OPÉRAS EN EUROPE ET AILLEURS 2012-2013 (2) : SPECTACLES A RETENIR – BERLIN

Hier 4 novembre à Berlin, à la Deutsche Oper, à 16h, dernière représentation de la première série de la nouvelle production de Parsifal, dans la mise en scène de Philipp Stölzl, dirigée par Donald Runnicles, avec Klaus Florian Vogt (Clemens Bieber le 12 janvier et Stephen Gould les 29 mars et 1er avril) et Evelyn Herlitzius en Kundry (Violeta Urmana les 29 mars et 1er avril).

Hier 4 novembre à Berlin, à 300m de là sur l’autre trottoir, à la Staatsoper am Schiller Theater, à 15h reprise de Don Carlo, de Verdi dans la production de Philipp Himmelmann, dirigé par Massimo Zanetti, avec René Pape, Tamar Iveri, Fabio Sartori, Ekaterina Gubanova, Alfredo Daza.

Hier 4 novembre à Berlin, à 4 km de là,  derrière Unter der Linden, à la Komische Oper, où l’on joue en allemand, la trilogie de Monteverdi en continu:
– À 11h Orpheus(Orfeo) de Monteverdi, dans la mise en scène de Barrie Kosky, nouveau directeur de la Komische Oper, et dirigé par André de Ridder.
– À 14h30, Odysseus (Il ritorno d’Ulisse in patria) (Barrie Kosky/André de Ridder)
– À 19h, Poppea (L’incoronazione di Poppea) (Barrie Kosky/André de Ridder).

Qu’auriez-vous fait si vous aviez été à Berlin en ce 4 novembre, où l’offre dominicale était exceptionnelle? Voilà bien pourquoi Berlin demande à elle seule, un article spécifique car l’offre est telle, que ce type d’hésitation se répète plusieurs fois dans l’année, sans évidemment compter les concerts à la Philharmonie, au Konzerthaus et les représentations théâtrales au Deutsches Theater, à la Volksbühne, au Berliner Ensemble  à la Schaubühne (tiens, le 4 nov: Un ennemi du peuple, Ibsen, Thomas Ostermeier, la production vue à Avignon cet été…).

La salle du Schiller Theater

Commençons donc par la Staatsoper am Schiller Theater, installée dans ce théâtre des années cinquante, pendant plusieurs années encore, en attendant que la salle et la scène de la Staatsoper am Unter den Linden ne soient agrandies, restaurées, et permettent alternance et accueil du public améliorés. La programmation n’accuse pas de baisse, même si l’accueil de spectateurs est réduit (la salle a 1200 places).
Année Wagner oblige, l’événement de l’année c’est le Ring de Wagner enfin complet dans la mise en scène de Guy Cassiers, en coproduction avec la Scala. En raison des prix prohibitifs de la Scala, mieux vaudra choisir Berlin, d’autant que l’orchestre de fosse, la Staatskapelle Berlin, est plus aguerri sur ce répertoire. On aime Barenboim ou non mais son Wagner a fait date, et à la Staatsoper, Wagner c’est lui. Ce Ring est donc annoncé en trois éditions en mars et avril (23, 24, 27, 31 mars/3, 4, 7, 10 avril/13, 14, 18, 21 avril)  avec plusieurs représentations de Götterdämmerung début mars, d’autres de Walküre et de Siegfried viennent d’avoir lieu en octobre. Dans la distribution, René Pape en Wotan pour Rheingold et Walküre, Juha Uusitalo en Wanderer pour Siegfried, Waltraud Meier en Sieglinde, Waltraute, et même en 2ème Norne (alternant pour ces deux rôles avec Marina Prudenskaia), Irene Theorin (l’Isolde de Bayreuth) en Brünnhilde, Mikhail Petrenko en Fafner, Hunding et Hagen, Peter Seiffert en Siegmund (Christopher Ventris le 24 mars), Lance Ryan et Ian Storey en Siegfried, Ekaterina Gubanova en Fricka, Johannes Martin Kränzle en Alberich, Iain Paterson en Fasolt (Matti Salminen le 13 avril) et Gerd Grochowski en Günther, Peter Bronder en Mime, Anna Larsson en Erda, Marina Poplavskaia en Gutrune début mars et Anna Samuil en avril . Une distribution de très haut niveau, à ne pas manquer, à des prix encore raisonnables.
Autre nouvelle production wagnérienne de la Staatsoper, en mai 2013,  Der Fliegende Holländer, dirigé par Daniel Harding, dans une production de Philipp Stölzl (qui fait Parsifal et Rienzi à l’opéra d’en face, la Deutsche Oper) avec Michael Volle dans le Hollandais et Emma Vetter en Senta (84 ou 66 € la place d’orchestre selon les dates, Paris est à 180…).

Le Schiller Theater

Autres nouvelles productions, tout d’abord La Finta Giardiniera, en novembre décembre 2012, dans une nouvelle version du livret et une mise en scène de Hans Neuenfels (ça va encore gronder!) intitulé Die Pforten der Liebe, dirigé par Christopher Moulds, avec Stephan Rügamer, Joel Prieto, et Annette Dasch et une nouvelle production du Vin Herbé de Frank Martin, mise en scène de Katie Mitchell (Written on Skin à Aix) et dirigé par Frank Ollu, en mai et juin 2013, avec Anna Prohaska et Matthias Klink Citons pour finir le Festival Infektion! pour le nouveau théâtre musical, en juin 2013, avec deux spectacles qui devraient susciter l’intérêt, Aschemond oder the Fairy Queen, de Helmut Oehring sur arrangements de la musique de Purcell dirigé par Michael Boder et Benjamin Bayl ( qui dirigera l’Akademie für Alte Musik de Berlin), mise en scène de Claus Guth, avec rien moins que Marlis Petersen, Bejun Mehta, Topi Lehtipuu, et Roman Trekel et Hanjo de Toshio Hosokawa, commission du Festival d’Aix et coproduction avec la Ruhrtriennale, dans une mise en scène de Calixto Bieito et dirigé par Günther Albers.
Cela pour les premières et les nouvelles productions, mais il y a aussi des reprises de répertoire qui peuvent intéresser les amateurs et les autres, par exemple en décembre, un Rosenkavalier dirigé mais oui, par Sir Simon Rattle, avec Madame en Octavian (Magdalena Kožena), Dorothea Röschmann en Marschallin, Anna Prohaska en Sophie et l’excellent Peter Rose en Ochs, dans une mise en scène de Nicolas Brieger, mais aussi, toujours en décembre, une Bohème (mise en scène Lindy Hume) dirigée du 2 au 22 décembre (sauf le 12) par Andris Nelsons, accompagnant Madame (Kristine Opolais) dans Mimi avec Stephen Costello en Rodolfe et Anna Samuil en Musetta, ou même cette Agrippina de Haendel, mise en scène de Vincent Boussard (La Finta Giardiniera à Aix) et dirigée, mais oui, par René Jacobs, avec entre autres Bejun Mehta, Amex Penda, Dominique Visse, Jennifer Rivera pour trois représentations début mai. On reverra aussi avec plaisir La fameuse Traviata de Peter Mussbach présentée à Aix il y a une dizaine d’années, mais plutôt lors des représentations de juin: Massimo Zanetti dirigera et Christine Schäfer sera Violetta aux côtés de Charles Castronovo en Alfredo. Enfin on pourra découvrir l’opéra de Toshio Hosokawa, Matsukaze, pour trois représentations en février, dirigé par David Robert Coleman mise en scène et chorégraphie de Sasha Waltz avec Barbara Hannigan,  Charlotte Hellekant, Frode Olsen et enfin The Rake’s Progress dirigé par David Robert Coleman dans la production de Krzysztof Warlikowski pour trois autres petites représentations de mars 2013.
On le voit, à des prix plus que raisonnables, on n’a que l’embarras du choix devant des productions très travaillées du point de vue scénique, avec des distributions souvent stimulantes, et rien qu’avec la Staatsoper, on peut déjà comparer cette programmation au bord de la Spree, à celle à laquelle nous avons droit au bord de la Seine. La domparaison est déjà douleureuse, d’un côté idées, variété, nouveauté et de l’autre grisaille et conformisme , et l’on n’a pas encore parcouru la programmation de la maison d’en face, la Deutsche Oper dans sa salle moderne et froide (très années 60)  de 1900 spectateurs.

La Deutsche Oper Berlin

L’opéra lui-même s’est retrouvé être celui de Berlin Ouest pendant les années du Mur,

L’ancien Deutsches Opernhaus Berlin en 1912

mais sa création comme “Opernhaus de Chalottenburg” remonte à 1912, appelé par les nazis Deutsche Opernhaus. Le répertoire y est large, et le directeur musical actuel en est Donald Runnicles.

C’est un autre salle historique, qui concurrence la Staatsoper, l’opéra de Cour, à deux pas du palais impérial, qui fut pendant les années du Mur l’Opéra de Berlin Est.
Aujourd’hui par les hasards de la géographie et des théâtres disponibles de Berlin, les deux institutions bordent la Bismarckstrasse, l’une au numéro 35, l’autre au 110.
La Deutsche Oper a été très marquée par la période où l’intendant était le metteur en scène Götz Friedrich, à qui l’on doit le Ring de la maison, depuis plusieurs dizaines d’années, qui reste le pilier de référence du théâtre dans les beaux décors de Peter Sykora. En cette saison 2012-2013, la Deutsche Oper va présenter tous les opéras de Wagner à son répertoire, et en 2013-2014 deux fois le Ring, une série  en septembre, l’autre aura lieu en janvier 2014. C’est Sir Simon Rattle (qui ne fait pas de jaloux, dirigeant soit au Schiller Theater soit au Deustche Oper) qui ouvrira le premier cycle en septembre tandis qu’en janvier 2014 Donald Runnicles dirigera Rheingold (le 8) , Sir Simon Rattle Die Walküre (le 9), et Donald Runnicles Siegfried (10) et Götterdämmerung le 12 janvier. Dans la distribution, on note le Wotan de Marc Delavan (comme au MET) pour Rheingold et Walküre, et Terje Stensvold pour Wanderer, l’Alberich d’Eric Owens (comme au MET) pour Rheingold et Götterdämmerung, la Brünnhilde d’Evelyn Herlitzius (Walküre) et  de Susan Bullock (pour les deux autres jours), le Siegfried de Lance Ryan pour Siegfried et Götterdämmerung, la Sieglinde de Heidi Melton (hélas, c’était en septembre Eva-Maria Westbroeck), le Siegmund de Peter Seiffert, le Hagen de Hans Peter König, le Hunding de Reinhard Hagen, et  la Fricka de Doris Soffel, toujours vaillante. Notons enfin la Waltraute de Anne-Sofie von Otter. Une distribution plus inégale qu’à la Staatsoper, mais qui reste supérieure à celle de Paris par exemple.
Dans l’ensemble des opéras de Wagner présentés cette année (seul Der Fliegende Holländer est en version concertante présenté à la Philharmonie le 27 mai), rappelons le Parsifal dont il était question au début de cet article, dirigé par Donald Runnicles et avec Klaus Florian Vogt jusqu’à aujourd’hui, Clemens Bieber et Evelyn Herlitzius en janvier et Stephen Gould avec Violeta Urmana en mars, ce qui n’est pas si mal, dans la mise en scène de Philipp Stölzl. Je conseillerais vivement d’aller voir l’une des trois représentations de Rienzi, production du même Philipp Stölzl en janvier prochain (Direction Sebastian Lang-Lessing avec Manuela Uhl dans Irene et Torsten Kerl dans Rienzi. ceux qui sont à Berlin vers le 22 décembre pourront aller entendre Tannhäuser, pour Christian Gerhaher dans Wolfram (seulement en décembre) et les amoureux de Tristan pourront venir en mars écouter Stephen Gould, Violeta Urmana, Hans Peter König (Peter Rose le 23 mars) et Samuel Youn, dans le Tristan und Isolde de Graham Vick dirigé par Donald Runnicles.

Deutsche Oper, la salle

A part cette fête wagnérienne, il faut reconnaître que la Deutsche Oper qui fête ses 100 ans cette année, ne propose pas des nouvelles productions d’un intérêt majeur, sauf peut-être un Peter Grimes, production de David Alden venue de l’ENO de Londres et dirigée par Donald Runnicles en janvier février avec Christopher Ventris et Micaela Kaune. Même la version concertante le 19 juin 2013 de Attila de Verdi (Pinchas Steinberg au pupitre avec Dalibor Jenis, Erwin Schrott et Liudmyla Monastyrska) n’est pas si stimulante, quant à Lucrezia Borgia en version concertante le 27 avril 2013 dirigée par Andriy Yurkevych, c’est une version pour nostalgiques avec Edita Gruberova entourée du très bon Alex Esposito et de Pavol Breslik .
Dans les reprises, il y aurait bien Les Troyens (mise en scène David Pountney) dirigés par Donald Runnicles, avec Ildiko Komlosi en Cassandre et Elina Garanca en Didon, mais la perspective de l’Enée d’ Endrik Wottrich est inquiétante, sinon impensable.
Pour le reste, beaucoup de Verdi de répertoire avec des distributions de répertoire, desquelles je tirerai un Otello avec Peter Seiffert, Lucio Gallo, Adrianne Pieczonka, dans la production d’Andreas Kriegenburg fin février début mars. J’ai noté aussi un Don Giovanni en janvier bien distribué avec Michael Volle dans le rôle titre et Alex Esposito dans son rôle fétiche, Leporello, ainsi que Patrizia Ciofi dans Donna Anna, mise en scène de Roland Schwab et dirigé par Guillermo Garcia Calvo.
Enfin, une Tosca dans la production plus qu’antique de Boreslaw Barlog, dirigée par Donald Runnicles, mais qui fera le plein en février (17,23,28) à cause de la Tosca d’Anja Harteros et du Mario de Massimo Giordano alternant avec Marcelo Alvarez.
Deux vraies raretés pour finir, une reprise de Jeanne d’Arc- Szenen aus dem Leben der Heiligen Johanna, de Walter Braunfels, fin novembre, dans la production de Christoph Schlingensief, dirigée par Matthias Foremny et Le Vaisseau fantôme de Pierre-Louis Dietsch (1808 – 1865) en version concertante dirigée par Enrique Mazzola au Konzerthaus de Berlin avec Laura Aikin.
Une saison contrastée à la Deutsche Oper, qui n’a pas la tenue de celle de la Staatsoper, et dont la force est un répertoire solide, sur lequel s’appuie l’essentiel de la programmation.

La jolie salle de la Komische Oper

Reste la Komische Oper, qui vient de changer de mains: Andreas Homoki a laissé Berlin pour Zürich, et à sa place le metteur en scène échevelé, volontiers provocateur, Barrie Kosky. A la Komische Oper, tout le répertoire présenté est en allemand, et l’on propose aussi bien opéra, opéra comique, opérette, musical:  c’est une salle bien inscrite dans le paysage berlinois, avec un public fidèle et spécifique, notamment originaire de la partie est. C’est aussi le théâtre qui fut de Walter Felsenstein, puis de Harry Kupfer, et qui depuis quelques années a trouvé son chemin au milieu du paysage berlinois en proposant d’autres visions, d’autres voies, plus radicales, plus provocatrices. Sera-ce le prix de la survie, dans une ville endettée, au chômage endémique, où la profusion des opéras est toujours prise comme exemple de gabegie. c’est en tous cas un de mes lieux favoris à Berlin: même si l’on n’y entend que peu de vedettes, c’est presque toujours très respectable musicalement, et souvent particulièrement intéressant scéniquement pour ceux qui aiment les expériences, la nouveauté, et qui n’ont pas trop froid aux yeux.
La programmation (nouvelles productions et reprises) fait une large place à Barrie Kosky (on n’est jamais si bien servi que par soi-même), nouvel intendant et nouveau membre de l’Akademie des Künste (Académie des Arts), mais je commencerai par attirer l’attention sur des reprises qui sont des “must” de la maison, à commencer par Xerxès de Haendel dans la production hallucinante de Stefan Herheim, présentée l’an dernier et qui prend le chemin d’être un des succès énormes de la maison. C’est complet jusqu’à la dernière, le 4 décembre, mais on trouve toujours des places au dernier moment. Comme le système de répertoire réclame beaucoup de soirées à succès (il faut remplir à tous prix), Xerxès sera sans doute repris régulièrement les années prochaines. Le chef, Konrad Junghänel, est un très bon chef pour ce répertoire et les chanteurs sont parmi les meilleurs de la troupe, même s’ils ne sont pas des spécialistes du chant baroque (Stella Doufexis chante aussi bien Haendel que Bizet).

Xerxès de Haendel vu par Stefan Herheim

Stefan Herheim, un de mes metteurs en scènes favoris (on verra ses Meistersinger, production de Salzbourg, à l’Opéra Bastille dans les prochaines années), pose un regard au second degré sur l’opéra baroque à machines avec la complicité de sa décoratrice Heike Scheele: on en a plein les yeux!
Autre reprise qui ne peut que susciter l’intérêt, celle de l’Auberge du Cheval blanc (Im Weißen Rößl) de Ralph Benatzky, dans la version originale pour trois orchestres retrouvée il y a quelques années dont j’ai rendu compte dans ce blog.  Non seulement on y voit une version expurgée de toute influence américaine, mais aussi on y retrouve presque une musique bien proche de Kurt Weill: une opérette berlinoise qui attire tous les publics. A voir dans la mise en scène (réussie) de Sebastian Baumgarten et dirigée par Koen Shoots (4 représentations en décembre janvier).
En novembre, décembre et janvier on trouve également une reprise du très violent Freischütz de Weber, dirigé par Igor Budinstein,  mis en scène par Calixto Bieito qui met Max (Vincent Wolfsteiner) à nu pendant la moitié de la représentation.
L’année comprend aussi des cycles, un cycle Kurt Weill en janvier,  et un cycle Mozart en mai, ainsi qu’un festival fin juin début juillet qui reprend toutes les nouvelles productions de l’année. Dans le cycle Kurt Weill du 18 au 24 janvier, des versions semi-concertantes (Der Kuhhandel, arrangement de Barrie Kosky, dirigé par Antony Hermus), ou des reprises (Sieben Songs/Die sieben Todsünden, mise en scène Barrie Kosky, dirigé par Kristiina Poska avec Dagmar Manzel, vedette de la chanson et de l’opérette berlinoises en janvier février). Enfin, en février mars, l’un des gros succès de la maison, Kiss me Kate de Cole Porter, mise en scène Barrie Kosky et dirigé par Koen Shoots, spécialiste du musical.
Dans le cycle Mozart de mai, notons une reprise du Don Giovanni mis en scène de Peter Konwitschny avec Günter Pappendell, un bon chanteur, en Don Giovanni, la nouvelle production de l’année, Die Zauberflöte, mise en scène…Barrie Kosky (et Susanne Andrade) pour 20 représentations dans l’année depuis novembre dont 5 en mai, dirigée par Henrik Nánási, nouveau GMD de la maison qui succède à l’excellent Patrick Lange, avec le très bon Peter Sonn en Tamino. Barrie Kosky propose aussi une reprise de ses Nozze di Figaro (Die Hochzeit von Figaro), en mai juin, dirigé par Henrik Nánási et de Die Entführung aus dem Serail, déconseillé aux moins de 18 ans, si si, dans la mise en scène de Calixto Bieito et dirigé par Kristiina Poska pour 4 représentations en mai.

Orfeo vu par Barrie Kosky

Dans les nouvelles productions, il faut retenir d’abord la Trilogie Monteverdi, mise en scène par Barrie Kosky (il n’arrête pas!), dans la version de Elena Kats-Chernin,  tantôt jouée en une journée, voir ci-dessus la journée du 4 novembre, tantôt en soirées séparées (direction André de Ridder) qui a été le spectacle d’ouverture de la saison, joué jusqu’ne novembre. Orpheus sera repris en mai, juin, juillet, Ulysse et Poppea seulement pour une soirée début juillet.
Encore en novembre puis fin juin, une version de Lulu de Berg revue et réorchestrée par Olga Neuwirth, American Lulu, en coproduction avec le London Opera Group, dirigée par Johannes Kalitzke et mise en scène par Kirill Serebrennikov.
Fin février et tout mars, (une représentation en avril et une début juillet ) une nouvelle production de Mazeppa de Tchaïkovsky dirigée par Henrik Nánási et mise en scène par Ivo van Hove (Macbeth à Lyon) qui devrait comme toujours à la fois faire polémique et proposer une vision nouvelle de l’œuvre assez rarement jouée et pourtant magnifique.
Enfin, Reinhard von der Thannen, le décorateur habituel de Hans Neuenfels, se lance dans la mise en scène et propose en mars Hänsel und Gretel, dirigé par Kristiina Poska, avec de nombreuses représentations en avril, une en mai, une en juin.
En juin justement, dernière production de l’année, une opérette-jazz spectaculaire créée en 1932 au Metropol Theater (ancêtre de la Komische Oper) à la fin de la république de Weimar renaît après 80 ans, Ball im Savoy du compositeur juif hongrois Paul Abraham, dirigé par Adam Benzwi et avec Dagmar Manzel.
Enfin, je signale aux amoureux de la musique grecque d’aujourd’hui la soirée du 8 avril où l’immense Maria Farantouri, chanteuse fétiche de Mikis Theodorakis, chantera Mikis Theodorakis et le compositeur turc-kurde Taner Akyol, auteur de l’opéra pour enfants Ali Baba et les quarante voleurs (Ali Baba und die 40 Räuber) créée en nouvelle production (en allemand et en turc)  à voir cette année jusqu’à décembre, dirigé par Kristiina Poska , et mis en scène par Matthias Davids.

Bien des choses à voir à Berlin entre novembre et juillet, un peu à la Deutsche Oper, beaucoup à la Staatsoper, et beaucoup aussi à la Komische Oper: il faut essayer de combiner tout cela ou bien prendre un appartement à Berlin en résidence secondaire!

Il reste que la curiosité est bien stimulée, notamment de février à juin. J’avoue, outre le Ring de la Staatsoper, être fortement tenté par l’opérette Ball im Savoy et par Mazeppa, sans compter la Traviata de Mussbach -combinable avec Ball im Savoy en juin). En bref, plusieurs voyages à Berlin s’imposent: par chance Berlin est une ville abordable et les prix de ses théâtres également. Sans doute à choisir parmi toutes les villes européennes, Berlin s’impose comme premier choix pour la qualité, la variété, l’originalité de l’offre et aussi par l’agrément de la ville, l’une des plus ouvertes et agréables en Europe aujourd’hui. Que de choses nous apprennent les scènes berlinoises!
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OPÉRAS EN EUROPE ET AILLEURS 2012-2013 (1) : SPECTACLES A RETENIR – LONDRES, NEW YORK

“Wandern”, randonner à travers les opéras ici et ailleurs est l’activité typique du Wanderer. Même si les saisons sont déjà entamées, il reste suffisamment d’occasions de voyager jusqu’en juin-juillet 2013 pour pouvoir profiter des offres des différentes salles d’opéra en Europe ou ailleurs. J’ai essayé dans mes indications de classer à la fois par aire géographique, mais aussi par “style” de production dans les différents théâtres. Il est clair que les lecteurs curieux de “Regietheater” iront plutôt du côté d’Amsterdam, Madrid, Bruxelles ou Berlin, ceux qui au contraire y sont plutôt réfractaires iront plutôt vers Rome, Valencia, Florence. Ceux qui aiment les grandes distributions avec un spectacle moderne, mais encore sage, iront vers New York ou Londres, et ceux curieux d’œuvres inconnues très liées à un répertoire national chercheront du côté de Budapest, Moscou ou Saint Petersbourg. A chacun ses préférences, mais si l’on va quelque part dans le but de voir un opéra, autant aller vers ce que l’on n’a pas chez soi.

Londres et New York ont en commun de proposer une large palette de productions soignées, modernes mais encore sages, comme je l’ai dit, avec des distributions souvent de très haut niveau. New York cependant est moins regardant sur les chefs, plutôt de solides chefs de répertoire, comme Maurizio Benini ou Marco Armiliato, que des grands chefs de renom international comme Daniele Gatti (qui dirigera tout de même Parsifal). Au contraire, le Royal Opera House (Covent Garden) de Londres propose des chefs au plus grand relief, au premier rang desquels le directeur musical Antonio Pappano, qui dirige presque tous les Verdi, le jeune et très talentueux Robin Ticciati, ou George Benjamin.

La scène du MET

Qui va à New York traverse rarement l’Atlantique seulement pour voir une production d’opéra, mais la programmation du MET est riche (28 productions, voir le site), et affiche toujours son lot de grands chanteurs, dans des productions soignées, notamment au Printemps 2013, très riche: on pourra cette année revoir le Ring de Wagner (Avril-Mai), dirigé par Fabio Luisi, dans une distribution moins attirante que l’an dernier parce que sans Bryn Terfel (remplacé par Marc Delavan), sans Eva-Maria Westbroek (remplacée par Martina Serafin que je n’aime pas beaucoup), sans Jonas Kaufmann (remplacé par Simon O’Neill), en mars -avril,  il y aura aussi une Traviata, dirigée par Yannick Nézet-Séguin dans la célèbre production salzbourgeoise  de Willi Decker, avec Diana Damrau (qui ouvrira dans ce rôle la saison 2013-2014 de la Scala), Saimir Pirgu dans Alfredo et surtout Placido Domingo dans Germont . Si Eva-Maria Westbroek ne sera pas dans le Ring, elle sera en mars à l’affiche d’une reprise de la vieille production de Piero Faggioni de Francesca da Rimini de Zandonai, dirigée par Marco Armiliato avec Marcello Giordani , tandis que Natalie Dessay sera la vedette d’une nouvelle production de David McVicar de Giulio Cesare de Haendel, dirigée par Harry Bicket.

La façade du MET

D’ici la fin de l’année, on pourra voir aussi Les Troyens (en décembre 2012), dirigés par Fabio Luisi avec certes la Didon de Susan Graham et la Cassandre de Deborah Voigt mais avec Marcello Giordani (encore lui!)- pas vraiment le type de ténor souhaité pour Énée- et dans une production moyenne de Francesca Zambello, il est encore temps de découvrir la création de Thomas Adès, dirigée par le compositeur, The Tempest, avec le grand Simon Keenlyside, dans une mise en scène spectaculaire de Robert Lepage, qui, on l’oublie souvent, a beaucoup travaillé Shakespeare (jusqu’au 17 novembre).
Mais l’événement de l’année, la production qui vaudra à elle seule la traversée de l’Océan, est Parsifal, dirigé par Daniele Gatti dans la production vue à Lyon l’an dernier de François Girard, en février -mars 2013 avec Jonas Kaufmann dans le rôle du chaste fol, Katarina Dalayman dans Kundry (bon, quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a), et l’Amfortas de Peter Mattei, le Klingsor d’Evguenyi Nikitin, et le Gurnemanz de René Pape: une distribution presque inégalable aujourd’hui.

 

La scène du Royal Opera House Covent Garden

Londres est incontestablement plus facile à rejoindre, même s’il n’est pas forcément plus facile d’obtenir des billets à prix raisonnables. Mais la présence d’Antonio Pappano comme directeur musical, un chef qui dirige (bien) tant Verdi que Wagner, et qui dirige beaucoup au pupitre du Royal Opera House est une garantie pour le spectateur.

Dans les prochains mois, on peut noter tout d’abord en décembre Robert le Diable, de Giacomo Meyerbeer, dans une mise en scène de Laurent Pelly, dirigée par Daniel Oren (hum…je n’ose dire hélas), un chef qui connaît ce type de répertoire, et parfait technicien, mais au son souvent fracassant (enfin…pour Meyerbeer!), avec Bryan Himel et Marina Poplavskaya, Nicolas Courjal et John Releya, c’est à dire une jolie distribution. En janvier pour les curieux une reprise du dernier opéra(2008) de Harrison Birtwistle The Minotaur dirigée par Antonio Pappano dans une mise en scène de Stephen Landgridge, en février un  Eugène Oneguine très prometteur, dirigé par Robin Ticciati dans une nouvelle mise en scène de l’actuel directeur du Royal Opera House Kasper Holten (très critiqué à Berlin pour son Lohengrin) avec une très solide distribution, Krassimira Stoyanova,  Pavol Breslik et surtout Simon Keenlyside, qui vaut sans doute à lui seul le voyage. En mars, George Benjamin dirigera son opéra Written on skin dans la production de Katie Mitchell vue à Aix, avec comme à Aix  la magnifique Barbara Hannigan et Bejun Mehta. Notons en mars avril une nouvelle production de Nabucco, de Verdi, en coproduction avec la Scala, dirigée par Nicola Luisotti, mise en scène par Daniele Abbado (fils de…) avec l’inusable Leo Nucci, Liudmyla Monastyrska, Vitalij Kowaljov, et le jeune ténor Andrea Caré, remarqué à Genève dans Macbeth, mais voilà, Nabucco fin avril, c’est Placido Domingo, et là c’est plein, mais tentez la liste d’attente.

Façade de Covent Garden

En mai, un must: Don Carlo de Verdi dirigé par Antonio Pappano dans une reprise de la mise en scène indifférente de Nicholas Hytner, mais avec un cast d’exception: Jonas Kaufmann, Anja Harteros, Christine Rice, Ferruccio Furlanetto, et Mariusz Kwiecien, en mai-juin autre must, connu des parisiens, La Donna del Lago avec le trio habituel Juan Diego Florez, Joyce di Donato, Daniela Barcellona dans une production de John Fulljames et dirigé par Michele Mariotti et en juin, un opéra moins connu de Benjamin Britten pour son centenaire, Gloriana, qui retrace les amours d’Elisabeth 1ère et de Robert Devereux dans une mise en scène de Richard Jones, et dirigée par Paul Daniel, avec Susan Bullock dans Elisabeth, Toby Spence dans Devereux et Kate Royal dans Penelope, cela vaudra le voyage, et une reprise de Simon Boccanegra dans la vieille production de Elijah Moshinsky, dirigée par Antonio Pappano avec Thomas Hampson dans le doge.En juillet (au milieu de représentations de Tosca et Rondine de grande série) deux Capriccio de Strauss en version de concert dirigés par Andrew Davis avec Renée Fleming naturellement, et surtout Christian Gerhaher en Olivier, Joseph Kaiser en Flamand, Peter Rose en La Roche et Bo Skovhus en Comte. Pour une virée d’été à Londres, cela doit valoir le coup.

La salle de l’ENO

Mais à Londres, il y a aussi l’ENO (English National Opera) qui est à Londres ce que la Komische Oper est à Berlin, l’opéra plus accessible en langue anglaise, qui se permet, comme la Komische Oper en moins radical cependant, des mises en scènes plus ouvertes qu’à Covent Garden (comme le Don Giovanni en reprise cette année en octobre-novembre dans la production de Rufus Norris qui fit beaucoup parler d’elle en 2010 dirigée par Edward Gardner avec l’excellent Iain Paterson dans Don Giovanni). Les réalisations de l’ENO sont toujours d’un niveau très respectable musicalement, et donnent l’occasion d’entendre des voix intéressantes issues du monde anglo-saxon, soit des jeunes à découvrir, qui feront les distributions des grandes scènes de demain, soit des chanteurs connus, qui reviennent à l’ENO pour une production ou l’autre (comme justement Iain Paterson). Même chose pour les chefs, qu’on voit souvent dans les scènes européennes, comme Edward Gardner le directeur musical .
C’est aussi un lieu où l’on peut découvrir le répertoire anglais moins connu, comme pendant tout ce mois de novembre The Pilgrim’s Progress de Vaughan Williams, dans une mise en scène de Yoshi Oida et la direction de Martyn Brabbins, qui a dirigé l’an dernier à Lyon L’Enfant et les sortilèges de Ravel et Der Zwerg d’Alexander von Zemlinsky.
En novembre et décembre une nouvelle(?) production de Carmen de Calixto Bieito qui promène cette Carmen de Barcelone à Venise en passant par Bâle et maintenant Londres, bel exemple de commerce international, dirigée par Ryan Wigglesworth avec Ruxandra Donose  en Carmen et Adam Diegel en Don José.
Autre nouvelle production plutôt aux couleurs du Regietheater, en février et mars, La Traviata, de Verdi dans une mise en scène de Peter Kontwitschny et dirigée par Michael Hofstetter avec notamment Anthony Michaels-Moore en Germont. A la même période, la Médée de Charpentier (Medea en version anglaise) mise en scène de David McVicar et dirigée par Christian Curnyn, avec Sarah Connolly en Médée est loin d’être négligeable. En avril, une création, The sunken Garden, du hollandais Michel van der Aa, élève de Louis Andriessen, dirigée par André de Ridder et mise en scène par Michel van der Aa avec Roderick Williams en coproduction avec le Toronto Luminato Festival, l’Opéra de Lyon, le Holland Festival et le London’s Barbican Centre; en mai un nouveau Wozzeck dirigé par Edward Gardner et mis en scène par Carrie Cracknell ainsi en juin qu’une coproduction avec le Teatro Real de Madrid (qui fera la création mondiale le 22 janvier 2013 dirigée par Dennis Russell Davies) de l’opéra de Philip Glass The perfect American, sur la dernière année de Walt Disney, avec Christopher Purves en Walt Disney dans une production de Phelim Mc Dermott et dirigée à londres par Gareth Jones.  Enfin en juin également  une reprise du magnifique Death in Venice de Britten dans la mise en scène de Deborah Warner, dirigé par Edward Gardner avec John Graham-Hall.

Facade du London Coliseum, siège de l’ENO

En lisant ce programme, et en le comparant avec celui du ROH, on voit immédiatement où l’on défend le futur du genre lyrique et la modernité.

Voilà tout de même quelques belles occasions de passer le channel, en mer ou en tunnel (et même dans la journée quand il y a des matinées) . Pour mon choix ce serait  Eugène Onéguine pour la jouissance de cette merveilleuse musique, et pour Keenlyside, Medea de Charpentier à l’ENO pour Sarah Connolly et David McVicar, Don Carlo au ROH pour le cast, et pour Britten Gloriana  au ROH et Death in Venice  à l’ENO qu’on peut voir à la même période ,  et enfin, last but not least The Pilgrim Progress, The sunken Garden, A perfect American à l’ENO pour la curiosité.

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