LA SAISON 2025-2026 DE LA STAATSOPER DE HAMBOURG

 

L’Opéra de Hambourg

 

L’Opéra de Hambourg (Hamburgische Staatsoper) est une maison de tradition, fondée en 1678, comme premier opéra public en Allemagne (Opern-Theatrum) qui n’a jamais quitté la zone comprise entre Dammtor et Gänsemarkt, un des quartiers du centre historique de la ville, non loin du « Binnenalster », la partie intérieure de l’Alster, le lac qui baigne la ville de Hambourg et qui la rend si particulière.
Le bâtiment historique fut détruit par un bombardement pendant la deuxième guerre mondiale et reconstruit à la même place en 1955 dans le style des opéras reconstruits à cette époque, comme Francfort par exemple ou même la Deutsche Oper de Berlin, ce sont des salles à l’esthétique « moderne » des années 1950, et donc qui ne font pas trop rêver mais qui garantissent pour l’essentiel une vision correcte de la scène à tous les spectateurs.
Händel fit à Hambourg de première armes remarquées, Telemann en fut le directeur, et Gustav Mahler y fut « erster Kapellmeister » (directeur musical) entre 1891 et 1897. Ajoutons que le compositeur Rolf Liebermann, après avoir été directeur de l’orchestre de la NDR (Norddeutscher Rundfunk), devint en 1959 directeur de l’Opéra de Hambourg jusqu’à 1972, dont il fit l’une des toutes premières scènes du monde, avant d’arriver à Paris.

C’est dire que l’Opéra de Hambourg a une histoire riche, notamment en matière d’innovation scénique ou musicale. C’est par exemple à Hambourg que Bob Wilson crée son Parsifal repris ensuite à Los Angeles.
Depuis 2015, il était dirigé par Georges Delnon, qui avait fait du Theater Basel l’une des scènes les plus novatrices d’Europe, et qui a officié à Hambourg aux côtés de Kent Nagano comme directeur musical, proposant des productions souvent discutées, mais qui firent courir l’Europe, comme La Passion selon Saint Mathieu de Bach par Romeo Castellucci en 2016 ou plus récemment Boris Godounov par Frank Castorf en 2023 ou la trilogie Strauss Elektra (2021), Salomé(2023), Ariadne auf Naxos (2025) dans la vision de Dmitri Tcherniakov. C’est qu’il y a aussi à Hambourg une grande tradition théâtrale avec deux institutions, le Thalia Theater et le Deutsches Schauspielhaus qui sont des phares de la création scénique en Allemagne et instillent évidemment les habitudes du public et affichent une ouverture qu’on ne voit pas beaucoup dans d’autres métropoles. Ajoutons que la ville de Hambourg soutient fortement la culture et que les subventions n’y ont pas baissé, contrairement à ce qui se passe à Berlin et ailleurs. Cela devrait inciter à faire le voyage dans cette ville qui est sans aucun doute l’une des plus belles d’Allemagne, outre qu’elle en est l’une des plus riches.

À la rentrée 2025, Georges Delnon et Kent Nagano laissent la place à une nouvelle équipe, composée du metteur en scène Tobias Kratzer comme intendant et du chef Omer Meir Wellber comme directeur musical.
La mode actuelle des metteurs en scène directeurs d’opéra aurait été lancée par Barrie Kosky à la Komische Oper en 2012, mais il succédait à Andreas Homoki, metteur en scène lui aussi…. Et effectivement ce n’est pas une mode récente : Harry Kupfer a dirigé la Komische Oper succédant à Walter Felsenstein lui aussi metteur en scène, déjà aux temps de la DDR, et August Everding, metteur en scène a été intendant à Hambourg comme successeur de Rolf Liebermann, puis à la Bayerische Staatsoper, où son long règne fut référentiel, sans parler des presque trois décennies du regretté Pierre Audi à Amsterdam. Mais depuis quelques années, les « managers » avaient repris du galon, dans le sillon de Gerard Mortier à Bruxelles et Salzbourg, de Hugues Gall à Paris, de Serge Dorny à Lyon puis Munich, de Stéphane Lissner un peu partout ou Dominique Meyer à Vienne et à la Scala ou Alexander Neef à Toronto puis Paris.

Actuellement en effet, on assiste à un « retour de bâton » : la Volksoper de Vienne est dirigée par la metteuse en scène Lotte de Beer, le Theater Basel par le metteur en scène Benedikt von Peter, l’Opernhaus Zürich par Andreas Homoki qui termine son mandat cette saison et enfin le Theater an der Wien par le norvégien Stefan Herheim, tous metteurs en scène, on pourrait aussi ajouter Julien Chaval à Magdebourg ou Richard Brunel à Lyon.
Il faudra s’interroger sur ce retour en force des metteurs en scène à la tête des opéras, alors qu’ils sont au sommet de leur gloire, comme Tobias Kratzer qui vole de triomphe en triomphe et qui choisit de s’installer à Hambourg, mais sans s’installer dans le confort, comme on va le constater.

Comme souvent, la première saison d’un nouvel intendant tient à indiquer une couleur particulière et une signature : dans une maison de grande tradition comme Hambourg, où le répertoire est important, et qui s’appuie sur une troupe de qualité pour le faire fonctionner, autant que par des chanteurs invités, il est intéressant de sentir les modifications et les inflexions.
En outre Hambourg, c’est actuellement peut-être plus encore que l’opéra le siège du Hamburg Ballett, une référence mondiale en matière chorégraphique, par le travail de John Neumeyer qui vient de le quitter, remplacé par Demis Volpi. Les deux structures, Opéra et Ballet, cohabitent dans les mêmes locaux et se coordonnent mais sans relation hiérarchisée (au contraire de Vienne, Paris, la Scala par exemple): l’institution à à sa tête un « quadriumvirat », l’intendant du ballet, l’intendant de l’opéra, le GMD-General Musikdirektor, et le directeur administratif.

Il s’agit aussi de voir ce qu’il en est du ballet, ce qu’il en reste, ce qu’il deviendra, mais c’est une autre question que mon ami Jean-Marc Navarro aborde de front ci-dessous car une grave crise est en cours.
C’est pourquoi j’ai décidé de commencer par le Hamburg Ballett, qui me paraît porter la gloire de Hambourg au plus haut depuis des décennies

Le Ballet, en crise

(par Jean-Marc Navarro)

Le torchon brûle au Ballet de Hambourg !

Tout le monde craignait que ce fût inéluctable ; il n’aura pas fallu une saison pour que cela advînt, et de la pire des manières.

À l’impossible était-il tenu ?

Le contexte : John Neumeier, légende vivante du monde de la danse, créateur et constructeur devant l’Éternel, a créé en 1973 le Ballet de Hambourg-John Neumeier et, au cours de ses 51 ans de direction (!), en a fait une des compagnies les plus prestigieuses et nimbées de succès au monde. Il a livré près de 180 œuvres chorégraphiques dont moult chefs-d’œuvre, a formé et mis en orbite d’innombrables danseuses et danseurs de légende, a créé son École de danse, y a adjoint le Bundesjugendballett, compagnie junior, etc. Adoré voire adulé de son public et de ses danseurs, auréolé de toutes les décorations, prix, hommages imaginables, il a confié les rênes d’une Compagnie au sommet de sa forme et de sa gloire à l’été 2024. Neumeier avait accepté de prolonger son mandat pour allonger la période de transition avec Demis Volpi, chorégraphe qui venait lors de l’annonce de succession de prendre la direction du Ballett am Rhein. Ce choix des tutelles avait suscité une certaine surprise, Lloyd Riggins – un des gardiens du Temple Neumeierien – ayant été donné pendant des années comme le successeur naturel et évident du Maître pour faire perdurer son legs artistique immense. Il n’en aura pas été décidé ainsi ; le projet de Riggins, c’était de préserver et de faire vivre ce qu’il avait fallu un demi-siècle à modeler. Ringard et poussiéreux, sans doute, pour nos élites si chics et dans le vent. Le projet de Demis Volpi avait pour ambition de préserver un certain héritage (comment faire autrement…) et surtout d’instiller un vent nouveau et faire entrer une certaine sacro-sainte modernité dans une Compagnie qui incidemment n’en manquait guère. Il a emporté la mise.

Comment remplacer l’irremplaçable ? Le destin des compagnies « de chorégraphes » est systématiquement cahoteux lorsque la personnalité exceptionnelle qui les a fondées meurt (Bausch, Béjart) ou décide de passer à autre chose (Forsythe). Un facteur de complexité complémentaire ici tient au fait que certes la Compagnie est celle de John Neumeier mais reste néanmoins institutionnellement attachée à l’Opéra de Hambourg et sous tutelle commune, d’où sans doute une volonté d’ouverture ou de nouveaux horizons en vue d’une certaine pérennité ?

Du cahoteux au chaotique !

La tâche de Volpi était en tout état de cause impossible, et il ne se l’était pas rendue facile lors de sa prise de poste, marquée de maladresses mesquines de petit chef. Était-il nécessaire de débaptiser « Ballet de Hambourg-John Neumeier » dès le 1er août 2024, premier jour de son entrée en fonction ? Était-il nécessaire, dès la rentrée 2024, de chasser du Ballettzentrum (méga-hub de la danse que Neumeier avait conçu comme foyer d’émulation au quotidien, où se croisaient sa compagnie, l’école, le ballet junior) le Bundesjugendballett, dont Neumeier reste le directeur ? Était-il nécessaire de faire photoshopper la photo de bannière du Nijinsky-Gala 2025 en surimprimant sur la tête de John Neumeier un bouquet de fleurs (quand nous parlions de mesquinerie…) (https://www.hamburgballett.de/en/schedule/event.php?AuffNr=221718) ?

Sans doute pas, mais enfin, de là à arriver à une situation où, à peine plus de 6 mois après son entrée en fonction, cinq des Principals emblématiques de la Compagnie annoncent leur démission – ou plutôt annoncent claquer la porte avec fracas… Parmi eux, Alexandr Trusch et Christopher Evans, piliers irremplaçables du répertoire de Neumeier, dont ils ont à peu près tout dansé ; Jacopo Bellussi aussi, qui avait commencé à poser quelques jalons en devenant en début de saison Danseur Étoile du Ballet du Capitole (Toulouse) et en prenant la responsabilité artistique du prestigieux Festival de danse de Nervi (Gênes) ; Alessandro Frola, petit génie du Ballet, recruté par Alessandra Ferri qui prend la direction du Ballet d’État de Vienne ; et enfin, Madoka Sugai, un petit joyau de ballerine dont la présence en scène suffit à électriser une salle. De là à arriver à une situation où, à peine plus de 8 mois après son entrée en fonction, il soit fait état dans la presse d’une lettre d’appel au secours de 30 danseurs (près de la moitié de la Compagnie !) au ministre, alertant sur une dégradation préoccupante du niveau artistique, une ambiance de travail devenue toxique et l’absence du nouveau directeur… De là à en arriver à ce que les langues des danseurs du Ballett am Rhein, que dirigeait Volpi avant son arrivée à Hambourg, se délient publiquement pour abonder dans le sens de leurs collègues hambourgeois… Dernier rebondissement ce 23 mai, où fuitent des accusations toujours plus aiguës confinant au harcèlement moral : le magazine Der Spiegel apprend que Volpi se serait opposé au recrutement dans la Compagnie d’Azul Ardizzone, élève fabuleuse de l’École que Neumeier avait choisie comme sa dernière Juliette aux côtés de Louis Musin, et aurait exercé des pressions psychologiques la conduisant à craquer nerveusement – elle qui triomphait ce 23 mai même sur scène, en Juliette justement. Silence radio à ce stade du côté de Volpi et des tutelles politiques qui l’ont nommé (ces gens détestant se dédire). Affaire, douloureuse, à suivre, donc. Souhaitons en tout cas à cette magnifique artiste en devenir de trouver une Compagnie digne de son talent.

Dans ce type d’affaires, il n’est pas rare que la communication à fleur de peau et un certain niveau de dramatisation soient de mise ; il n’en reste pas moins que la véhémence – voire la violence – des propos des danseurs sur la nouvelle direction (Volpi certes, mais également les maîtres de ballet qu’il a mis en place) témoigne d’un très profond malaise collectif, au sein d’une Compagnie jusque-là radieuse, du moins publiquement. Il est à ce stade difficile d’imaginer la physionomie de la Compagnie à la rentrée 2025, amputée de tous ces Principals – sans compter que Anna Laudere et Edvin Revazov, muses de la dernière partie de l’ère Neumeier, ont annoncé ne rester qu’une seule saison supplémentaire. Sur les 11 Principals actuels, il n’en restera donc que 4 dans le meilleur des cas ! Il y a fort à parier que Mlle Cojocaru, danseuse invitée permanente depuis une dizaine d’années, et le couple star Silvia Azzoni-Alexandre Riabko ne figurent également plus dans les effectifs ; qu’en sera-t-il du reste de l’équipe d’encadrement artistique de Neumeier, dont les fuites laissent entendre que Volpi leur mène la vie dure ? C’est d’ores et déjà un désastre que cette mutilation catastrophique d’un actif incorporel qu’un génie aura mis des décennies à sculpter… Des artistes de grande valeur demeureront évidemment (établis, tels Ida Praetorius, qui a repris du service en parallèle à Copenhague, ou Aleix Martinez, qui a pour autant intensifié ses projets de chorégraphie personnels, ou émergents, tels Ana Torrequebrada ou Louis Musin), là n’est pas la question, mais dans une Compagnie où le collectif et l’énergie de troupe ont toujours fondamentalement compté, le saccage est immense.

Sic transit gloria artis, mais ce sont une grande tristesse et un profond désarroi qui nous accablent devant ces événements, en fervent admirateur du Ballet de Hambourg, auquel nous devons nos joies balletomanes les plus intenses de la dernière décennie.

Quid de la programmation ?

D’un point de vue strictement statistique, sur les douze programmes de la saison 2024-2025, huit étaient des recréations ou reprises de spectacles de Neumeier, un était une reprise d’un spectacle que Neumeier avait programmé (Jane Eyra, magnifique !), deux proposaient des mixed bills de grands noms de la danse modernes ou contemporains. Il reviendra au dernier, Demian, première création de Demis Volpi pour le Ballet de Hambourg, d’ouvrir les Balletttage, qui clôturent traditionnellement la saison et s’ouvrent systématiquement sur une création, reprise la saison suivante.

Pour la saison 2025-2026, onze soirées sont annoncées, dont la reprise des deux mixed bills 2024-2025 et l’adjonction d’une troisième, « Kein Zurück » (quel titre dans le contexte décrit supra !), qui alignera deux créations de Xie Xin, chorégraphe chinoise très en vogue, et Marcos Morau, qui a créé et dirige la compagnie espagnole La Veronal, invitée aux Balletttage en juillet ; elles seront complétées de l’entrée au répertoire de la célébrissime Annonciation d’Angelin Preljocaj, et d’une pièce d’un Demis Volpi « jeune chorégraphe », Aftermath, créée à Stuttgart en 2014.

Volpi se réserve deux autres soirées : la reprise de son Demian déjà mentionnée et l’entrée au répertoire de la dernière pièce qu’il avait chorégraphiée comme directeur à Düsseldorf et Duisbourg, Surrogate Cities. Les échos n’avaient pas été unanimes, Demis Volpi, en général loué pour son talent sur des pièces narratives, s’étant essayé ici à une abstraction pas aussi spectaculaire que la partition bien connue d’Heiner Goebbels sur laquelle la pièce était construite. À voir comment le Ballet de Hambourg s’emparera de cette œuvre.

Mais l’événement le plus attendu de la saison, c’est bien sûr, en ouverture des Balletttage 2026, l’invitation d’Alexei Ratmansky à Hambourg pour y monter Wunderland, une nouvelle création full-length inspirée de l’œuvre de Lewis Carroll. La curiosité est attisée au moins à double titre. D’une part le mystère autour de la pièce, musique(s) et créateurs des costumes et décors n’étant pas annoncés ; Ratmansky s’attaquera là non pas à une reconstruction d’œuvres du répertoire, technique dont il a le secret, mais il semblerait qu’il s’agisse d’une pièce originale et nous avons hâte de voir comment il mêlera sa grammaire académique à un univers qui permet toutes les fantaisies ! D’autre part, la concurrence frontale à laquelle va se retrouver confronter cette œuvre, qui sera créée 15 ans après que Christopher Wheeldon eut offert un des chefs d’œuvre absolus de ces 20 dernières années, Alice’s Adventures in Wonderland pour le Royal Ballet. Une nouvelle génération de Principals de la Compagnie londonienne va s’en emparer en juin 2025 et de nombreuses prises de rôles y sont attendues, celle de rôle de l’immense Natalia Osipova en Dame de Cœur faisant d’ores et déjà trépigner les balletomanes du monde entier. Excitante perspective que ce Ratmansky, donc !

Cinq piliers du répertoire de John Neumeier seront repris par ailleurs. Commençons par le second événement de la saison : les 50 ans de la mort de Chostakovitch sont le prétexte à une nouvelle production de La Mouette, créée en 2002. Mlles Cojocaru et Laudere avaient illuminé la dernière reprise en Nina et Arkadina, formant un trio à se pâmer avec le Kostya d’Artem Ovcharenko, pour l’occasion invité par Neumeier. Qu’en sera-t-il de cette recréation ? Gageons que Louis Musin fera un Kostya extraordinaire, lui qui avait suspendu le public du Nijinsky-Gala dans un extrait de l’œuvre en juillet dernier. Mort à Venise (2003), repris cette saison à Hambourg et en tournée à Salzburg, aura quelques représentations, avec des casts nécessairement profondément renouvelés (même si Revazov, créateur de Tadzio ayant fait cette année une formidable prise de rôle en Aschenbach et Caspar Sasse, tout dernier Tadzio, devraient en être). Le ballet-choc Nijinsky (2000), que le Maître vient de remonter cette saison à Dresde et Sydney, sera à l’affiche in loco et lors de la résidence annuelle du Ballet à Baden-Baden. On y courra bien sûr.

À ces trois chefs d’œuvre du début des années 2000, deux vénérables et inusables classiques neumeieriens, feront leur retour à Hambourg. La Dame aux Camélias (1978), d’abord, décidément très programmée la saison prochaine (Neumeier en montera une Wiederaufnahme à Munich, nous le notions dans le billet idoine). Voir ce ballet à Hambourg ou à Stuttgart, c’est comme voir La Belle au bois dormant au Mariinsky ou Spartacus au Bolshoi. Rien n’égale l’expérience de cette adéquation viscérale entre une œuvre et des artistes dans les veines desquels elle coule et dans l’esprit desquels elle vit et se transmet depuis des décennies. Des trois derniers partenariats, tous exceptionnels, de la dernière reprise, les trois Armand (Trusch, Bellussi, Frola) auront quitté la Compagnie, deux des trois Marguerite (Cojocaru sans doute, Sugai) aussi. Qu’en sera-t-il, donc ? Qui dit Noël dit Casse-Noisette (1971, lui aussi objet d’une recréation à Munich) – mais avec Neumeier, pas de clichés guimauve, la chose est totalement revisitée et réagencée, avec un sens dramatique et psychologique qui n’appartient à lui.

C’est donc une bien jolie saison que, sur le papier, a préparée Volpi. D’aucuns regrettent que la composante Neumeier soit déjà si réduite. Nous regrettons de notre côté tout de même que l’héritage de Neumeier semble se limiter à des titres-phares, par ailleurs tout plus ou moins repris très récemment, là où un réservoir inépuisable est à disposition et où il suffirait d’un peu de curiosité ou de culture pour faire du neuf avec de l’existant. La principale inconnue, angoissante, reste de savoir comment tout cela sera mis en musique. Hambourg, c’est très spécial ; ce que Neumeier avait mis en place était très particulier et tenait en trois mots : amour, générosité et respect. Du Maître pour ses danseurs, son public et ses équipes, des danseurs pour leur Maître, leurs équipes et leur public, du public pour son Maître et ses danseurs. Le problème Volpi et la crise incroyable qui s’étale au grand jour ces dernières semaines, avec des rebondissements quasi-quotidiens, toujours plus sordides, laissent entrevoir un bouleversement complet de cet équilibre unique et la probabilité d’un maintien serein de Volpi à ce poste si exposé paraît s’amenuiser de jour en jour. Croisons les doigts pour que les cahots évoqués plus hauts s’apaisent et une nouvelle dynamique s’enclenche !

 

La saison d’Opéra, des inflexions nettes et souvent séduisantes

Six nouvelles productions trois opéras et trois soirées lyriques « inattendues », cela donne déjà à méditer. Dans les trois opéras, une rareté de Glinka, Russlan et Ludmila , un must, Il Barbiere di Siviglia, ainsi qu’une création mondiale directement inspirée de la situation du monde signée Olga Neuwirth et Elfriede Jelinek,  et dans les « soirées lyriques », une soirée Schumann, une soirée Mozart et une composition intitulée en forme de clin d’œil « L’amour et la mort d’une femme » autour de l’œuvre de Schumann L’amour et la vie d’une femme , précédée du Château de Barbe-Bleue de Bartok et d’Une Tragédie florentine de Zemlinsky.
Une programmation qui se veut en prise directe avec le monde et qui tient à montrer comment l’opéra et la musique peuvent s’articuler face à l’actualité et aux désordres ambiants, en mettant en avant les problématiques multiples qui traversent les œuvres mettant en avant les leçons de l’humanisme. Clairement c’est une programmation « engagée », où Kratzer lui-même s’engage comme metteur en scène dans les trois soirées les plus originales et les plus marquées « politiquement », Das Paradies und Die Peri, Monster’s Paradise, et Frauen Liebe und sterben.

Succédant à Kent Nagano au poste de directeur musical, Omer Meir Wellber est mal connu en France, mais bien connu en Allemagne et en Italie. Ce n’est pas a priori un de mes chefs favoris, j’ai entendu des choses très contrastées, aussi bien une Aida bien dirigée (et mal chantée malheureusement) à ses débuts à la Scala qu’un Parsifal assez réussi à Palerme dont il était directeur musical, et un très réussi Mefistofele à Munich, en revanche, de détestables Vêpres Siciliennes en français toujours à Munich, il est vrai desservies par un cast hors de propos. Et je suis en train de lire un petit livre passionnant sur Mozart qu’il a publié en Allemagne (Die Angst, Das Risiko und die Liebe, Momente mit Mozart, Ecowing 2017) (La peur, le risque et l’amour, moments avec Mozart): comme Mozart est une question forte pour moi,  je vais rester en attente, mais c’est une vraie personnalité et sans nul doute par ses choix et par une présence assez forte dans les nouvelles productions, le répertoire et les concerts, il va faire passer un souffle nouveau à Hambourg.
On ira évidemment constater sur pièces le nouveau cours de cette maison qu’on aime, et surtout, on attendra la réception par le public et la seconde saison pour comprendre comment va s’orienter la programmation.

 

Nouvelles productions

Septembre-Novembre

Robert Schumann : Das Paradies und die Peri
8 repr. du 27 sept au 1er nov. (Dir : Omer Meir Wellber / MeS : Tobias Kratzer)
Avec  Vera-Lotte Boecker, Christoph Pohl, Xavier Sabata, Annika Schlicht, Kai Kluge , Eliza Boom etc…
Un autre aurait inauguré son mandat par un titre flatteur et connu, Kratzer intendant choisit l’oratorio profane (appelé « Dichtung » Poésie), Das Paradies und die Peri tiré d’une épopée orientale Lalla Rookh que Schumann avait connue dans son enfance. La « Peri », une fée, essaie de conquérir par des offrandes le paradis dont elle a été exclue à cause de ses origines impures. Après avoir échoué par ses deux premières offrandes, la troisième, la larme d’un détenu repentant à la vue d’un enfant qui lui rappelle sa propre enfance-innocence originelle lui ouvre enfin les portes du Paradis.
Chœurs, distribution très solide avec notamment le contreténor Xavier Sabata et Annika Schlicht, mezzo désormais référentielle ainsi que le soprano Vera Lotte Boecker, le tout sous la direction de Omer Meir Wellber et dans une mise en scène de Tobias Kratzer. Évidemment autant inattendu que prometteur.


Novembre-Décembre

Mikhail Glinka : Ruslan et Ljudmila (Руслан и Людмила)
8 repr. du 9 nov. au 19 déc. (Dir : Ben Glassberg/ MeS : Alexandra Szemerédy, Magdolna Parditka)
Avec : Gabriela Legun, Ilia Kazakov, Giorgi Manoshvili, Kristina Stanek, Alexander Roslavets, Nicky Spence etc…
Première nouvelle production d’opéra de la saison, Russlan et Ludmila de Glinka, considéré comme le premier grand opéra russe, d’après Pouchkine est confié à une distribution sans stars, appuyée essentiellement sur la troupe, dans une mise en scène confiée à deux metteuses en scène à découvrir qui font équipe ensemble (« das Regieteam ») et qui réalisent un Ring à Sarrebruck. Elles représentent une nouvelle génération scénique et attirent depuis plusieurs années l’attention sur leurs productions. En fosse, Ben Glassberg bien connu à Rouen puisqu’il est directeur musical de l’orchestre de l’Opéra et qu’il vient de prendre la direction musicale de la Volksoper de Vienne, une des baguettes les plus intéressantes de la nouvelle génération (à peine trentenaire). Soirée en quelque sorte « nouvelle génération » qui marque là encore une intention de ce nouveau mandat, faire émerger de nouvelles figures musicales et scéniques de grande qualité, non encore valorisées par des scènes internationales.

Février 2026

Olga Neuwirth : Monster’s Paradise (Création mondiale)
6 repr. du 1er au 19 févr. 2026 (Dir : Titus Engel/MeS :  Tobias Kratzer)

Avec Sarah Aristidou, Kristina Stanek, Georg Nigl, Andrew Watts, Ruben Drole etc…
Un Opéra Grand Guignol (Création 2026)
Libretto d’Elfriede Jelinek et Olga Neuwirth, sur une idée de la compositrice.
Coproduction Opernhaus Zürich et Oper Graz.
Une création mondiale d’une terrible actualité, qui marque la troisième ligne sans doute affirmée par Tobias Kratzer, une ligne double : création contemporaine, unissant ici deux figures de la création d’aujourd’hui, la compositrice (née en 1968)  Olga Neuwirth, élève de Tristan Murail, prix Ernst von Siemens 2022 dont la dernière création lyrique Orlando d’après Virginia Woolf en 2019 à la Staatsoper de Vienne avait marqué les esprits et la célébrissime Elfriede Jelinek, classe 1946, elle aussi autrichienne, prix Nobel de littérature en 2004, une des très grandes figures de la littérature mondiale, très connue par le roman La pianiste, qui a donné lieu au film (2001) de Michael Haneke avec Isabelle Huppert. Cette fois, la question posée par le pitch est claire : qui nous sauvera des despotes ? Une satire absurde sur la situation actuelle : des monstres géants et des tyrans politiques. Observation sarcastique et grand guignolesque du déclin de l’humanité. Cette commande de la Hamburgische Staatsoper tombe à point nommé au milieu d’un monde tétanisé par le grand guignol qui règne à la Maison Blanche. Ou comment l’opéra prend part à la vie du monde.
Titus Engel, l’un des grands chefs d’aujourd’hui pour la musique du XXe, et une distribution brillante (Georg Nigl, Sarah Aristidou, Andrew Watts entre autres) ainsi que la mise en scène de Tobias Kratzer rendent immanquable cette création.

Mars 2026

Mozart : Die grosse Stille (Le grand silence) Théâtre musical.

9 repr. du 15 mars au 10 avril (Dir : Omer Meir Wellber-Tohar Gil (26.3., 2.4.)/MeS : Christopher Rüping
Avec Ana Durlowski, Gregory Kunde, Marie Maidowski, Hubert Kowalczyk, Damian Rebgetz

Redécouvrir Mozart.
Un spectacle qui tient à cœur à Omer Meir Wellber, et qui lie deux questions existentielles, la culture et la musique, au centre desquelles il place Mozart. Une fois encore se pose la question de l’humanité et de l’humanisme dans cette fable-fiction où des êtres humains loin de la terre vivent la musique de Mozart comme une nécessité existentielle.
La mise en scène est assurée par Christopher Rüping, l’un des metteurs en scène les plus innovants et exubérants de la scène allemande (qui a débuté à l’opéra invité par Serge Dorny à Munich en 2023 pour Il ritorno/ Das Jahr des magischen Denkens à partir de Monteverdi), évidemment dirigé par Omer Meir Wellber (remplacé pour deux représentations par Tohar Gil) avec une distribution solide appuyée sur la troupe et où l’on note la présence du grand Gregory Kunde.
Là encore, un parcours original au cœur d’une question qui ne cesse de se poser à moi : la place de Mozart aujourd’hui dans notre paysage musical. Un spectacle qui sans aucun doute doit stimuler la curiosité.

Avril Mai 2026


Robert Schumann/Béla Bartók/Alexander von Zemlinsky
Frauen Liebe und sterben (L’amour et la mort des femmes) :

  • Schumann : Frauen Liebe und leben (L’amour et la vie d’une femme)
  • Bartók : A kékszakállú herceg vára (Le Château de Barbe-Bleue)
  • Zemlinsky : Eine Florentinische Tragödie (Une tragédie florentine)
    8 repr du 12 avril au 22 mai (Dir : Karina Kanellakis/ MeS : Tobias Kratzer)
    Avec
    Johan Reuter, Annika Schlicht (Bartók)
    Johan Reuter, Ambur Braid, Thomas Blondelle (Zemlinsky)
    Kate Lindsey(12/4-15/4)/ Annette Dasch (17/4-15/5)/Marlis Petersen(22/4-25/4)/Elsa Dreisig (10/5-22/5), Eric Le Sage (piano) (Schumann)

Troisième mise en scène de Tobias Kratzer dans cette saison, et encore une fois un spectacle qui sort des sentiers battus, non pas par l’alliage qui unit Une tragédie Florentine de Zemlinsky (1917) au Château de Barbe-Bleue de Bartók (1918) pratiquement contemporaine avec au centre la personnalité de la femme (Serge Dorny à Lyon avait travaillé sur la thématique de ces opéras en un acte de la période), mais de les lier au cycle de Schumann, Frauen Liebe und Leben (l’amour et la vie d’une femme) à partir des poèmes d’Adalbert von Chamisso, où en huit Lieder une femme évoque à la première personne sa vie amoureuse et sa passion jusqu’à sa mort.
Le thème, brutalement résumé est Eros et Thanatos, d’où le titre (dé)calé sur Schumann Frauen Liebe und sterben (l’amour et la mort d’une femme ou femmes, amour et mort…) en trois focales différentes, trois générations, trois « moments » de la relation homme-femme et de la relation amoureuse. Dans un espace unique, Tobias Kratzer va explorer cette évolution et ce parcours de civilisation qui essaie de répondre à la question : le désir humain est-il le même à toutes les époques ? Où se situent les différences ?
Au piano pour Schumann, Eric Le Sage (Lindsey), Wolfram Rieger (Dasch) Mathias Lademann (Petersen) et Joseph Middleton (Dreisig) avec en fosse pour les deux opéras, Karina Canellakis désormais bien connue dans les cheffes d’aujourd’hui et une distribution de qualité (Reuter, Braid, Blondelle, Schlicht), la même pour toutes les représentations.

Là encore une expérience à vivre et à ne pas manquer qui allie l’art (l’univers) du Lied et celui de l’opéra, dans un spectacle qui unit l’ensemble… 

 

Mai-Juin 2026 

Gioachino Rossini : Il Barbiere di Siviglia
9 repr. du 17 mai au 17 juin (Dir : Teresa Riveiro Böhm /MeS : Tatjana Gürbaca)

Avec : Jonah Hoskins, Thomas Johannes Kränzle , Rafaella Lupinacci, Mattia Olivieri, Ilya Kazakov, Hellen Kwon
Là encore, un signe, il y aura sans doute chaque année un grand standard lyrique dans une nouvelle production. Tatjana Gürbaca bien connue dans l’aire germanophone, met en scène Il Barbiere di Siviglia qui renvoie aux archives la vieille mise en scène de Gilbert Deflo (1976) dans des décors de Ezio Frigerio qui a largement fait son temps. Gürbaca ne fait pas partie de mes metteurs en scène de cœur, mais elle n’a pas trop démérité dans ses Janáček genevois. Distribution séduisante avec Rafaella Lupinacci une voix très intéressante découverte à Pesaro, et Mattia Olivieri qu’on ne présente plus en Figaro, le jeune Jonah Hoskins dont on parle beaucoup en Almaviva et Johannes Martin Kränzle en Bartolo, un rôle où on ne l’attend pas, mais comme c’est un chanteur totalement génial dans ses incarnations… En fosse une jeune cheffe peu connue, hispano-autrichienne ce qui habsbourgiquement parlant n’est pas un contresens… qui va se confronter à Rossini, et comme on sait c’est un vrai juge de paix… A suivre, et en tous cas à voir pour les curieux et les fous de Kränzle dont je suis…

Opera stabile

À côté de la Staatsoper, au fond de la rue adjacente, l’Opera stabile, petite salle pour les expériences, le théâtre pour enfants et tout ce qu’on veut tenter pour exploser des pistes nouvelles. Trois spectacles prévus dans ce cadre et dans ce lieu, dont un n’a pas manqué de me sauter aux yeux qui montre l’intérêt de l’intendant Kratzer pour le jeune public et pour le travail sur tous les âges.

Iris ter Schiphorst : Die Gänsemagd
14 repr. du 28 sept. au 15 oct. (Dir : Claudia Chan /MeS : Tobias Kratzer)
Pour enfants à partir de 6 ans.
Avec Ida Aldrian, Katja Pieweck, Hellen Kwon, Tigran Martirossian, Aebh Kelly etc…

Une adaptation du conte de Grimm « La petite gardeuse d’oies » où une jeune princesse est contrainte d’échanger ses habits avec sa servante, qui épouse à sa place le prince charmant, mais bientôt la supercherie est dévoilée, et tout est bien qui finit bien (sauf pour la servante et fausse princesse, évidemment). Iris ter Schiphost est pianiste, bassiste, batteuse, ingénieure du son et compositrice autodidacte, et en outre a étudié philosophie et théâtre à Berlin ; elle compte parmi les compositrices en vue en Allemagne, prix des femmes artistes de Heidelberg (2015) et professeur de composition multimédia à l’Université de musique et des arts du spectacle de Vienne. Et c’est Tobias Kratzer qui assure la mise en scène, montrant ainsi qu’il n’y a pas de « petits » spectacles et que le public jeune ou très jeune doit être cultivé et respecté.

 

Gustav Mahler : Die Unruhenden
10 repr. du 15 janv. au 10 févr. (Dir : Johannes Harneit / MeS : Christoph Marthaler)
Avec Rosemary Hardy, Bendix Detleffssen, Kady Evanyshyn, Ueli Jaeggi, Magne Håvard Brekke…

Un spectacle musical de Christoph Marthaler avec ses acolytes habituels, autour de Mahler, hambourgeois d’adoption, dans le cadre d’un projet plus large que l’Opéra de Hambourg à l’occasion de ses 350 ans va consacrer à ses directeurs musicaux ou intendants de référence les plus créatifs. Marthaler, musicien lui-même, propose une soirée musicale autour de pièces de Mahler, vocales ou instrumentales dans cet esprit décalé auquel il nous a habitués.

Aucun spectacle de Marthaler n’est à manquer, surtout dans ce cadre plus intime de l’Opéra stabile.

 

Karlheinz Stockhausen : Stockhausen für Kinder , Michael’s Reise/Le voyage de Michel
10 repr. du 11 avr. au 3 mai (Régie sonore : Kathinka Pasveer/MeS : Elisabeth Stöppler)
Avec des musiciens de la Hochschule für Musik und Theater Hamburg,

Un voyage fantastique autour du monde pour des hommes de 6 à 110 ans

Le cycle en sept parties Licht, composé entre 1977 et 2005 par Karlheinz Stockhausen, qui comprend un opéra pour chaque jour de la semaine, est une œuvre radicale. D’une durée totale de 29 heures, le cycle n’a encore jamais été joué dans son intégralité sur scène et actuellement, Le Balcon sous la direction de Maxime Pascal est en train de l’explorer et le présenter en France.
La mise en scène pour enfants présentée ici par Elisabeth Stöppler, Michaels Reise (le Voyage de Michel – l’Archange…) est une version réduite du deuxième acte de l’opéra Donnerstag aus Licht, permet aux enfants comme aux adultes de découvrir cette œuvre centrale de l’avant-garde musicale récente. Pièce purement instrumentale. Michael, représenté par une trompette solo, voyage à travers le monde et fait sept étapes différentes. C’est en fait à une découverte du monde des sons, que l’on convie spécialement un public d’enfants. Une initiative de haute volée, particulièrement originale.

Repertoire (20 titres)

La troupe de Hambourg est suffisamment solide pour assurer bonne part des distributions, nous signalons au passage les productions qui nous semblent intéressantes lors d’un passage à Hambourg

Octobre 2025

Giuseppe Verdi : Falstaff
4 repr. du 2 au 15 oct.2025. (Dir : Valerio Galli/MeS : Calixto Bieito – 2020)
Avec Wolfgang Koch, Andrii Kymach, Granit Musliu, James Kryshak, Hubert Kowalczyk, Elbenita Kajtazi, Narea Son, Kristina Stanek, Katja Pieweck.
À noter évidemment Wolfgang Koch, une des références du chant aujourd’hui et le jeune Granit Musliu en Fenton.

Richard Strauss : Salome
4 repr. du 5 au 12 oct. (Dir : Omer Meir Wellber/MeS : Dmitry Tcherniakov – 2023)
Avec Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, Doris Soffel, Ambur Braid (5 oct)-Asmik Grigorian, Kyle Ketelsen, Oleksiy Palchykov, Aebh Kelly etc…
À ne manquer sous aucun prétexte, notamment les dates avec Asmik Grigorian. Une production qui fait époque, dont s’empare Omer Meir Wellber succédant à Kent Nagano.

W.A. Mozart : Così fan tutte
4 repr. du 10 au 30 oct. (Dir : Omer Meir Wellber (10 et 30 oct.) – Keren Kagarlitzky /MeS : Herbert Fritsch – 2018)
Avec Olga Kulchynska, Simone McIntosch, Andrew Hamilton, Jonah Hoskins, Kangmin Justin Kim, Chao Deng
Olga Kulchynska est une des très belles voix pour Mozart aujourd’hui, Andrew Hamilton et Jonah Hoskins deux voix jeunes intéressantes à découvrir. J’ai moins de goût pour la mise en scène de Fritsch, mais beaucoup d’intérêt pour Omer Meir Wellber dans Mozart.

Octobre-Novembre-Décembre 2025-Janvier 2026

Giacomo Puccini: Tosca
6 repr. du 26 oct au 1er janv. 2026 (Dir : Giampaolo Bisanti/MeS : Robert Carsen – 2000)
Avec Ewa Vesin/ Ewa Płonka (à partir du 29/11), Young Woo Kim/Joseph Calleja (à partir du 29/11), Gabriele Viviani, Tigran Martirossian, William Desbiens etc…
Pur répertoire tiroir-caisse sans grand intérêt. Éviter Joseph Calleja.

Richard Strauss : Ariadne Auf Naxos
4 repr. du 16 nov. au 4 déc. (Dir : Johannes Debus/ MeS : Dmitry Tcherniakov – 2024)
Avec Anja Kampe, Jamez Mc Corkle, Nadezhda Pavlova, Martin Gantner, Annika Schlicht, Colin Atkins, James Kryshak, William Desbiens etc…
Magnifique production, l’une des plus belles de cette œuvre avec (pratiquement) la distribution d’origine et en fosse Johannes Debus, un des chefs intéressants de la nouvelle génération. À ne pas manquer et pour ceux qui l’ont déjà vue, à revoir.

Musiktheater für Kinder ab 3 Jahren (Théâtre musical pour enfants à partir de 3 ans)
?Alleine!
14 repr. du 20 au 29 Nov (Dramaturgie : Michelle Stoop/MeS : Annesofie Won)
Dans le foyer du Parterre (Parkett Foyer)
On fait beaucoup pour les enfants à Hambourg et c’est souvent intelligent.

W.A. Mozart : Die Zauberflöte
7 repr. du 23 nov.2025 au 4.janv 2026 (Dir : Keren Kagarlitzky/ MeS : Jette Steckel – 2016)
Avec Hubert Kowalczyk, Liv Redpath/Eliza Boom, Chao Deng, Aleksandra Olczyk, Andrew Hamilton, Peter Galliard, Marie Maidowski, NN/Doviet Nurgeldiyev
Traditionnelle production des fêtes, comme dans la plupart des théâtres allemands

 

Engelbert Humperdinck : Hänsel und Gretel
8 repr. du 30 nov. au 25 dec. (Dir : Killian Farrell/MeS : Peter Beauvais – 1972)
Avec Kartal Karagedic/Chao Deng, Katja Pieweck, Marie Maidowski, Aebh Kelly/Kady Evanyshyn/Ida Aldrian, Narea Son/Eliza Boom, Hellen Kwon/Jürgen Sacher, Elizaveta Kulagina/Aebh Kelly.
Là encore, traditionnelle production pour les fêtes, dans une mise en scène qui remonte à 1972, et donc « vintage »…

Gaetano Donizetti : L’Elisir d’amore
5 repr. du 20 déc. au 25 janv.  (Dir : Omer Meir Wellber – Keren Kagarlitzky (25/01)/MeS : Jean-Pierre Ponnelle – 1977)
Avec Juliana Grigoryan, René Barbera, Nicholas Mogg, Erwin Schrott…
On ne manque pas un Ponnelle si on est à Hambourg, d’autant que cet Elisir est dirigé par le maître de maison Omer Meir Wellber, pour quatre des cinq représentations. René Barbera mille fois oui, Erwin Schrott hum hum

 

Janvier-Février 2026

Giuseppe Verdi : La Traviata
7 repr. du 7 janv. au 21 fév. (Dir : Carlo Goldstein-Omer Meir Wellber (11/01)/MeS : Johannes Erath – 2013)
Avec Elbenita Kajtazi, Anthony Ciaramitaro, Kartal Karagedik etc…
Production tiroir-caisse de répertoire, dirigée une seule fois par Omer Meir Wellber. Si on est à Hambourg

Richard Wagner : Der fliegende Holländer
4 repr. du 13 au 30 janv (Dir : Kazushi Ono/ MeS : Michael Thalheimer -2022)
Avec Michael Volle-Jordan Shanahan (23-30/01), Attilio Glaser, Simone Schneider, David Leigh, Katja Pieweck, Daniel Kluge.
Mise en scène sans grand intérêt, direction musicale de Kazushi Ono qu’on revoit après une éclipse, la production vaut pour une belle distribution (Volle superbe et légendaire, en alternance avec Shanahan remarquable)

Février-Mars

P.I. Tchaikovski : La Dame de Pique
4 repr. du 7 fév. au 13 mars (Dir : Timur Zangiev/ MeS : Willy Decker – 2003)
Avec Vida Miknevičiūtė, Najmiddin Mavlyanov, Lukasz Golinski, Kartal Karagedik, Doris Soffel, Jürgen Sacher, Annika Schlicht.
Chef intéressant et distribution très solide, si on est à Hambourg pour autre chose, cela vaut le coup.

Gaetano Donizetti : Maria Stuarda
4 repr. du 15 fév. au 14 mars (Dir : Stefano Montanari/ MeS : Karin Baier – 2025)
Avec  Rafaella Lupinacci, Mariangela Sicilia, Elizaveta Kulagina, Oleksiy Palchykov, Chao Deng, Ilia Kazakov…
Belle distribution féminine de cette production de 2025, Stefano Montanari en fosse est aussi intéressant. Donc là encore, si vous êtes sur Hambourg, ne pas hésiter

Mars-Avril

Giuseppe Verdi : Il Trovatore
6 repr. du 18 mars au 8 avr. (Dir : Matteo Beltrami / MeS : Alex Eales- 2024)
Avec Enea Scala, Boris Pinkhasovich, Eleonora Buratto, Clementine Margaine, Alexander Roslavets, Colin Atkins, Elizaveta Kulagina.
Production assez récente, chef à découvrir, quatuor vocal très solide avec des chanteurs aujourd’hui recherchés. Vaudrait presque un voyage tant Trovatore est difficile à faire.

Richard Wagner : Lohengrin
5 repr. du 22 mars au 11 avr. (Dir : Omer Meir Wellber/MeS : Peter Konwitschny – 1998)
Avec Gábor Bretz, Klaus Florian Vogt, Sara Jakubiak, Iulia Matochkina, Martin Gantner, Szymon Mechliński etc…
Omer Meir Wellber dirige Wagner, distribution solide (même si je ne suis pas fan de Jakubiak) mise en scène de Peter Konwitschny, l’un des très grands de la scène allemande qui commence un Ring à Dortmund… que demande le peuple ?

Avril-Mai

Richard Strauss : Elektra
4 repr. du 14 avr. au 8 mai.  (Dir : Anja Bihlmaier/MeS : Dmitry Tcherniakov  – 2021)
Avec Violeta Urmana, Aušriné Stundyté, Jennifer Holloway, Kyle Ketelsen, Wolfgang Ablinger-Sperrhacke etc…
Une cheffe à découvrir, une production à ne pas manquer, une distribution magnifique.
Il faut y courir.

Giacomo Puccini : Madame Butterfly
5 repr. du 16 avr. au 9 mai (Dir: Alexander Joel/MeS: Vincent Boussard – 2012)
Avec Barno Ismatullaeva, Ida Aldrian, Atalla Ayan, Kartal Karagedik, Daniel Kluge etc…
Production de répertoire tiroir-caisse

C.M von Weber : Der Freischütz
4 repr. du 23 avr. au 3 mai (Dir : Yoel Gamzou/MeS : Andreas Kriegenburg – 2024)
Avec Andrew Hamilton, Jane Archibald, Narea Son, Alexander Roslavets, Dovlet Nurgeldiyev etc…
Belle production d’Andreas Kriegenburg, dirigée par Yam Gamzou dont on dit très grand bien et distribution solide pour une œuvre qui reste relativement rare même si célèbre… donc à conseiller.

Giuseppe Verdi : Luisa Miller
5 repr. du 24 mai au 5 juin (Dir : Henrik Nánási /MeS : Andreas Homoki – 2014)
Avec Gábor Bretz, Pavol Breslik, Kristina Stanek, Elbenita Kajtazi, George Petean, Alexander Roslavets`
Un Verdi pas si fréquent, pas trop mal distribué, pourquoi pas ?

Richard Wagner : Tristan und Isolde
3 repr. du 7 au 21 juin (Dir : Omer Meir Wellber/ MeS : Ruth Berghaus – 1988)
Avec Samuel Sakker, Franz-Josef Selig, Allison Oakes, Nicholas Mogg, Annika Schlicht, Christoph Pohl etc…
La production légendaire de Ruth Berghaus, la direction d’Omer Meir Wellber, une voix nouvelle pour Tristan, Samuel Sakker qu’on commence à voir partout, l’Isolde d’Allison Oakes qui était Freia et surtout une splendide Gutrune chez Castorf à Bayreuth, Annika Schlicht en Brangäne… je dirais « vaut le voyage ». Surtout pour qui n’a jamais vu la production Berghaus.

 

Les Concerts en version innovation

La Elbphilharmonie © Iwan Baan

Chaque métropole allemande dispose de plusieurs orchestres symphoniques proposant une saison et donc l’offre est particulièrement diversifiée, en général voisinent un orchestre issu de l’opéra, et un orchestre issu de la Radio, régionalisée en Allemagne. Berlin remporte la palme bien évidemment avec ses Berliner Philharmoniker (Kirill Petrenko), le RSB (Rundfunk Sinfonieorchester Berlin) (Vladimir Jurowski), le Konzerthausorchester (Joana Mallwitz) et enfin la Staatskapelle Berlin (Christian Thielemann), l’orchestre historique de la Staatsoper de Berlin qui a également une saison symphonique. On peut citer aussi Munich avec le BRSO (Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks) (Simon Rattle), les Münchner Philharmoniker (Lahav Shani à partir de Sept. 2026) et le Bayerisches Staatsorchester, l’orchestre de l’opéra dirigé par Vladimir Jurowski. Il y a d’autres formations qu’il serait long de lister, à Berlin, Munich ou ailleurs – une situation totalement incomparable avec la situation française par sa richesse et sa diversité.
La vitalité des saisons est grande et pour résumer, chaque maison d’opéra prestigieuse possède un orchestre à la fois lyrique et symphonique, Staatsoper Unter den Linden Berlin et Bayerische Staatsoper, déjà citées, Semperoper Dresden (Staatskapelle Dresden avec Daniele Gatti), Oper Frankfurt (Frankfurt Opern- und Museumsorchester avec Thomas Guggeis), Leipzig avec le Gewandhausorchester (Andris Nelsons).
À Hambourg, la scène musicale se partage entre autres entre un orchestre de radio,  l’Orchestre de la NDR (NDR Elbphilharmonie Orchester) actuellement dirigé par Alan Gilbert, et le Philharmonisches Staatsorchester Hamburg, qui est l’orchestre de l’opéra, et qui offre une riche programmation dont une dizaine de concerts symphoniques,  puis des cycles de musique de chambre etc… Les deux orchestres disposent de la salle très récente de la Elbphilharmonie, inaugurée en 2017 dans les nouveaux quartiers au bord de l’Elbe et de l’ancienne salle de concerts, la Laeiszhalle.

Cet orchestre actuellement dirigé par Kent Nagano qui porte le titre de General Musikdirektor – GMD), sera à partir de Septembre dirigé par Omer Meir Wellber, néo GMD qui a décidé de donner à la programmation un tour moins classique. C’est un pari assez hardi sans doute pour renouveler le public, et surtout d’associer aux compositeurs de répertoire un compositeur contemporain chargé d’une sorte de travail d’adaptation liant l’auteur maître du programme et une composition originale (je résume grossièrement).

Dimanche 14 septembre, 20h
Schmidts Tivoli
IM.PRO.LOG

Pour lancer cette nouvelle saison, une manifestation spéciale IM.PRO.LOG aura lieu le 14 septembre 2025, en collaboration avec les Schmidt Bühnen, le Théâtre privé Schmidt, installé dans le quartier de tous les plaisirs à Hambourg, St. Pauli qu’on appelle le Kiez avec comme motto « Frack Off ! » (inutile de traduire) et comme appel : « deux mondes, une scène ».

Schmidts Tivoli © Thomas Huang

Les Schmidt Bühnen ont une programmation de musicals, de nouvelles tendances échevelées, et qui coproduira dans la saison avec le Philharmonisches Staatsorchester Hamburg Peter und der Wolf von St Pauli (Pierre et de Loup de St. Pauli), un Policier musical, l’alliance de la carpe et du lapin en quelque sorte, un peu surjouée, mais pour lancer du neuf, il faut un peu de symbolique.

Du côté de la saison, comme toujours dix concerts philharmoniques (et un concert extraordinaire) et pour comprendre la démarche, nous décrivons le premier concert tel que le programme nous l’annonce.

 

Dimanche 14 septembre, 11h
Lundi 15 septembre 2025, 20h
Elbphiharmonie

Beethoven / Hough

Stephen Hough est un compositeur britannique (de nationalité australienne également)

Premier Jeu temporel: Ludwig von Beethoven/Stephen Hough
Concerto pour piano n° 3 en ut mineur op. 37 / I. Allegro con brio / II. « Con gran espressione » (transcription de Stephen Hough, création) / III. Rondo. Allegro

Anton Bruckner : Symphonie n° 7 en mi majeur WAB 107

Direction musicale : Omer Meir Wellber
Piano : Sir Stephen Hough

Philharmonisches Staatsorchester Hamburg

Les concerts philharmoniques de l’Orchestre national de Hambourg deviennent des jeux temporels et dépassent les limites de l’ordinaire : dans ce concert, Stephen Hough interprète le 3e concerto pour piano de Beethoven dans l’esprit de son auteur, à la fois pianiste et compositeur, puisque le deuxième mouvement est remplacé par une pièce nouvellement composée, inspirée de l’original de Beethoven. Beethoven nous apparaît aujourd’hui comme un miroir du passé et, à travers Hough, comme une partie intégrante du présent ! Ce jeu musical sans tabou ouvre de nouvelles perspectives sur notre culture musicale, notre façon de penser et d’être, sur notre manière d’appréhender la musique.
« Grâce à sa musique, Beethoven est devenu l’un de mes amis les plus proches. (…) Depuis le début de sa carrière, l’œuvre de Beethoven présente certaines caractéristiques spécifiques qui se retrouvent jusqu’à la fin. L’une d’elles est la recherche d’une sorte d’extase, d’un but au-delà des notes. Je voudrais faire résonner quelque chose de cette extase dans ma composition. »
Stephen Hough

Comment sonne l’extase de Beethoven aujourd’hui ?

Sur le même principe, chaque concert ou presque offrira une composition/contribution originale dont voici les programmes suivants

 

Dimanche 26 octobre 2025, 11h
Lundi 27 octobre, 20h
Elbphilharmonie

Tchaikovski/Sadikova

Aziza Sadikova est une compositrice germano-ouzbèque

Jeu temporel Deux : P.I. Tchaikovski / Aziza Sadikova

Symphonie n° 4 en fa mineur op. 36 / I. Andante sostenuto / II., III. « Douleur et prémonition » (transcription d’Aziza Sadikova, création) / IV. Finale. Allegro con fuoco

Direction musicale : Holly Hyun Choe
Philharmonisches Staatsorchester Hamburg

Dimanche 23 novembre, 11h
Lundi 24 novembre, 20h
Elbphilharmonie

Mahler/Milch-Scheriff

Ella Milch-Sheriff est une compositrice israelienne.

Jeu temporel Trois: Gustav Mahler/Ella Milch-Sheriff
Lieder extraits de Des Knaben Wunderhorn I. „Wer hat dies Liedlein erdacht?“ / II. „Rheinlegendchen“ (transcription von Ella Milch-Sheriff) / III. „Lob des hohen Verstandes“ / IV. „Des Antonius von Padua Fischpredigt“ / V. „Wo die schönen Trompeten blasen“ / VI. „Das irdische Leben“ (Überschreibung von Ella Milch-Sheriff) / VII. „Revelge“ / VIII. „Trost im Unglück“ / IX. „Der Tod und das Mädchen im Blumengarten“ (nouvelle composition de Ella Milch-Sheriff) / X. „Urlicht“

Direction musicale : Adam Fischer
Annika Schlicht (mezzosoprano)
Benjamin Appl (baryton)
Philharmonisches Staatsorchester Hamburg

Dimanche 21 décembre, 11h
Lundi 22 décembre, 20h
Elbphilharmonie

Haydn/Glanert

Detlev Glanert est un compositeur allemand

Joseph Haydn : Symphonie n° 44 en mi mineur « Symphonie funèbre »
Jeu temporel Quatre :
Joseph Haydn: Symphonie n° 45 en fa dièse mineur « Symphonie des adieux »
Detlev Glanert : Composition commandée (création)
Joseph Haydn : Symphonie n° 49 en fa mineur « La Passione »

Direction musicale : Omer Meir Wellber
Philharmonisches Staatsorchester Hamburg

Dimanche 18 janvier 2026, 11h
Lundi 19 janvier 2026, 20h
Elbphilharmonie

Rachmaninov/Pletnev

Mikhail Pletnev est un pianiste, chef d’orchestre et compositeur russe

Sergueï Rachmaninov : « Le Rocher » op. 7 – Fantaisie orchestrale d’après Tchekhov

Jeu temporel Cinq: Mikhail Pletnev: « Suite Rachmaniana »
P.I. Tchaïkovski : Symphonie « Manfred » op. 50

Direction musicale : Mikhaïl Pletnev
Philharmonisches Staatsorchester Hamburg

 

Dimanche 22 février, 11h
Lundi 23 février, 20h
Elbphilharmonie

Bach/Gigashvili

Giorgi Gigashvili est un pianiste géorgien.

Jeu temporel Six : Johann Sebastian Bach / Giorigi Gigashvili

 Concerto en ré mineur pour clavecin (piano), cordes et basse continue BWV 1052
I. Allegro / II. Adagio / III. Oscar Peterson : Suite Bach (orchestration de Giorgi Gigashvili)
Claude Debussy : Prélude à « L’après-midi d’un faune »
Leonard Bernstein : « Symphonic Dances » extrait de West Side Story

Direction musicale : François Leleux
Piano : Giorgi Gigashvili
Philharmonisches Staatsorchester Hamburg

 

Dimanche 29 mars, 11h
Lundi 30 mars, 20h
Elbphilharmonie

Mozart/Beamish

Sally Beamish est une violoniste et compositrice britannique.

Jeu temporel Sept : Wolfgang Amadeus Mozart / Sally Beamish :
Sinfonia concertante en mi bémol majeur KV 364 (320d) I. Allegro maestoso / II. Andante (transcription de Sally Beamish, création) / III. Presto (transcription de Sally Beamish, création)

Hector Berlioz: „Symphonie fantastique“ op. 14

Direction musicale : Aziz Shokhakimov
Violon : Konradin Seitzer
Alto: NN
Philharmonisches Staatsorchester Hamburg

 

Dimanche 26 avril, 11h
Lundi 27 avril, 20h
Elbphilharmonie

Mendelssohn-Bartholdy/Dubugnon

Richard Dubugnon est un compositeur suisse

Jeu temporel Huit : Felix Mendelssohn-Bartholdy/ Richard Dubugnon

Concerto pour violon en mi mineur op. 64 I. Allegro molto appassionato / II. « Geistersatz » op. 98 (transcription de Richard Dubugnon, création) / III. Allegro molto vivace

Gustav Mahler : Symphonie n° 1 en ré majeur « Titan »

Direction musicale et violon: Julian Rachlin
Philharmonisches Staatsorchester Hamburg

 

Dimanche 24 mai, 11h
Lundi 25 mai, 20h
Elbphilharmonie

Concert extraordinaire pour la MusikFest de Hambourg

Leonard Bernstein : « MASS : A Theatre Piece for Singers, Players and Dancers »

Célébrant : Will Liverman
Street People Audi Jugendchorakademie
Répétition : Martin Steidler
Chœur d’enfants : Alsterspatzen – Chœur d’enfants et de jeunes de l’Opéra d’État de Hambourg

Direction musicale: Omer Meir Wellber
Philharmonisches Staatsorchester Hamburg

 

Dimanche 31 mai, 11h
Lundi 1er juin, 20h
Elbphilharmonie

Beethoven/Terranova

Daniela Terranova est une compositrice italienne.

Jean-Sébastien Bach : Contrapunctus I-IV extrait de « L’Art de la fugue » (orchestration de Daniela Terranova, création)


Jeu temporel Neuf : Ludwig van Beethoven / Daniela Terranova

Symphonie n° 6 en fa majeur op. 68 « Pastorale » I. Éveil de sentiments joyeux à l’arrivée à la campagne / II. Scène au bord du ruisseau / III. Réunion joyeuse des paysans / IV. Orage, tempête (réécriture de Daniela Terranova, création) / V. Chant des bergers, sentiments joyeux et reconnaissants après la tempête

Direction musicale: Jean-Christophe Spinosi
Philharmonisches Staatsorchester Hamburg

 

Dimanche 5 juillet, 11h
Lundi 6 juillet, 20h
Elbphilharmonie

Bruch/Assiginaak

Barbara Assiginaak est une compositrice d’origine anichinaabé (peuple autochtone d’Amérique du Nord) qui enseigne au Canada.

Jeu temporel Dix : Max Bruch/ Barbara Assiginaak :
Concerto pour violon n° 1 en sol mineur op. 26 I. « Niibaashkaa – Travels at Night » (transcription de Barbara Assiginaak, création) / II. Adagio / III. Finale. Allegro energico

Antonín Dvorák : Symphonie n° 9 en mi mineur op. 95 « Du Nouveau Monde »

Hillary Hahn, violon
Direction musicale: Omer Meir Wellber
Philharmonisches Staatsorchester Hamburg

Toute cette programmation marque une sorte de défi qui consiste à insérer une série de compositeurs et compositrices à parité dans des programmes « classiques » en les faisant intervenir sur une partie d’une des œuvres (recréation, transcription, réécriture etc…) plutôt que de présenter dans un programme habituel l’œuvre contemporaine, qui souvent apparaît comme une « obligation de cahier des charges ». Ces dialogues de compositeur à compositeur sont quasiment systématiques sur l’ensemble des concerts et permettent d’entendre de nouvelles voies/voix musicales, très diverses par le style, face à des monuments du répertoire. La réaction du public de Hambourg sera intéressante à suivre, mais on voit bien que Omer Meir Wellber (qui dirige quatre concerts sur les onze), dans son propre domaine et comme GMD, c’est-à-dire responsable de la musique au plus haut niveau, entend proposer (et un peu imposer) une nouvelle écoute, et ouvrir le rituel du concert à d’autres pratiques qui ont déjà étonné (et un peu agacé) à la lecture de ce programme certains de mes collègues mélomanes. On ne bouscule pas impunément les rituels, mais comme on dit en italien, « Chi non risica non rosica », qui ne risque rien n’a rien.

 

Conclusion

En conclusion, on a là une saison exploratoire, à observer de très près, avec plein de choses intelligentes qui pourrait être une esquisse de ce que pourrait être l’opéra et la musique classique demain, un demain dont on attend avec intérêt l’accueil du public et de la presse… l’intention est de bousculer un peu (les nouvelles productions) sans détruire (maintien d’une politique de répertoire variée, avec des productions historiques et d’autres plus récentes qui ont marqué la maison et une alternance des « grandes heures de l’histoire de l’Opéra de Hambourg » et de productions tiroir-caisse). C’est une saison qui n’est pas fait pour le fan d’opéra traditionnel, et qui demande disponibilité et surtout curiosité, ce qui en art est une immense qualité. Kratzer succède à Delnon qui déjà apparaissait comme un novateur à Bâle, un peu assagi à Hambourg mais toujours intéressant. Il ne détruit pas l’outil, ni sa mémoire, ni son histoire et il arrive dans la seule ville encore ouverte à de grands projets (on parle d’une nouvelle salle d’opéra près de la Elbphilharmonie). Il faut vite en profiter, mais comme je l’ai dit plus haut, on commencera à tirer quelques leçons à la fin de la deuxième saison, au moment où sera annoncée la troisième.
Du côté du Ballet (qui ne dépend pas de l’intendant Kratzer) c’est plus inquiétant car la crise est désormais évoquée dans la presse internationale : il ne faudrait pas que l’un des joyaux de la danse en Europe coule comme un Titanic qui aurait heurté un iceberg interne.
Une seule chose est sûre : pour le mélomane qui aime voyager, Hambourg est une escale qui s’impose. Cela devrait valoir le coup d’œil.