutions lyriques qui affichent en Europe un des plus hauts niveaux en permanence. C’est là que Kleiber dirigeait le plus souvent, c’est là que l’on a vu les plus belles productions wagnériennes ou straussiennes (un héritage de Wolfgang Sawallisch, qui fut l’âme de cette maison durant des décennies). Aujourd’hui, le directeur musical sortant est Kent Nagano, le futur directeur est Kirill Petrenko, un chef excellent qui devrait diriger le Ring du bicentenaire Wagner à Bayreuth.
Dans les nouvelles productions, c’est incontestablement Der Ring des Nibelungen, dirigé par Kent Nagano qui attire, dans une mise en scène de Andreas Kriegenburg, metteur en scène né à l’est en 1963 (Magdeburg), ex directeur du Thalia Theater de Hambourg et actuel directeur du Deutsches Theater de Berlin, qui compte parmi les grands d’aujourd’hui. Une distribution comprenant des wagnériens désormais éprouvés (on retrouvera Katharina Dalayman en Brünnhilde, Juha Uusitalo en Wotan, Sophie Koch en Fricka) mais aussi  des nouveaux venus ou des prises de rôle (Anja Kampe en Sieglinde, Klaus Florian Vogt en Siegmund, Johan Reuter en Wotan de Rheingold); A suivre sans nul doute! (début en février, puis Walkyrie en mars, puis Siegfried en mai et Götterdämmerung en ouverture du festival de Munich fin juin).

Signalons aussi

Turandot, mise en scène de Carlos Padrissa (La Fura dels Baus) et dir.mus. Zubin Mehta, l’équipe du Ring de Valence/Florence se retrouve avec sa Brünnhilde, la magnifique Jennifer Wilson aborde cette fois la glaciale princesse Turandot. En décembre avec Zubin Mehta, en avril dirigé par Dan Ettinger.

Mais trois reprises m’attirent dont une m’électrise rien qu’à la lecture de la distribution pour lesquelles je vais faire sans doute les 800 km qui me séparent de Munich:

– Don Carlo en janvier (15 janvier 2012-29 janvier 2012) avec la meilleure distribution dont on puisse aujourd’hui rêver: Anja Harteros (Elisabetta), Jonas Kaufmann (Don Carlo), René Pape (Philippe II), Marius Kwiecen (Posa), Anna Smirnova (Eboli). Pour les parisiens, Marius Kwiecien fut le Roi Roger dans la belle production de l’opéra de Szymanowski mise en scène par Warlikowski . C’est un magnifique baryton qui vient de triompher dans Don Giovanni au MET. Les autres on les présente pas…  Direction Asher Fisch (qui fera la Veuve Joyeuse à paris le mois suivant), qu’importe alors que la production soit une reprise de la mise en scène de Jürgen Rose qui ne brille pas par l’imagination, mais qui garantit quelques images. A NE MANQUER SOUS AUCUN PRETEXTE

Roberto Devereux de Donizetti, pour l’encore si grande et inusable Edita Gruberova, dirigé par Friedrich Haider, dans une mise en scène de Christof Loy (que je n’aime pas beaucoup, voir les Vêpres Siciliennes de Genève) avec Joseph Calleja, très bon ténor qu’on voit plus au MET qu’en Europe. A voir absolument, pour l’œuvre rare et pour la dame…

Parsifal, en avril, pour Pâques comme il se doit  dans une reprise de la mise en scène de Peter Konwitschny (celui qui a fait aussi le Tristan vu en juillet dernier dans cette salle), dirigé par Kent Nagano avec une distribution très alléchante: Waltraud Meier (Kundry), Christopher Ventris (Parsifal), Michael Volle (Amfortas), Stephen Milling (Gurnemanz) Gerd Grochowski (Klingsor)…rien que des très bons…

En bref, entre Munich et Zürich, cela promet de belles virées!

A suivre…Berlin, Vienne, Londres, New York, Florence, Rome etc…

 

2) Le spectacle à ne pas manquer dans cette série à mon avis:

DON CARLO A MUNICH évidemment, en janvier,  si on aime le beau chant!