Pour une fois, je laisse la musique pour le peinture, pour de manière bien modeste, vous engager à aller voir cette magnifique exposition. Vous allez à Bayreuth, vous visitez la Bavière, alors, allez voir à Nuremberg « Der frühe Dürer » qui présente 200 œuvres du Dürer des débuts, et qui explique clairement les composants du parcours du peintre. Certes, les grands autoportraits de la période n’y sont pas, ni celui du Louvre, ni celui de Vienne, ni celui surtout de la Pinacothèque de Munich (l’autoportrait à la fourrure). Le refus du prêt a suscité d’ailleurs une certaine polémique. Ils sont reproduits dès le début de l’exposition, comme pour clore d’emblée toute frustration.
Nuremberg a vu naître Dürer, et on peut en temps habituels visiter la maison de famille et voir au Musée un certain nombre d’œuvres: cette fois, c’est une rétrospective des débuts de Dürer, de ses diverses influences, de ses diverses activités qui est présentée dans un espace confiné (il y a beaucoup de monde) mais très bien structuré. Qui entre ignorant ressort avec l’impression très réelle d’avoir appris quelque chose, d’avoir eu un contact intime avec les œuvres: on peu s’en approcher à quelques centimètres, et notamment voir les dessins exceptionnels qu’on n’a pas toujours l’occasion d’observer. C’est une exposition très didactique, très claire, très progressive qui est offerte au visiteur. On découvre les influences locales, celle de Pleydenwurff, le maître de Michael Wolgemut, l’influence italienne, notamment celle de Giovanni Bellini, connu lors du premier voyage à Venise, on découvre aussi des aspects moins connus, Dürer illustrateur, Dürer aquarelliste de paysages, de fermes des environs de Nuremberg
(Die Weidenmühle!), inspiré par des artistes comme Katzheimer, le Dürer inspirateur de vitraux on découvre aussi des œuvres d’une incroyable précision comme ce museau de boeuf qu’on croirait être une planche scientifique de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.
Si vous êtes à Bayreuth, Nuremberg n’est qu’à 80km et le Germanisches Nationalmuseum est à deux pas de la gare, avec des possibilités de parking notables. Mais il est prudent de retenir son billet par internet: vous ne ferez qu’une heure de queue environ, et sans billet, compter deux heures. Et puis, en cette année sans Meistersinger, promenez-vous ensuite dans les rue de la vieille ville, elles en valent la peine.
Site du Germanisches Nationalmuseum: http://www.gnm.de/