LA SAISON 2024-2025 DE LA BAYERISCHE STAATSOPER DE MUNICH

Le Nationaltheater de Munich

La nouvelle saison de la Bayerische Staatsoper se place sous une célèbre citation de Dante « Amor ch’a nullo amato amar perdona… » et se propose d’explorer les vicissitudes diverses de l’amour entre tragédie et comédie. Elle combine raretés et pièces de répertoire, mais à la différence des années précédentes, ce ne sont pas des raretés spectaculaires comme Les Diables de Loudun, Guerre et Paix ou Die Passagierin. Ce sont des raretés sages, comme Die Liebe der Danae de Richard Strauss (l’un des compositeurs « maison »), qu’on n’a pas repris depuis l’époque de Sawallisch et qui n’a fait l’objet que de trois productions à Munich (1953, 1967, 1988) ou comme Pénélope de Fauré, jamais joué à Munich, un opéra qui n’est même pas encore entré d’ailleurs au répertoire de l’Opéra de Paris, monté ici pour le centenaire de la mort de Fauré.

On retrouvera le Festival Ja, Mai ! avec la programmation de Matsukaze, qui avait dû être reportée il y a deux ans, et celle de Das Jagdgewehr (le Fusil de chasse) une création qui remonte à 2018 à Bregenz.
Combien d’entre nous ont-ils déjà vu sur scène un de ces quatre titres ?
Contrairement à ce qu’on pense habituellement, le répertoire munichois est moins étendu que celui de Vienne, avec de singulières surprises, comme cette Dame de Pique dont nous signalions la création in loco 40 ans après la création. Et le public munichois doit encore découvrir bien des Donizetti et bien des Rossini. La fille du régiment a fait l’objet de 4 productions depuis 1843, mais la dernière remonte à 1935, soit il y a 90 ans à peu près. Kat’a Kabanova, n’en est qu’à sa troisième production à Munich (les deux autres : 1947, 1999) et la popularité de l’œuvre aujourd’hui imposait d’y revenir.

Un dyptique aussi universel que Cavalleria Rusticana et Pagliacci n’a pas comme à Vienne bénéficié d’une mise en scène de Ponnelle régulièrement reprise. La dernière production remonte à 1978 (Giancarlo del Monaco). Il était temps, là encore, de penser à reprogrammer ce grand must de l’opéra italien. La maison avait aussi besoin d’un nouveau Don Giovanni, dont la dernière production assez pâle remonte à 2009.
Enfin, si on peut discuter l’absolue nécessité d’un nouveau Ring, car le précédent (Kriegenburg) plutôt réussi pouvait encore durer, la présence de Tobias Kratzer et de Vladimir Jurowski aux commandes donne évidemment à ce projet bien des attraits.
Bref à une exception près (le Ring) les autres productions nouvelles (et je ne compte pas le Festival Ja,Mai !) s’imposent sans l’ombre d’une discussion.

Même si du côté du répertoire, certaines reprises sont discutables ou franchement problématiques, le profil général est assez satisfaisant, avec des distributions souvent séduisantes et l’arrivée de chanteurs solides, comme on le verra dans le détail.
C’est donc une saison peut-être pas très fun pour les grands amateurs qui parcourent les opéras d’Europe, et qui regardent avec distance La Fille du régiment ou Cavalleria Rusticana qui ne sont pas du millet pour leur serin raffiné, elle me paraît plutôt solide et digne de cette maison, susceptible aussi de maintenir haute la fréquentation qui a retrouvé sa vitesse de croisière (avec les recettes qui correspondent).

Enfin, pour toutes les salles d’opéra, la programmation doit tenir compte de la raréfaction des stars, qui abandonnent les scènes comme Anja Harteros ou qui atteignent sinon la limite d’âge, du moins en sont proches ; quant aux nouvelles stars, les Grigorian ou Davidsen, elles ne peuvent se démultiplier ni tout chanter et donc nous aurons droit aussi à des chanteurs et chanteuses tout venant. Nous sommes en panne de ténors, c’est chronique, mais on trouve dans cette saison des jeunes comme Freddie De Tommaso ou Giovanni Sala, des gages d’avenir. En revanche, le marché lyrique ne manque pas de barytons, et même de très grands, ni d’ailleurs de basses.
Quant aux chefs, Munich en affiche une bonne variété, plutôt meilleurs dans le répertoire que lors de la période Bachler ou qu’à Vienne. Ce qui fait indiscutablement monter le niveau moyen des exécutions, d’autant qu’en fosse officie l’une des phalanges les plus talentueuses de l’univers lyrique, le Bayerisches Staatsorchester, au son incomparable et à la régularité d’horloge, régulièrement désigné comme l’orchestre de fosse de l’année.
Ainsi au total une solide saison qui affichera des soirées qui valent le voyage,

Sans peut-être le « wow » qui fait rêver ; mais les saisons sont faites pour le public le plus large, et non pour les amateurs qui courent les salles.

 

OPÉRA

Nouvelles productions

Octobre-Novembre 2024/ Juillet 2025
Richard Wagner : Das Rheingold

5 Repr. 27 oct-10 nov. / 2 repr. les 28 et 31 juillet – Dir : Vladimir Jurowski / Prod : Tobias Kratzer
Avec Nicholas Brownlee, Sean Panikkar, Markus Brück, Matthias Klink, Ekaterina Gubanova, Wiebke Lehmkuhl etc…
Ce qui fait l’attrait c’est le chef et la production. La distribution sans être un repoussoir n’est pas de celles qui font rêver. L’intérêt c’est évidemment d’afficher des noms un peu plus neufs comme l’Alberich de Markus Brück, ou le Wotan de Nicolas Brownlee (faute de mieux), sinon le Loge de Sean Panikkar pour lequel je nourris quelques doutes alors que Matthias Klink, ici Mime, était si convaincant à Zürich en Loge. Mais tout le monde y courra, comme on court tous à l’appel d’un nouveau Ring, et encore plus s’il est signé Kratzer/Jurowski.

 

Décembre 2024-Janvier 2025

Gaetano Donizetti : La fille du régiment
6 repr. du 22 déc au 6 janvier/2 repr les 28 juin  et 1er juillet 2025 – Dir : Stefano Montanari / Prod : Damiano Michieletto
Avec Pretty Yende – Xabier Anduaga (Dec-Janvier)/Lisette Oropesa-Lawrence Brownlee (Juin/Juillet), Susan Graham, Misha Kiria etc…
Nouvelle production d’une œuvre non donnée à Munich depuis un peu moins d’un siècle, confiée à Damiano Michieletto qu’on espère plus inspiré que par sa mortelle Aida dans cette salle. Au pupitre Stefano Montanari, adoré de l’orchestre et spécialiste de ce répertoire qui le fera sauter et tressauter, et avec une double distribution séduisante à tous points de vue. En Marquise de Berkenfield Susan Graham (comme à Paris), retour d’une grande dans un répertoire où elle fut rare, et l’excellent Misha Kiria comme Sulpice. On se demande simplement quelle légende Munich ira chercher pour incarner la fugace Duchesse de Crackentorp ?

Février-Juillet 2025

Richard Strauss : Die Liebe der Danae
5 repr du 7 au 22 fév. 2025/2 repr. les 19 et 22 juillet 2025 – Dir : Sebastian Weigle / Prod : Claus Guth
Avec Christopher Maltman, Malin Byström, Andreas Schager, Vincent Wolfsteiner etc…
Du solide et du (relativement) traditionnel. Sebastian Weigle a remporté de gros succès in loco dans Die Frau ohne Schatten et Lohengrin les saisons précédentes ; c’est un chef qui est une garantie de niveau, et très rassurant pour un orchestre à cause de sa connaissance solide du répertoire. Quant à Claus Guth c’est aujourd’hui un des classiques de la mise en scène, qui s’attaque à une œuvre qui favorise sans aucun doute son goût des méandres de la psychologie. Christopher Maltman et Andreas Schager éclairent la distribution, même si j’ai plus de distance avec Malin Byström, voix puissante, mais pas très séduisante ni inspirée. Qu’importe, il faut se précipiter pour écouter une œuvre de Strauss très rare sur les scènes.

 

Mars 2025 

Leos Janáček: Kat’a Kabanova
5 repr. du 17 mars au 30 mars/1 repr le 7 juillet –  Dir Mirga Gražinytė-Tyla / MeS : Krzysztof Warlikowski
Avec Corinne Winters, Pavel Černoch, Violeta Urmana, John Daszak etc…
Janáček est un des compositeurs les plus partagés dans le monde lyrique aujourd’hui, mais moins fréquent malgré tout à Munich. Salzbourg en a présenté une version frappante signée Barrie Kosky en 2022, après celle tout aussi forte de Marthaler au début des années 2000. Aujourd’hui, « LA » Kat’a c’est Corinne Winters, à Salzbourg mais aussi à Genève, à Lyon, à Stuttgart. Il était légitime qu’elle le fût aussi à Munich. Autour d’elle, une très belle distribution avec des chanteurs indiscutables, Černoch, Urmana, Daszak.
Krzysztof Warlikowski après L’affaire Makropoulos (Paris, Madrid) et De la maison des morts (Londres, Lyon, Rome) revient à Janáček, l’un de ses compositeurs favoris et ce devrait être un événement.

Mai 2025 : Festival Ja, Mai !
Le Festival Ja, Mai ! est reprogrammé cette saison et il est confié au Studio de la Bayerische Staatsoper, particulièrement valeureux. Ce festival permet non seulement de découvrir des œuvres moins connues ou récentes, mais aussi des artistes qui sont le futur de la musique et de l’opéra.

Cuvilliés Theater

Thomas Larcher : Das Jagdgewehr
5 repr. du 2 mai au 11 mai 2025 – Dir : Francesco Angelico / Prod :  Ulrike Schwab
Avec Juliana Zara, Eirin Rognerud, Dafydd Jones etc…
Cuvilliés Theater
La cohérence entre les deux œuvres composant le Festival Ja, Mai! , c’est le Japon, la culture et la littérature japonaise puisque le livret de Friederike Gösweiner se fonde sur le roman de Yasushi Inoue « Le fusil de chasse ». Il s’agit de l’évocation de trois lettres de femmes adressées au chasseur Josuke Misugi, une sorte d’exploration psychologique transformée en opéra par Thomas Larcher en 2018 qui signait là sa première œuvre lyrique créée à Bregenz. C’est le chef italien Francesco Angelico, directeur musical à Kassel qui dirige l’orchestre et Ulrike Schwab, metteuse en scène émergente qui a remporté le prix « Next generation Gerard Mortier » à Salzbourg en 2021 et qui commence à travailler régulièrement sur les scènes de plus en plus importantes (par exemple Mahagonny cette année à Stuttgart).

Toshio Hosokawa : Matsukaze
5 repr du 3 au 11 mai 2025 – Dir : Alexandre Bloch / Prod : Lotte van den Berg- Tobias Staab
Avec Seonwoo Lee, Natalie Lewis, Paweł Horodyski, Bruno Khoury e
D’après une pièce du Maître Zeami (XVe siècle), Matsukaze est une œuvre onirique sur l’amour, la mort, la permanence des sentiments profonds et le retour à la réalité. La pièce intimiste sera mise en scène par Lotte van den Berg et Thomas Staab, tandis que l’orchestre (Le Münchner Kammerorchester) sera confié à Alexandre Bloch, un des très bons chefs français.
Utopia (anciennt Reithalle)

Mai-Juin 2025/Juillet 2025

Pietro Mascagni : Cavalleria Rusticana
Ruggero Leoncavallo : Pagliacci
7 repr. du 22 mai au 12 juin/2 repr les 9 et 12 juillet – Dir : Daniele Rustioni (mai-juin)/Andrea Battistoni (juillet) – Prod :  Fabrizio Micheli
Avec
Cavalleria : Yulia Matochkina (mai-juin)/Ekaterina Semenchuk (juillet), Vittorio Grigolo, Rosalyn Plowright, Wolfgang Koch
Pagliacci : Ailyn Pérez, Jonas Kaufmann/Riccardo Massi (25 mai/12 juin), Wolfgang Koch, Mattia Olivieri
Santuzza devait être Anja Harteros, elle a déclaré forfait dans un rôle où elle nous aurait sans doute chavirés… regrets…
Le dyptique le plus populaire de l’opéra revient à Munich dans une production de Fabrizio Micheli, le dynamique animateur du festival Donizetti de Bergame et l’un des metteurs en scène italiens les plus imaginatifs aujourd’hui. La direction en est confiée à Daniele Rustioni (en mai-juin), très populaire à Munich à chacune de ses apparitions devenues rares. C’est Andrea Battistoni qui assurera les représentations du Festival. Du côté des ténors, le très expansif Vittorio Grigolo, qui reste une des plus belles voix italiennes, et Jonas Kaufmann en Canio devraient attirer des flux de public, d’autant qu’ils sont entourés de noms flatteurs, Mattia Olivieri, Wolfgang Koch… Mamma Lucia sera une des grandes du passé comme il se doit, Rosalind Plowright, Santuzza de dernière minute confiée à Yulia Matochkina en alternance avec Ekaterina Semenchuk (faute de grives…) et Nedda sera Ailyn Pérez, un nom connu à défaut d’être une voix passionnante. Tout le monde y courra.

Juin-Juillet 2025:

Wolfgang Amadé Mozart :  Don Giovanni
5 repr. du 27 juin au 8 juillet – Dir : Vladimir Jurowski/Prod : David Hermann
Avec : Konstantin Krimmel, Christof Fischesser, Vera Lotte Böcker, Giovanni Sala, Samantha Hankey, Kyle Ketelsen, Michael Mofidian, Avery Amereau.
C’est la première fois depuis l’arrivée de Serge Dorny que le Festival ouvre sur un titre indiscutable du grand répertoire d’opéra, puisqu’il s’agit de Don Giovanni, l’opéra des opéras qui clôt les nouvelles productions de la trilogie Da Ponte entamées il y a deux saisons avec Cosi fan tutte (Benedict Andrews) puis Le Nozze di Figaro (Evgenyi Titov). Distribution essentiellement jeune, si l’on excepte Christof Fischesser et l’excellent Kyle Ketelsen, dans laquelle on note Michael Mofidian (Masetto), dont l’excellence a été souvent remarquée lorsqu’il était dans le « Jeune ensemble » de Genève, GiovannI Sala en Ottavio désormais consommé et bien sûr Konstantin Krimmel, qui émerge aujourd’hui comme l’une des voix les plus intéressantes dans Mozart qui va affronter Don Giovanni. Du côté féminin, Samantha Hankey en Elvira convaincra—t-elle autant qu’en Octavian ? Vera-Lotte Böcker, actuellement très demandée relèvera le gant de Donna Anna… En manque de grandes chanteuses mozartiennes, toute proposition doit être accueillie. Vladimir Jurowski dirige, ce qui est évidemment une garantie de solidité, même si on peut discuter son Mozart. Reste à souhaiter que David Hermann soit aussi convaincant comme metteur en scène que dans son Entführung aus dem Serail  zurichois, et marque plus que les nouvelles productions locales des deux autres « Da Ponte », certes dignes, mais pas référentielles. Don Giovanni reste toujours un risque, une inconnue parce que la plupart des « grands » metteurs en scène s’y sont cassé les dents.

 

Juillet 2025 :

Gabriel Fauré : Pénélope
5 repr. du 18 au 29 juillet – Dir : Susanna Mälkki / Prod : Andrea Breth
Avec Brandon Jovanovich, Loïc Felix, Leigh Melrose, Ena Pongrac, Victoria Karkacheva, Rinat Shaham
Prinzregententheater
Œuvre rare, qui avait fait l’objet d’une belle production d’Olivier Py à l’Opéra national du Rhin en 2015 dirigée par le regretté Patrick Davin, Pénélope entre au répertoire de la Bayerische Staatsoper, présenté dans le magnifique écrin du Prinzregententheater, parfaitement adapté à cette œuvre antiquisante.
La pièce, grande méditation sur l’absence, est confiée à Andrea Breth, une metteuse en scène qui ne m’a jamais bien enthousiasmé, encore moins dernièrement sa Salomé aixoise, qu’on a l’air de privilégier quand on a à raconter de grandes histoires de femmes (Salomé…Butterfly à Aix et maintenant Pénélope) et, ce qui est bien plus stimulant, à la baguette de Susanna Mälkki, qui fait donc cette saison ses premiers pas à Munich, après avoir dirigé une reprise de Nozze di Figaro en janvier. Nul doute qu’elle saura approfondir et faire découvrir de manière claire le langage de Fauré. La distribution est surprenante, avec peu de chanteurs français sinon l’excellent Loïc Félix en Antinoüs et Hélène Carpentier en Alcandre. Pénélope, c’est Victoria Karkacheva, belle voix et belle actrice qui appartient à la troupe de la Bayerische Staatsoper, Ulysse, Brandon Jovanovich, pour qui je nourris toujours des doutes (mais ils doivent être rares, ces ténors qui consentent à apprendre un rôle qui n’est pas promis à être repris souvent). Heureusement, Leigh Melrose qui est un formidable acteur et chanteur sera Eurymaque.

 

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REPERTOIRE

Septembre-Octobre

Giacomo Puccini : Tosca
4 repr du 23/09 au 2/10 Dir : Oksana Lyniv / Prod. Kornél Mundruczó
Avec Lise Davidsen, Bryn Terfel, Freddie De Tommaso
Juste pour l’Oktoberfest, une distribution de grand niveau avec le ténor Freddie De Tommaso dont à juste titre tout le monde parle, Bryn Terfel en Scarpia et Lise Davidsen en Tosca, cela devrait produire des décibels … Pas sûr qu’Oksana Lyniv soit une grande puccinienne, mais si vous êtes à Munich, on peut difficilement manquer ça.

Octobre

Erich-Wolfgang Korngold : Die Tote Stadt
4 repr. Du 1er au 10 octobre : Dir : Lothar Koenigs / Prod. Simon Stone
Avec Klaus-Florian Vogt, Vida Miknevičiūtė, Sean Michael Plumb
Belle distribution et chef solide pour cette reprise. Il faudra un peu oublier Kaufmann, Petersen et Petrenko, mais avec Vogt et Miknevičiūtė, cela devrait fonctionner aussi. Donc ne pas hésiter si vous êtes à Munich.

 

Giacomo Puccini : Turandot
5 repr. du 6 au 19 oct – Dir : Antonino Fogliani / Prod. Padrissa/La fura dels Baus
Avec Sondra Radvanovski, Yonghoon Lee, Selene Zanetti, Vitaly Kowaljow
Fogliani est un excellent chef, Radvanovsky une très grande Turandot, le reste suivra forcément mais assez loin derrière. Du très bon répertoire.

Gyorgy Ligeti : Le Grand Macabre
3 repr. du 20 au 26 octobre : Dir : Kent Nagano / Prod : K.Warlikowski
Avec Michael Nagy, Benjamin Bruns etc…
La reprise de la nouvelle production du Festival 2024, garantie par le chef, l’un des grands pour ce répertoire, et par le metteur en scène, un Warlikowski qui devrait étonner avec à la clef une magnifique distribution.

Octobre-Novembre 2024
Gaetano Donizetti : L’Elisir d’amore
4 repr. du 25 oct. au 7 nov. Dir Michele Spotti / Prod. David Bösch
Avec Ambrogio Maestri, Mané Galoyan, Liparit Avétisyan, Andrzej Filończyk
Bonne reprise de répertoire avec un excellent chef (Spotti), un Ambrogio Maestri désormais de légende dans Dulcamara, un Andrzej Filończyk toujours notable dans ce répertoire qu’il connaît sur le bout des ongles, et une production de David Bösch vraiment à voir, l’une des meilleures de l’œuvre et un pilier du répertoire local. Pour le reste ce sont des voix d’avenir.

Novembre 2024

Gaetano Donizetti : Lucia di Lammermoor
4 repr. du 9 au 20 nov. Dir : Aziz Shokhakimov / Prod. Barbara Wysocka
Avec Adela Zaharia, Xabier Anduaga, Vladislav Sulimski, Riccardo Fassi
Distribution solide avec Anduaga dans Edgardo, Adela Zaharia en Lucia qui est plutôt une bonne chanteuse, et le reste du cast flatteur (Sulimski, Fassi…). Aziz Shokhakimov surprenant dans ce répertoire, mais pourquoi pas,
Si vous passez par là.

Mieczysław Weinberg : Die Passagierin
3 repr. les 15, 18, 21 nov. Dir : Azim Karimov/Prod : Tobias Kratzer
Avec Christina Bock, Elena Tsallagova, Charles Workman, Jacques Imbrailo
Plus de Sophie Koch, mais Christina Bock. Pour le reste, les mêmes sur le plateau, sauf en fosse où Jurowski laisse la place à son protégé et assistant Azim Karimov.
Qu’importe, c’est une production extraordinaire, à voir séance tenante.

Giuseppe Verdi : Aida
5 repr. du 1er au 16 dec. Dir : Francesco Ivan Ciampa/Prod : Damiano Michieletto
Avec : Elina Garança, Elena Stikhina, Amatuvshin Enkhbat, Arsen Soghomonyan
Garança, oui, cent fois oui : elle réveillera peut-être de l’ennui cette production peu inspirée de Damiano Michieletto, Stikhina sans intérêt aucun dans le répertoire italien. Enkhbat dans un rôle pas assez raffiné pour lui. Peut-être une agréable surprise du côté de Soghomonian, et en fosse, du solide avec Francesco Ivan Ciampa. J’y retournerai quand Munich aura enfin une idée pour un autre soprano en Aida…

Engelbert Humperdinck : Hänsel und Gretel
5 repr. du 2 au 8 dec. Dir : Robert Jindra/Prod : Richard Jones
Avec Angela Brower/Miriam Mesak/Wolfgang Ablinger Sperrhacke
Production traditionnelle pour les alentours de Saint Nicolas, ce sera plein d’enfants et on verra le bonheur d’aller à l’opéra.

Giuseppe Verdi: Macbeth
3 repr. Du 14 au 20 dec. Dir : Andrea Battistoni / Prod. Martin Kušej
Avec Sondra Radvanovski, Gerald Finley, Jonathan Tetelman, Dmitry Ulyanov
Même avec Tetelman qui braille bien et porte beau sans savoir ce qu’est interpréter, même dans la production de Martin Kušej qui n’excite pas la curiosité, on ne peut manquer le couple Radvanovski-Finley, d’autant qu’en fosse officie Andrea Battistoni, qui n’est pas un mauvais. Ça oui, ça vaut le voyage.

Décembre 2024/Janvier 2025

W.A.Mozart: Die Zauberflöte
6 repr. du 27 déc. au 10 janvier 2025. Dir : Nikolaj Szeps-Znaider / Prod : August Everding
Avec Tareq Nazmi, Giovanni Sala, Jessica Pratt, Ying Fang, Konstantin Krimmel
Voilà que Jessica Pratt s’exporte hors d’Italie où elle a fait les beaux soirs rossiniens et belcantistes. Une belle distribution, qui fait entendre Giovanni Sala, le ténor lyrique italien qui monte dans Mozart, Konstantin Krimmel, le jeune baryton en vogue et l’excellent Tareq Nazmi.
Et le chef Nikolaj Szeps-Znaider directeur musical de l’orchestre national de Lyon, n’a pas mauvaise réputation.
Alors, si vous avez envisagé des fêtes à Munich, à voir d’autant que la production d’August Everding est légendaire et vaut le voyage.

Janvier 2025

Wolfgang Amadé Mozart: Le nozze di Figaro
3 repr. du 14 au 19 janv. Dir : Susanna Mälkki / MeS : Evgeny Titov
Avec Peter Mattei, Golda Schultz, Louise Alder, Konstantin Krimmel, Willard White, Dorthea Röschmann, Tansel Akzeybek etc…
Pour trois représentations seulement, à ne pas manquer à cause de Peter Mattei et Golda Schultz ainsi que pour la curiosité d’entendre Susanna Mälkki dans Mozart. Pour tous les autres, ils sont excellents et on les a déjà entendus lors de la première en 2023, même si je continue d’affirmer qu’Olga Kulchynska est une Susanna (celle de la prod. Loy à Munich) autrement plus émouvante et juste que Louise Alder.

Gaetano Donizetti : Lucrezia Borgia
4 repr. du 21 au 31 janv. – Dir : Antonino Fogliani/MeS : Christof Loy
Avec Erwin Schrott, Angela Meade, Maria Barakova, Pavol Breslik etc…
On en manque pas Lucrezia Borgia, qui fit les beaux jours d’Edita Gruberova dans cette maison. Ici c’est Angela Meade, spécialiste de ce répertoire qui reprend le rôle, même si elle a pas mal déçu dans ses dernières apparitions, Erwin Schrott sera le grand méchant Alfonso (il adore ça) et Pavol Breslik très populaire à Munich sera Gennaro. En Maffio Orsini, débuts de Maria Barakova, pas si familière avec le répertoire italien, mais très bonne mezzo. En fosse, Antonino Fogliani ce qui est une garantie.

Janvier-Février 2025

Giuseppe Verdi: Un Ballo in maschera
5 repr. du 26 janv au 8 fév. – Dir : Andrea Battistoni/ MeS : Johannes Erath
Avec Igor Golovatenko, Charles Castronovo, Nicole Car, Iulia Matochkina, Erika Baikoff
Dans un opéra aussi risqué que Ballo in Maschera, on aurait préféré voir affichée une Radvanovski qu’une Nicole Car, pas réputée pour être une verdienne pur jus (et même impur) : quand les responsables du casting à Munich comprendront quelque chose à la vocalité verdienne, ils apprendront peut-être qu’Amelia est l’un des rôles les plus périlleux de tout Verdi. Dans la distribution réunie, seul Igor Golovatenko est vraiment à la hauteur de la situation, Castronovo est le ténor à tout faire pour le répertoire italien à Munich, loin d’être indigne d’ailleurs, mais on pourrait en essayer d’autres, Yulia Matochkina est pour Ulrika quelqu’un de solide et l’Oscar d’Erika Baikoff, toute nouvelle entrée dans la troupe, peut être intéressant. Battistoni en fosse, c’est très bien, mais où est Rustioni pour ce grand chef d’œuvre du répertoire verdien ? La production créée en 2016 de Johannes Erath passe la rampe ce qui est déjà exceptionnel pour un titre comme Ballo in maschera, avec alors en fosse Zubin Mehta et sur scène Anja Harteros et Piotr Beczala...

Il y a des fautes de goût et de sens peu pardonnables : on ne peut distribuer une telle œuvre avec l’intelligence (?) artificielle.

Février 2025

Giacomo Puccini : La Bohème
4 repr. du 10 au 20 févr. – Dir : Carlo Rizzi / MeS : Otto Schenk
Avec Angel Blue, Miriam Mesak, Pene Pati, Sean Michael Plumb
Une (belle) production emblématique de la maison que je vis jadis dirigée par Carlos Kleiber (avec Freni et Pavarotti)… Un titre tiroir-caisse pour toutes les maisons d’opéra, qu’on peut combiner en février avec Die Liebe der Danae. En fosse, le très solide Carlo Rizzi, une assurance de sécurité pour les orchestres, et sur scène, les débuts in loco de Pene Pati, très peu connu en Allemagne, et Angel Blue, l’une des voix américaines avec le vent en poupe, qui elle aussi fait ses débuts munichois. Tout le reste de la distribution puise dans les forces locales pour l’essentiel. Pour les amateurs de jolies voix et curieux de voir l’accueil du public, ça vaut le coup. Mais dans Bohème tout passe.

 

Février-mars 2025

Johann Strauss : Die Fledermaus
5 repr. du 23 fév. au 4 mars – Dir : Vladimir Jurowski/MeS : Barrie Kosky
Avec Georg Nigl, Julia Kleiter, Martin Winkler, Katharina Konradi etc…
Encore combinable avec Die Liebe der Danae ou simple but de voyage, cette production de Fledermaus vaut de toute manière à elle seule le déplacement, d’autant que dans la fosse officie Vladmir Jurowski. Certes, on aurait pu espérer que cette production eût pu être programmée le 31 décembre, dans la grande tradition, mais il fallait sans doute pactiser avec l’agenda du chef… Qu’importe, on y retrouve presque tous les protagonistes de la Première en décembre 2023 à l’exception de Julia Kleiter qui chante Rosalinde, sans doute plus à l’aise vocalement que Diana Damrau. Il n’y a pas d’hésitation. Courez-y d’un coup de TGV.

 

Mars 2025

Un mois de mars riche et varié avec six productions (en incluant Fledermaus) dont la majorité sont vraiment intéressantes et bien distribuées.

Georges Bizet : Carmen
5 repr. du 2 au 16 mars – Dir :  Alexandre Bloch/ MeS :  Lina Wertmüller
Avec Piotr Beczala, Rosa FEola, Jérôme Boutillkier, Clémentine Margaine etc…
Il serait temps de remiser la vieille production de Lina Wertmüller mais monter un must du répertoire comme Carmen demande une réflexion assez subtile sur la question de la mise en scène. La carrière mondiale de celle de Bieito dans de nombreux théâtres internationaux montre que l’imagination n’est pas au pouvoir en la matière. Saluons l’arrivée d’Alexandre Bloch dans la fosse munichoise après avoir dirigé un autre orchestre dans Matsukaze le mois précédent. Rien à dire sur la distribution qui devrait attirer les foules avec le retour de Piotr Beczala qui sera Don José, la Micaela poétique de Rosa Feola et les débuts munichois de Jérôme Boutillier en Escamillo, sans parler de la Carmen de Clementine Margaine, un must.

Leos Janáček : La petite renarde rusée
3 repr. du 8 au 14 mars 2025 – Dir : Lothar Koenigs /MeS : Barrie KoskyAvec Wolfgang Koch, Elena Tsallagova, Angela Brower etc…
Une reprise de cette production de Janáček pour offrir au public intéressé la possibilité de combiner éventuellement avec la nouvelle production de Kat’a Kabanova. Ceux qui peuvent voyager pourraient ainsi combiner La petite renarde rusée, Carmen et Kat’a ce qui vu les distributions, pourrait intéresser. La production de Barrie Kosky, très poétique et assez minimaliste n’est pas l’une de ses plus spectaculaires mais est de bonne facture, la direction est confiée au solide Lothar Koenigs, et dans la distribution on retrouve le magnifique trio Wolfgang Koch, Elena Tsallagova et Angela Brower. De quoi satisfaire les plus exigeants.

Richard Strauss : Der Rosenkavalier
3 repr. du 23 au 30 mars 2025 – Dir : Vladimir Jurowski/MeS : Barrie Kosky
Avec Marlis Petersen, Brindley Sherratt, Liv Redpath, Johannes Martin Kränzle, Samantha Hankey, Daniela Köhler, Claudia Mahnke, Gerhard Siegel etc…
Petite série superbement distribuée, avec des nouveaux venus (Brindley Sherratt en Ochs et Liv Redpath, splendide voix si adaptée à Sophie), même si en Ochs je préfère toujours un artiste germanophone, et toujours en fosse Vladimir Jurowski dans la mise en scène magique de Barrie Kosky. Cela ne se manque pas, surtout qu’on peut combiner avec Kat’a Kabanova la nouvelle production du mois et une reprise de Fliegende Holländer qui vaut des premières au vu de la distribution. 

Richard Wagner: Der fliegende Holländer
3 repr. du 25 au 31 mars 2025 – Dir : Mikko Franck/MeS : Peter Konwitschny
Avec Gerald Finley, Tansel Akzeybek, Asmik Grigorian, Franz-Josef Selig, Benjamin Bruns, Natalie Lewis.
SI Mikko Franck n’annule pas, il descendra en fosse à Munich pour la première fois (enfin…) ce pourrait être un des musts de l’année, car réunir une telle distribution est exceptionnel dans une production qui ne vieillit pas et qui fait encore les beaux soirs munichois, toujours avec succès. Donc, mars est riche à Munich et mérite un voyage sino un séjour.


Avril 2025

Giacomo Puccini : Madama Butterfly
3 repr. du 3 au 8 avril – Dir : Emmanuel Villaume /MeS Wolf Busse
Avec Elena Guseva, Stefan Pop, Aleksei Isaev, Irene Roberts etc…
Elena Guseva est une Butterfly intéressante, mais flanquée d’un Pinkerton qui ferait mieux de ne pas bouger de son navire de guerre… Pour le reste, du répertoire, un peu tiroir-caisse.

Gioachino Rossini : La Cenerentola
3 repr. du 4 au 9 avril – Dir : Gianluca Capuano /MeS : Jean-Pierre Ponnelle
Avec Vasilisa Berzhanskaja, Jonah Hoskins, Sean Michael Plumb, Micha Kiria, Roberto Tagliavini etc…
Une production historique, à voir absolument à Milan ou à Munich.
Elle bénéficie ici de plusieurs atouts dont la direction musicale experte de Gianluca Capuano, désormais consacré spécialiste ès Cenerentola tant il dirige l’œuvre de Rossini partout. Mais pas seulement, Misha Kiria et Roberto Tagliavini sont d’excellents chanteurs, et Vasilisa Berzhanskaja est la rossinienne à ne jamais manquer quand elle chante quelque part. Et c’est l’occasion de découvrir un nouveau ténor, venu d’outre-Atlantique, qui semble intéressant, Jonah Hoskins.

 

Giacomo Puccini : Manon Lescaut
3 repr. du 17 au 24 avril – Dir : Marco Armiliato /MeS : Hans Neuenfels
Avec Ermonela Jaho, Yusif Eyvasov, George Petean etc…
Cette production devait jadis signer le retour de Netrebko à Munich, mais elle entra en conflit avec le metteur en scène Hans Neuenfels, aujourd’hui disparu… A défaut de Madame, on aura Monsieur (Yusif Eyvazov) en Des Grieux, voix très travaillée, attentive, sans trop de charisme. George Petean, une garantie, en Lescaut, et surtout Ermonela Jaho, puccinienne d’exception qui fera pleurer la salle dans Sola, perduta, abbandonata… En fosse, une autre garantie de solidité et d’expérience, Marco Armiliato. On ne manque pas ça.

P.I.Tchaïkovski : La Dame de Pique
4 repr. du 19 au 29 avril – Dir : Sebastian Weigle /MeS : Benedict Andrews
Avec : Elena Stikhina, Violeta Urmana, Arsen Soghomonyan, Vladislav Sulimski, Boris Pinkhasovich etc…
Si les excellents Pinkhasovich et Urmana ont survécu au passage de saison, le reste de la distribution est tout neuf, et avec des chanteurs intéressants : Soghomonian sublime Bezoukhov de Guerre et Paix en 2023 et Vladislav Sulimski, magnifique Macbeth salzbourgeois la même année. Et Elena Stikhina (il paraît que c’est une vedette) est dans son répertoire idiomatique et elle y est vraiment convaincante. En fosse, Sebastian Weigle est l’assurance d’une exécution sans accident. La mise en scène de Benedict Andrews passe la rampe sans marquer ni l’histoire ni les esprits.

 

Mai 2025

Giuseppe Verdi : Don Carlo
3 repr. du 3 au 17 mai – Dir : Zubin Mehta / MeS : Jürgen Rose
Avec Stephen Costello, Erwin Schrott, George Petean, Dmitry Belosselskiy, Rachel Willis-Sørensen, Ekaterina Semenchuk.
Pauvre Zubin Mehta… Mais quel esprit tordu a conçu une distribution qui est une des pires du genre pour le retour dans la fosse munichoise de l’un des plus grands verdiens vivants dans une des plus grandes œuvres de Verdi?
Erwin Schrott est autant Filippo II qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, Stephen Costello inexistant en Don Carlo, Rachel Willis-Sørensen certes correcte mais pas vraiment une Elisabetta de référence. Seuls Ekaterina Semenchuk défendable par un Don fatale qu’elle affronte bien, mais pas dans la chanson sarrasine (l’air du voile) dont elle n’a ni le style ni les agilités, Petean, qui a lui, l’élégance d’un Posa, et Belosselskiy sauvent la mise, mais pas la misère du reste. Ça reste de la série B de toute manière.
Confirmation de ce que nous affirmions sur la totale absence de prise en compte des nécessités d’une vraie distribution verdienne dans le casting-management munichois. Si on décide de faire Don Carlo, on fait (un peu) honneur à l’œuvre. Une insulte à Mehta (et à Verdi).

W.A.Mozart : Cosi fan tutte
4 repr. du 12 au 21 mai 2025 – Dir : Christopher Moulds/MeS : Benedict Andrews
1 repr le 5 juil.2025
Avec Olga Kulchynska, Avery Amerau, Andrei Zhilikhovsky, Daniel Behle, Sandrine Piau, Johannes Martin Kränzle.
Enfin Olga Kulchynska dans un Mozart dans cette maison où elle a été une Susanna d’exception, on courra entendre sa Fiordiligi. Le couple mythique de Guerre et Paix se reconstitue dans ce Mozart puisque Andrei Zhilikhovsky à la voix veloutée est Guglielmo, face à Daniel Behle, l’un des meilleurs ténors actuels pour Mozart, qui est Ferrando. On retrouve Avery Amereau, Sandrine Piau et Johannes Martin Kränzle qui a succédé dans cette production à Christian Gerhaher avec un succès éclatant. En fosse Christopher Moulds, solide mozartien bon teint. Pourquoi ne pas se laisser tenter, il n’y a que du bon dans ce cast !

 

Juin 2025

Antonín Dvořák: Rusalka
3 repr. du 7 au 13 juin – Dir : Edward Gardner/MeS : Martin Kušej
2 repr. les 25 et 29 juil
Avec Pavol Breslik, Elena Guseva, Svetlana Aksenova, Christof Fischesser, Christina Rice.
Belle distribution, de grand niveau avec un des meilleurs ténors, un soprano de référence et une des belles basses du moment et surtout Edward Gardner en fosse, vrai chef d’opéra qui nous a enthousiasmés dans Peter Grimes. En juin ou au festival, à ne pas manquer

Giuseppe Verdi : La Traviata
3 repr. du 15 au 22 juin – Dir : Speranza Scappucci/MeS : Günter Krämer
Avec Yaritza Véliz, Liparit Avetisyan, Simon Keenlyside etc…
Une jeune chilienne en Violetta dont tout le monde parle, un jeune ténor valeureux qu’on commence à entendre un peu partout, et un des grands barytons référentiels de la scène mondiale. En fosse, Speranza Scappucci fait ses débuts à Munich et je parie qu’elle va triompher.
Du répertoire tiroir-caisse, certes, mais on ira avec plaisir si on passe par là.

 

Festival 2025

  • Deux nouvelles productions créées pendant le Festival
    W.A.Mozart : Don Giovanni
    Gabriel Fauré : Pénélope (au Prinzregententheater)
  • Reprises des nouvelles productions de la saison
    Gaetano Donizetti : La Fille du régiment
    Leos Janáček : Kat’a Kabanova
    Mascagni : Cavalleria Rusticana/R.Leoncavallo : Pagliacci
    Richard Strauss: Die Liebe der Danae
    Richard Wagner:
    Das Rheingold
  • Six productions de répertoire
    Quatre présentées dans la saison :

W.A.Mozart : Le nozze di Figaro
W.A.Mozart : Cosi fan tutte
Antonín Dvořák: Rusalka
Richard Wagner: Lohengrin

 

Deux reprises spécifiques au Festival :
H.Purcell : Dido and Aeneas/A.Schönberg: Erwartung
2 repr. Les 13 et 16 juillet – Dir : Valentin Uryupin/MeS : Krzysztof Warlikowski
Avec Sonya Yoncheva, John Holiday, Günter Papendell, Rinat Shaham, Elmira Krakhanova, Erika Baikoff
Quelque changement pour cette production reprise dans le Festival sûrement parce que le nom de Sonya Yoncheva devrait attirer le chaland. Elle a une vraie expérience baroque, mais Schönberg n’est pas exactement son univers, même si qui ne risque rien n’a rien et Yoncheva est du genre prête à tout…. En fosse, un nouveau venu qui nous a tant plu à Francfort dans Die Zauberin (L’Enchanteresse) Valentin Uryupin.

Giuseppe Verdi: I Masnadieri
2 repr. Les 17 et 20 juillet – Dir : Antonino Fogliani/MeS : Johannes Erath
Avec Erwin Schrott, Charles Castronovo, George Petean, Lisette Oropesa etc..
Là encore une reprise spéciale Festival pour une production où Oropesa fait tomber le public du balcon. Pour elle, pour l’excellent Fogliani, si vous êtes à Munich, ce sera une belle soirée…

 

En résumé :
Tableau synoptique:

NP= Nouvelle production

42 titres, 23 compositeurs différents, dont 10 titres en nouvelle production et 3 entrées au répertoire, la Bayerische Staatsoper fait honneur à sa réputation dans une saison solide, avec plus de hauts que de bas.

Compositeurs et œuvres :

NP= Nouvelle production
ER= Entrée au répertoire

Bizet
Carmen

Donizetti
Lucia di Lammermoor
L’Elisir d’amore
La fille du régiment (NP)
Lucrezia Borgia

Dvořák
Rusalka

Fauré
Pénélope (NP)(ER)

Hosokawa
Matsukaze (NP)(ER)

Humperdinck
Hänsel und Gretel

Janáček
Kat’a Kabanova (NP)
La petite renarde rusée

Korngold
Die tote Stadt

Larcher
Das Jagdgewehr (le fusil de chasse) (NP)(ER)

Leoncavallo
I Pagliacci (NP)

Ligeti
Le Grand Macabre

Mascagni
Cavalleria Rusticana (NP)

Mozart
Le nozze di Figaro
Don Giovanni (NP)
Cosi fan Tutte
Die Zauberflöte

Puccini
Manon Lescaut
La Bohème
Tosca
Madama Butterfly
Turandot

Purcell
Dido and Aeneas

Rossini
La Cenerentola

Verdi
I Masnadieri
La Traviata
Un Ballo in maschera
Macbeth
Don Carlo
Aida

Schönberg
Erwartung

Strauss (J)
Die Fledermaus

Strauss (R)
Die Liebe der Danae (NP)
Der Rosenkavalier

Tchaïkovski
La Dame de Pique

Wagner
Das Rheingold (NP)
Der fliegende Holländer
Lohengrin

 

Weinberg
Die Passagierin

Ballet

 

(Par Jean-Marc Navarro)
La saison 2023-2024 du Ballet de l’Opéra d’Etat de Bavière avait été annoncée par Laurent Hilaire peu après son arrivée à la tête du Ballet dans les conditions qu’on sait en remplacement d’Igor Zelensky, saison largement programmée par ce dernier mais qui aura permis à Laurent Hilaire d’observer la Compagnie à l’œuvre dans des styles allant de l’académique pur au contemporain élégant. C’est dans cette même veine que se modèle la proposition 2024-2025.

Un peu plus contractée en termes de volume de titres proposés, elle offre moult œuvres académiques et narratives.

– Prime au romantisme français d’abord : Hilaire fut un interprète estimé de James et nul doute qu’il pourra prodiguer ses conseils à ses danseurs lors de l’entrée au répertoire de La Sylphide de Pierre Lacotte, hommage au Maître disparu il y a un an. La production de Peter Wright de Giselle se refera quant à elle une beauté à l’occasion d’une Wiederaufnahme attendue.

– De grands ballets narratifs ou néo-classiques déjà à l’affiche de la saison en cours seront repris : c’est le cas d’Onéguine et de Roméo & Juliette de Cranko, qui côtoient donc deux saisons de suite Le Parc, ballet créé par Laurent Hilaire. Chacun est un grand hit du répertoire, les risques en termes de remplissage sont donc limités et cela permettra à la Compagnie d’approfondir son travail d’appropriation de ces œuvres mais présenter tant de redondances aussi concentrées dans une programmation est assez inhabituel !

– Il faudra guetter fin mai 2025 les distributions du Lac des Cygnes dans la version (totalement et génialement réimaginée) de John Neumeier, reprise en Wiederaufnahme et donc sans doute réglée par le Maître soi-même, qui sera alors dégagé de ses obligations hambourgeoises à l’issue d’un règne de 51 ans !

– La série de cartes blanches au cours desquelles des chorégraphes renommés ou expérimentés proposent de faire découvrir des oeuvres de la génération émergente se poursuit. Après Goecke et Preljocaj, c’est à Leon/Lightfoot qu’il reviendra de constituer le programme, toujours non annoncé, de ces soirées. Leur Schmetterling, récemment entré au répertoire de la compagnie bavaroise, sera par ailleurs repris.

– Du côté contemporain, nous aurons deux Triple bills faisant étalage de grands classiques du genre. Avec la soirée Bella Figura (Kylian), Faun (Cherkaoui), Le sacre du printemps (Pina Bausch), deux monuments du ballet seront offerts ; la seconde soirée Duato / Skeels / Eyal est là encore une reprise d’un programme de la saison en cours !

– Après Peeping Tom (…), c’est Lucia Lacarra, ancienne Étoile de la Compagnie et ballerine de légende désormais free-lance, qui sera invitée à présenter un spectacle créé en 2023, Lost Letters, avec Matthew Golding et un petit ensemble de 8 autres danseurs, co-production de théâtres espagnols. 70 minutes pour une soirée complète ; un peu chiche tout de même.

Rien de très défrisant, que du très rassurant, en totale continuité avec la saison actuelle ; totale continuité au point de relever du copier-coller facialement un peu paresseux avec beaucoup de séances de rattrapage pour des œuvres déjà données en 2023-2024. Nouvelle saison de transition avant que Laurent Hilaire ne montre une vraie patte programmatique propre à compter de la saison prochaine ?

En attendant, que d’occasions pour la nouvelle génération d’artistes et nouvelles recrues, singulièrement masculines, de construire une belle expérience dans les piliers du répertoire !

Concerts
Bayerisches Staatsorchester

Akademiekonzerte

Le Bayerisches Staatsorchester vient de fêter ses cinq-cents ans d’existence et c’est la référence historique en matière musicale à Munich. Que sur la place d’autres orchestres symphoniques aient depuis pris une place essentielle dans le paysage national et international comme les Münchner Philharmonikler et surtout le BRSO, l’Orchestre de la Radio Bavaroise aujourd’hui dirigé par Sir Simon Rattle et qui vient de fêter quant à lui ses 75 ans d’existence par des Gurrelieder qui ont fait accourir les amateurs, n’empêche pas le Bayerisches Staatsorchester (Orchestre d’État de Bavière) de tenir son rang comme orchestre symphonique et d’offrir depuis plus de deux siècles des « Akademiekonzerte » qui forment la saison symphonique traditionnelle de la Bayerische Staatsoper, avec six concerts par an, dont traditionnellement le GMD assure une forte partie (ici trois) sur les six.

Les autres concerts sont cette année dirigés par des chefs de la jeune à très jeune génération (classe 1982 pour Urbański, 1993 pour Guggeis, 2000 pour Peltokoski), sans laisser le podium la saison prochaine à des cheffes.

Quelques remarques :

  • Le choix des chefs/cheffes est indépendant de la saison des opéras, ce qui rend la saison « autonome » par rapport à la saison d’opéra
  • Les programmes explorent un répertoire large, qui dépasse les grands classiques. Cette saison, seule la Neuvième de Beethoven qui ouvre la saison est l’exception qui confirme la règle, dans une saison qui n’affiche ni Brahms ni Schubert ni Mahler, mais Schönberg, Sibelius, Dvořák, Stravinski, Bruckner, Zemlinsky, Chausson, Mendelssohn, Martin, Saariaho, Strauss et Korngold et donc une sacrée diversité de styles et de cultures musicales.
  • Si on ne découvrira ni Jurowski, ni Urbański, ni Guggeis on découvrira peut-être à Munich Tarmo Peltokoski, le tout jeune (né en 2000) chef de l’orchestre National du Capitole de Toulouse et qui commence à apparaître sur tous les podiums qui comptent et a signé fin 2023 un contrat exclusif avec Deutsche Grammophon.

Une saison stimulante, sans doute influencée par les goûts de Vladimir Jurowski, qui imprime une couleur particulière au répertoire qu’il dirige et qu’il promeut, est-ce la raison pour laquelle des bruits circulent qu’il ne serait pas renouvelé comme GMD par le Ministère bavarois ? Ce serait une grosse bêtise, mais ce ne serait pas la première fois que les choix des politiques sont absurdes et illogiques.


1er Akademiekonzert
4, 5, 6 novembre 2024
Dir: Vladimir Jurowski

Arnold Schönberg
Un survivant de Varsovie op. 46
Ludwig van Beethoven
Symphonie n°9 en ré mineur op. 125
Hanna Elisabeth Müller (Soprano), Emily Sierra (Mezzosoprano), Daniel Behle (Ténor), Christof Fischesser (Basse)


2
ème Akademiekonzert
25, 26 novembre 2024
Dir: Krzysztof Urbański
Emanuel Graf, Violoncelle

Antonín Dvořák
Concerto pour violoncelle en si mineur op. 104
Igor Strawinsky
Le sacre du printemps

3ème Akademiekonzert
11, 12 janvier 2025
Dir: Thomas Guggeis
Aigul Akhmetshina, mezzosoprano

Felix Mendelssohn Bartholdy
Die schöne Melusine op. 32
Ernest Chausson
Poème de l’amour et de la mer op. 19
Alexander Zemlinsky
Die Seejungfrau. Fantaisie pour orchestre

4ème Akademiekonzert
17, 18 février 2025
Dir : Vladimir Jurowski
Matthias Goerne, baryton

Frank Martin
Sechs Monologe aus Jedermann
Anton Bruckner
Symphonie n° 6 en la majeur

5ème Akademiekonzert
26, 27 avril 2025
Dir : Tarmo Peltokoski
Daniel Lozakovich, violon

Richard Strauss
Don Juan
Erich Wolfgang Korngold
Concerto pour violon en ré majeur op. 35
Kaija Saariaho
Ciel d’hiver
Jean Sibelius
Symphonie n°7 en ut majeur op. 105

6ème Akademiekonzert
2, 3 juin 2025
Dir: Vladimir Jurowski

Joseph Haydn
Symphonie n° 45 en fa dièse mineur Hob. I:45 Abschiedssymphonie
Dmitri D. Chostakovitch
Symphonie n°8 en ut mineur op. 65

 

Musique de chambre, récitals, concerts spéciaux et concerts du Studio

 

À côté des six programmes d’Akademiekonzerte qui constituent la saison symphonique, d’abord une saison de musique de chambre avec notamment :

6 concerts de musique de chambre (chacun flanqué d’un titre),

  • Tous situés dans la Allerheiligen Hofkirche, une église bombardée et déconsacrée, désormais salle de concert et de conférences refaite en style néo-byzantin, située dans la Résidence, soit à deux pas de l’Opéra.
  • Tous programmés le dimanche à 11h de chaque mois (sauf décembre et mars)
  • 20 Octobre 2024 : « Trois fois cinq »
    Trois quintettes à cordes
    Bruch, quintette à cordes en mi bémol majeur
    Beethoven, quintette à cordes en ut majeur op.29
    Brahms, quintette à cordes en sol majeur op.111
  • 17 Novembre 2024 : « Quatre cors pour un tuba »
    Tcherepnin, Hindemith, Tippett, Danielsson
  • 19 Janvier 2025 : « Quintettes à vents sur deux siècles »
    Haydn, Villa-Lobos, Ibert, Zemlinsky, Nielsen
  • 23 Février 2025 : « Pfitzner et Brahms »
    Pfitzner : Trio pour piano en fa majeur op.8
    Brahms : Quatuor pour piano en ut mineur op.60
  • 6 Avril 2025 : « Hindemith et Bartók »
    Hindemith, Quatuor pour clarinette violon, violoncelle et pianoBartók : Quintette pour piano en ut mineur op.3 Sz 23
  • 18 Mai 2025 : « Polyphonie sur cinq siècles »
    Di Lasso, Gibbons, Bach, Schumann, Glinka, Koechlin

 

Des Récitals

Récitals du Studio :
Six récitals où deux membres du studio se présentent au Künstlerhaus, Millerzimmer
Essentiellement le vendredi à 19h30 (sauf un dimanche de mars à 18h30)
Le Künstlerhaus est situé Lenbachplatz, à deux arrêts de Tram (19 et 21) du Nationaltheater

  • Vendredi 8 novembre 2024, 19h30
  • Vendredi 13 décembre 2024, 19h30
  • Vendredi 17 janvier 2025, 19h30
  • Vendredi 21 février 2025, 19h30
  • Dimanche 16 mars 2025, 18h30
  • Vendredi 20 avril 2025, 19h30

 

Grand récital du Studio
Au Cuvilliés Theater

Samedi 30 novembre 2024, à 19h30

 

Les concerts du Festival

26 juin, 10h
Messe d’ouverture du Festival

Église St Michael (NeuhauserStr.)
Solistes et Chœur de la Bayerische Staatsoper
Bayerisches Staatsorchester

 

Récitals et concerts de musique de chambre émaillent la période du Festival.

 

Récital des membres du Studio
Au Cuvilliés Theater

Dimanche 13 juillet 2025, à 19h30

 

 

Récitals
(Liederabende, avec de grands noms du chant)
Au Nationaltheater ou au Prinzregententheater

 

  • 14 Juillet, 20h
    Diana Damrau, soprano
    Helmut Deutsch, piano
    Nationaltheater
  • 15 juillet, 20h
    Gerald Finley, baryton
    Isata Kanneh-Mason, piano
    Prinzregententheater
  • 18 Juillet, 20h
    Piotr Beczala, ténor
    Helmut Deutsch, piano
    Nationaltheater
  • 20 Juillet, 20h
    Julia Kleiter, soprano
    Christian Gerhaher, baryton
    Gerold Huber, piano
    Schumann
    Prinzregententheater
  • 22 Juillet 20h
    Christian Gerhaher, baryton
    Gerold Huber, piano
    Schumann
    Prinzregententheater
  • 24 Juillet, 20h
    Konstantin Krimmel, baryton
    Ammiel Bushakewitz, piano
    Prinzregententheater
  • 26 juillet, 20h
    Jonas Kaufmann ténor
    Helmut Deutsch, piano
    Nationaltheater

 

Concerts de musique de Chambre

Au Cuvilliés Theater, cinq concerts de musique de chambre

  • 3 Juillet, 20h
    « Octuor pour vents »
    Raff, Sinfonietta op.188
    Enescu, Dixtuor op.14
    Beethoven, Octuor en mi bémol majeur op.103
  • 10 juillet, 20h
    « Grands quintettes pour piano »
    Mozart, Concerto pour piano en La majeur KV 414 (version pour piano, deux violons, alto, violoncelle)
    von Dohnányi, Quintette n°1 en ut mineur op.1
    Schumann, Quintette pour piano en mi bémol majeur op.44
  • 15 juillet 20h
    « Widmann et Mozart »
    Jörg Widmann, Tränen und Musen pour clarinette, violon, piano
    Jörg Widmann, Passacaglia pour violon, violoncelle et piano
    Mozart, Quintette pour clarinette en la majeur KV 581
  • 23 juillet, 20h
    « Quintette La Truite»
    Mozart, Quintette pour basson et violoncelle KV 292 dans la version pour violoncelle et contrebasse
    Reger, Trio à cordes n°1 en la mineur op.77b
    Schumann, Quintette pour piano en La majeur op.post 114 D 667 « La truite »
  • 26 juillet, 20h
    « Récital Blai Gumí Roca »
    Blai Gumí Roca est première contrebasse solo du Bayerisches Staatsorchester
    Pfizner, Sextuor en sol mineur op.55
    Bottesini, I puritani, duo pour violoncelle et contrebasse
    Strauss(Josef), Die guten alten Zeiten, Valse op.26
    Schulhoff, Concertino pour flûte, altro et contrebasse WV 75
    Piazzola, Duo pour violon et contrebasse
    Gumi, Nana Andaluza pour contrebasse
    Cruxient, Divertimento de El Pario pour clarinette, contrebasse, batterie et piano.

    Blai Gumi Roca , contrebasse et membres du Bayerisches Staatsorchester
     

A noter aussi quelques autres concerts dont ceux de ATTACA, l’orchestre des jeunes du Bayerisches Staatsorchester

 

Divers

Essentiellement une programmation riche pour les enfants entre ballets et théâtre musical, ou concerts commentés sans compter les représentations en saison à des tarifs spéciaux pour les familles, des ateliers autour de certaines œuvres (Elisir d’amore, Cenerentola, Giselle par exemple) ou des ateliers autour des activités lyriques et chorégraphiques (chant et mouvement, danse et force, rythme et son, jeu scénique et voix) voire un atelier plus long autour de Zauberflöte ou des Ateliers pour adultes (Yoga)

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Programmation pour enfants

Pendant la SeptemberFest

21 septembre 2024
Création :
Renu Hossain, Anoosha Shastry : Sakuntalas Ring

Pièce de danse participative pour enfants et jeunes à partir de 10 ans
Chorégraphie Anoosha Shastry
Design sonore Renu Hossain (à partir de La Bayadère, enregistré par la Bayerisches Staatsorchester)
Avec le Bayerisches Staatsballett et invité
Vorderhaus, Nationaltheater

Reprise
Franziscka Angerer, Charlotte Edmonds : Wie der Fisch zum Meer fand

Pièce de danse pour enfants à partir de 4 ans
Avec le Bayerisches Staatsballett et invités
Königssaal du Nationaltheater

22 Septembre 2024 (14h)
Serguei Prokofiev, Peter und der Wolf (Pierre et le Loup)
Voir ci-dessous (concerts pour enfants)
Nationatheater

Novembre 2024
Création
Gustavo Strauss, Wyld
Pour enfants et jeunes à partir de 10 ans
Concept : Tristan Braun, Catherine Leiter
Mise en scène : Sarah Scherer
Chanteuses et chanteurs de la Bayerische Staatsoper
Membres du Bayerisches Staatsorchester

10 repr du 8 au 15 nov.
Grande salle de répétition du Nationaltheater

Janvier-Février 2025
Richard Whilds, Frank und Bert
Reprise
Théâtre musical pour enfants à partir de 4 ans

MeS: Friederike Blum

Chanteuses et chanteurs de la Bayerische Staatsoper
Membres du Bayerisches Staatsorchester
9 repr. du 22 janv. au 1er fév.
Grande scène de répétitions du Nationaltheater

 

Concerts pour enfants

Œuvres raffinées pour les petits, racontées ou dessinées

Wilfried Hiller, Michael Erde : Tranquilla Trampeltreu/Der Lindwurm und der Schmetterling

Concert pour enfants à partir de 5 ans
Dir. Mus. : NN
Implantation scénique : Catharina von Bülow
Chanteuses et chanteurs de la Bayerische Staatsoper
Bayerisches Staatsorchester

6 repr. du 21 au 25 juin 2025
Bergson Kunstkraftwerk (Centrale d’Art Bergson)
Am Bergson Kunstkraftwerk 2, Munich

22 Septembre 2024 (14h)
Serguei Prokofiev, Peter und der Wolf (Pierre et le Loup)
Dir : Azim Karimov
Illustrateur : Adam Higton

Avec récitant/Récitante
Bayerisches Staatsorchester
Pour enfants à partir de 4 ans
Nationaltheater

Octobre 2024

Wilfried Hiller, Alan Ridout, Munro Leaf

Tierische Begegnungen, die zertreute Brillenschlange/Ferdinand der Stier
(Rencontres animales, le serpent à lunettes trituré/Ferdinand le taureau)
Concert pour enfants à partir de 4 ans
Avec récitante
Clarinette, violon, violoncelle

5 repr. du 5 au 12 oct.
Vestiaire des fauteuils d’orchestre, Nationaltheater

Décembre 2024
Kinder erzählen für Kinder
Les enfants racontent aux enfants
Concert pour enfants à partir de 5 ans

(avec des œuvres de Mozart)

Praetorius Quartett

5 repr. du 14 au 20 déc.
Vestiaire des fauteuils d’orchestre, Nationaltheater

Mai 2025
Eine musikalische Reise durch die Romantik

(Un voyage musical dans le romantisme)
Concert pour enfants à partir de 5 ans

Brahms, Schubert, Schumann, Verdi
Kevin Conners, ténor
Anne Schätz, piano

7 repr. du 17 au 25 mai
Grande salle de Répétition, Nationaltheater

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La saison ouvre par la désormais traditionnelle Septemberfest dans laquelle on a signalé quelques spectacles pour enfants ci-dessus sont organisés les 21 et 22 septembre

 

  • Musik auf der Plaza, les cours de la Résidence envahies par la musique
  • Portes ouvertes, ventes de costumes, visites des coulisses
  • Deux représentations de ballet Würzel un Blättern dans le Nationaltheater à 20 h
  • Le 22 sept. à 14h, Pierre et le Loup qu’on a évoqué ci-dessus

Le concert Oper für alle qui lance la saison hors les murs aura lieu à Oberammergau

Le 20 septembre 2024 à 19h

Direction : Ivan Repušić (directeur musical de l’Opéra de Leipzig à partie de 2025)
Bayerisches Staatsorchester

Avec Piotr Beczala, ténor et Aigul Akhmetshina, mezzo
Entrée gratuite, avec réservation.

Tandis que la non moins traditionnelle représentation Oper für Alle du Festival d’été est prévue :

Le 6 juillet 2024, 19h
W.A.Mozart : Don Giovanni
Dir. Mus : Vladimir Jurowski
MeS : David Hermann
Avec Konstantin Krimmel, Kyle Ketelsen, Michael Mofidian, Avery Amereau, Samantha Hankey, Vera-Lotte Böcker, Giovanni Sala, Christof Fischesser

 

Conclusion

 

La saison 2024-2025 est une saison solide d’un grand théâtre d’opéra de niveau mondial, doté d’un atout exceptionnel, son orchestre qui est l’un des meilleurs sinon le meilleur orchestre d’opéra en Europe. Certes, cette saison est un peu moins profilée que les dernières, (mais qui avaient été aussi l’objet d’autres critiques, disparues après les éclatants succès des Diables de Loudun (2022), de Guerre et Paix (2023) et de Die Passagierin (2024). Mais si ces œuvres sont « entrées au répertoire », elles n’y restent pas, par exemple Guerre et Paix empêche des reprises même moins fréquentes par l’énorme logistique exigée. Il faudra aller à Barcelone dans quelques années pour revoir cette production éblouissante. Il est dommage que les nouvelles productions ne soient pas au moins dans les années qui suivent toujours reprises avec régularité..
En effet, quand un théâtre possède de telles productions, il possède un trésor qui ne saurait être un joyau qu’on exhibe une seule fois ou deux. C’est vraiment la limite d’une politique d’œuvres nouvelles présentées qui est une bonne politique, mais pensée plus dans une logique de stagione que celle d’un théâtre de répertoire et donc de conservation. C’est dommage. Cela signifie aussi qu’il faut qu’une réflexion naisse à Munich et ailleurs sur une redéfinition du théâtre de répertoire.

Cette saison, on retrouve un soin un peu plus affirmé sur les distributions du répertoire, essentiel à Vienne ou à Munich. Ce sont les deux théâtres où le répertoire est déterminant et on a pu avoir l’impression qu’il était un peu négligé. Ce n’est pas le cas cette année avec des reprises vraiment stimulantes, à l’exception d’inexplicables ratages comme un Don Carlo ni fait ni à faire quand on a un chef de légende (Zubin Mehta) qui revient dans la fosse, et une belle production (Jürgen Rose).
On peut regretter aussi l’absence relative de Daniele Rustioni apprécié du public, et qui désormais, peut assurer aussi bien le répertoire italien que russe voire allemand. Se priver d’un aussi bon chef est peut-être un mauvais calcul.
Enfin si dans les compositeurs italiens Verdi et Puccini encore cette année se taillent la part du lion, avec une ouverture vers Donizetti, il manque à la Bayerische Staatsoper du Bellini : Sonnambula, Puritani devraient logiquement être présents, et surtout Rossini. En dehors de Barbiere di Siviglia et Cenerentola, régulièrement repris, Munich possède au répertoire Semiramide (Prod. David Alden) et Guillaume Tell (Prod. Antu Romero Nunes), il faudrait au moins Moïse (ou Mosè in Egitto) et un autre opera seria (Tancredi? La Donna del Lago ?)

Par ailleurs ce qui me peine dans une maison à laquelle je suis lié depuis bientôt un demi-siècle, c’est que certains rituels s’effilochent, d’ailleurs déjà pendant la période Bachler. Certes, on peut toujours discuter les rituels, mais Munich, c’était par exemple systématiquement le 31 juillet la clôture de la saison et du Festival par Die Meistersinger von Nürnberg.
Déjà Bachler l’avait fait sauter le 31 juillet, mais là on n’a pas joué Die Meistersinger von Nürnberg depuis 2018, dans le théâtre qui l’a créé. Je trouve cela problématique, car l’œuvre fait partie de l’ADN du théâtre. Il serait temps qu’on se réveille.
Autre rituel, Die Fledermaus le 31 décembre. La production a été jouée cette saison le 31 décembre parce que c’était la nouvelle production, et avec quel succès, mais pas la saison prochaine (ce sera la Fille du régiment, une comédie certes, mais pas très adéquate pour un 31 décembre). Fledermaus est repris, certes, mais en mars, parce qu’Amsterdam coproducteur la présente jusqu’au 29 décembre. Et si cette saison Die Fledermaus clôt le Festival, c’est sans Jurowski, qui en revanche fermera la saison suivante avec Das Rheingold. Il n’y aucune logique, et d’ailleurs pour la première fois Vladimir Jurowski consent à diriger à Munich un 31 juillet alors que ce devrait être simplement normal.
Dernier rituel typiquement germanique, Parsifal à Pâques, repris cette saison, mais pas la saison prochaine, alors que ce devrait être une sorte de rendez-vous implicite, même si la production actuelle (Audi/Baselitz) n’est pas vraiment excitante.
Ces reprises ritualisées sont des occasions pour le public de retrouver sa maison et de baliser l’année. Munich c’est d’abord une tradition (Strauss et Wagner), ensuite un répertoire, le plus large d’Allemagne, qu’il faut continuer d’étoffer : les grandes maisons comme Vienne, la Scala, le San Carlo, Munich sont des temples, et et comme les grands temples, elles doivent abriter et respecter les rituels.

Si Dorny introduit une ouverture nouvelle à des œuvres inconnues à Munich, c’est vraiment très bienvenu, pourvu que ces nouveautés deviennent quelque peu des habitudes, sinon ce sont des coups d’épée dans l’eau sans lendemain.

Enfin quelques remarques amères, toujours les mêmes

  • il y a des productions qu’on n’a plus revues, victimes du Covid, maiss ans doute aps seulement: De la maison des Morts, de Janáček dans la production Castorf, et surtout Die Vögel (Les Oiseaux) de Braunstein, toujours de Castorf vu par quelques centaines de spectateurs seulement lors d’une seule représentation et pour le reste annulé à cause du Covid.
    Frank Castorf n’est pas vraiment aimé à Munich… Certains lecteurs applaudiront, mais je continue de penser qu’il est injuste et délétère que l’argent public ait été dépensé pour une production qui n’a pas été présentée au public (enfin, une seule fois) et qui n’existe qu’en vidéo et que l’un des plus grands metteurs en scène allemands n’ait pas de traces dans le plus grand théâtre d’opéra d’Allemagne.
  • Le site internet de la Bayerische Staatsoper s’est à peine modifié mais non amélioré, il reste confus, peu lisible, peu accessible, avec un design chic sans doute, mais inefficace, peu convivial, on y a apporté quelques modifications qui sont comme des cautères sur une jambe de bois.
    Un regard sur tous les sites des maisons comparables nous fait dire qu’en ce moment les sites rénovés ne sont pas souvent des réussites, mais celui de Munich est le pire du genre. Visiblement, personne dans les équipes munichoises ne le consulte ou ne sait le consulter.
    Que tous les usagers ne cessent de le clamer n’est pas un argument dont on tient compte visiblement. Mais ce site est en revanche un argument contre le théâtre et c’est dommage.
    Même remarque sur la brochure de saison, joli objet élégant mais ni lisible ni compréhensible dans sa structure.
    Il est donc si difficile d’admettre après trois ans, qu’on a fait une erreur de ligne et de design ?

Tout cela n’empêche pas d’encourager les amateurs à se rendre à Munich qui reste un théâtre-phare de l’opéra européen. Le théâtre de répertoire à l’allemande est un théâtre qui préserve le passé et le cultive tout en ouvrant sur l’avenir, c’est cet équilibre qui est sans doute difficile aujourd’hui tout particulièrement, mais qui reste essentiel dans ce type de maison.

Prinzregententheater

 

LA SAISON 2023-2024 de la BAYERISCHE STAATSOPER DE MUNICH

Avec le printemps arrive la saison des saisons, quand les théâtres annoncent la saison suivante. De plus en plus les dates sont avancées, avec un premier paquet d’annonces en mars, et habituellement parmi les grandes institutions la Scala ferme la boucle en mai-juin. C’est la machine à rêves, celle qui va déterminer l’opéra qui lave plus blanc, même si les ingrédients sont toujours les mêmes : dans les nouvelles productions il faut sa dose de grand répertoire, de contemporain, de baroque, d’inhabituel, et dans les distributions et les chefs sa dose de stars confirmées ou naissantes, ce qui va faire courir le public plus que la dernière mise en scène de X ou Y.
L’enjeu de ces annonces : l’image, le bon accueil de la presse, le lancement des abonnements, et la fidélité d’un public que le Covid a mis à mal et qui revient çà et là inégalement.
Dans le paysage européen, la Bayerische Staatsoper est l’un des phares, un public fidèle (94% de fréquentation), une longue tradition (son orchestre fête en 2023 ses 500 ans d’existence ce qui n’est pas rien), une histoire glorieuse avec sa galerie de directeurs musicaux où l’on compte des noms comme Solti, Jochum, Sawallisch, Mehta ou Petrenko, et des créations, Idomeneo de Mozart, Tristan und Isolde, Die Meistersinger von Nürnberg, Das Rheingold, Die Walküre de Wagner, Capriccio de Strauss, Lear de Reimann…
C’est un théâtre opulent qui est la grande signature culturelle du Freistaat Bayern de l’Etat libre de Bavière qui finance pour bonne part un certain nombre d’institutions prestigieuses, outre la Bayerische Staatsoper, les Bamberger Symphoniker, le Staatstheater Nürnberg ou le Festival de Bayreuth.

La saison munichoise a un poids qui dépasse largement les enjeux locaux.
C’est la troisième saison que Serge Dorny propose, et on peut considérer que la période d’installation et d’acclimatation à cette maison est désormais terminée, tout comme pour  le directeur musical Vladimir Jurowski. C’est en revanche la première saison officielle du nouveau directeur du ballet Laurent Hilaire, arrivé de Moscou après les événements géopolitiques bien connus
Quatre postes d’observation de cette maison complexe :

  • Le répertoire lyrique
  • Les nouvelles productions d’opéra
  • L’orchestre
  • Le ballet, entre nouvelles productions et répertoire.

 

Le répertoire lyrique est part essentielle de la programmation parce qu’avec Vienne, Munich est le théâtre de répertoire de référence et que ce devrait être une bonne part de sa définition, de son image et de sa politique. C’est la raison pour laquelle cette année, ma présentation de la saison commencera par le répertoire.

 

  • Le répertoire 2023-2024

 

C’est le répertoire qui fait le fonds de commerce du théâtre, ce qui le fait vivre, ce qui en fait la réputation. Les nouvelles productions doivent tenir compte de leur avenir dans le répertoire du théâtre ; la logique ne peut être celle d’un théâtre de stagione comme L’Opéra de Paris ou la Scala qui construisent leur saison sur les nouvelles productions, dont certaines ne seront jamais reprises, et d’autres dans un futur plus ou moins lointain. Une nouvelle production à Munich ou Vienne (et dans quelques autres grands théâtres comme Berlin, Hambourg ou Francfort) est au contraire un investissement à long terme.

Munich affiche en 2023-2024  29 productions de répertoire qui se répartissent comme suit :

Beethoven : Fidelio
Bellini : Norma
Berg : Wozzeck

Bizet : Carmen
Donizetti:
– Lucia di Lammermoor,
– L’Elisir d’amore

Mozart:
– Cosi fan tutte
– Idomeneo
– Die Entführung aus dem Serail
– Die Zauberflöte

Moussorgski: Boris Godounov
Puccini :
– La Bohème
– La Fanciulla del West
– Il Trittico
– Madama Butterfly

Purcell : Dido an Aeneas
Rossini :
– Il barbiere di Siviglia
– La Cenerentola

Chostakovitch : Le Nez (Nos)
Strauss : Elektra
Verdi :
– Aida
– Il Trovatore
– La Traviata
– Macbeth
– Otello

Wagner :
– Der Fliegende Holländer
– Lohengrin
– Parsifal
– Tannhäuser

Soit 29 titres différents, auxquels vont s’ajouter 6 nouvelles productions et une production (nouvelle) pour le Studio, auquel Serge Dorny tient beaucoup.

Dans l’ensemble des compositeurs proposés, Puccini, Verdi et Wagner se taillent la part du lion, et étrangement, le compositeur maison qu’est Strauss n’est affiché qu’une fois, alors que plusieurs titres sont dans les remises dont certains bénéficient de productions de référence. Un théâtre comme Munich (ville natale de Strauss) qui a de belles productions straussiennes, devrait au moins en afficher plusieurs chaque saison, même si Strauss a été à l’honneur au Festival 2022.

Septembre 2023
Henry Purcell, Dido and Aeneas
2 repr. les 23 et 24 septembre 2023 (Dir : Christopher Moulds/MeS : Krzysztof Warlikowski)
Avec Ausriné Stundyté, Key’mon W. Murrah, Giulia Semenzato, Rinat Shaham, Andrew Hamilton etc…

Ces deux représentations inaugurent la saison, pour un public plus ouvert à un prix défiant toute concurrence (25 Euros) au début de l’Oktoberfest. Cela explique que la production soit tronquée d’Erwartung. Ce n’est pas tant sans doute les quarante minutes de plus que la convocation de musiciens supplémentaires (on passe de 25 à 80) alors que l’orchestre est pour l’essentiel en tournée, sans compter les danseurs de breakdance pour l’interlude, et le chef Christopher Moulds n’avait peut-être pas envie de préparer Erwartung, loin de son répertoire, pour deux seules représentations aux répétitions limitées. Le spectacle ne sera pas complet mais gardera partie de sa fascination, d’autant que la distribution n’est pas au rabais, même si elle change un peu par rapport à la première série. On y retrouve évidemment Ausriné Stundyté, mais aussi Rinat Shaham, Elmira Karakhanova et l’étonnant contreténor Key’mon W.Murrah. Et Giulia Semenzato (excellente) sera une nouvelle Belinda, tandis qu’Andrew Hamilton ancien (très bon) membre du studio, et désormais de la troupe sera Énée.

Septembre-Octobre 2023
Georges Bizet, Carmen
4 repr. du 21 sept au 3 oct. 2023 (Dir : Daniele Rustioni/ MeS : Lina Wertmüller)
Avec Erwin Schrott, Stephen Costello, Aigul Akhmetshina…

C’est le début de la saison, il faut attirer le public avec du bon miel, et donc Carmen est le plat idéal en cette période de fête de la bière.
La distribution affiche Erwin Schrott à qui Escamillo va comme un gant, Stephen Costello voix acceptable mais sans aucun intérêt dans aucun rôle, et donc pas plus dans Don José. Le seul réel intérêt de cette reprise est la jeune Aigul Akhmetshina en Carmen qui avait fait sensation l’an dernier à Baden-Baden dans La Dame de Pique en Polina et qu’on a entendue à Paris et récemment à Covent Garden dans Rosina du Barbiere di Siviglia. Autre voix nouvelle à Munich, en Micaela Vuvu Mpofu qui vient d’Afrique du Sud. Ce sont les voix féminines qui réveillent une certaine curiosité. Daniele Rustioni en fosse est une garantie (étrangement, c’est sa seule apparition cette saison à Munich) quant à la production historique (1992) de Lina Wertmüller et Enrico Job : elle pourrait atteindre bientôt elle aussi l’âge de la retraite, d’autant qu’elle ne fait pas partie des perles de la couronne munichoise.


Septembre-octobre 2023/Juillet 2024
W.A.Mozart : Idomeneo
3 repr. du 27 sept. au 2 oct/5 et 8 juillet (Dir : Christopher Moulds/Ivor Bolton (juillet)/MeS Antu Romero Nunes)
Avec Pavol Breslik, Emily Sierra/Emily D’Angelo (Juillet), Emily Pogorelc/Olga Kulchynska(Juillet), Hanna Elisabeth Müller, Jonas Hacker

C’est une reprise qui a droit en plus au Festival d’été, signe de son importance. C’est en effet un des titres emblématiques du théâtre puisque créé au Cuvilliés en 1781.
Placée au début de saison en pleine Oktoberfest, on compte attirer du monde, peut-être sur le nom de Pavol Breslik. Pour le reste, un cast efficace sans être de ceux qui vous remuent, même si Hanna-Elisabeth Müller en Elettra et Olga Kulchynska (en juillet) en Ilia seront sûrement excellentes.
Avec Moulds en septembre et Bolton en juillet, la fosse est garantie, et personnellement je n’ai jamais vraiment compris une mise en scène de Antu Romero Nunes.

 

Octobre 2023
Richard Wagner, Der Fliegende Holländer
4 repr. du 13 au 22 oct. – (Dir : Lothar Koenigs/MeS : Peter Konwitschny)
Avec Ain Anger, Iain Paterson, Jennifer Holloway, Tansel Akzeybek, Eric Cutler etc…
La mise en scène de Peter Konwitschny est déjà ancienne mais fonctionne, et la distribution est solide sans enthousiasmer loin de là. Ain Anger en Daland, c’est bien, Iain Paterson en Hollandais, c’est moins bien: aura-t-il la voix ? C’est un chanteur fade, qui est oublié à peine on l’a entendu.  Eric Cutler sera un bon Erik (comme à Bayreuth), Tansel Akzeybek un très bon Steuerman (il appartient désormais à la troupe, excellente recrue). J’ai plus de doute sur Jennifer Holloway, qui ne m’a jamais convaincu et qui semble être une voix à la mode sans plus. En fosse, Lothar Koenigs sera correct sans faire rêver comme toujours.

 

Octobre-Novembre 2023
Giacomo Puccini, Madama Butterfly
4 repr. du 24 oct. au 4 nov. (Dir : Daniel Oren/MeS : Wolf Busse).
Avec Sonya Yoncheva, Boris Pinkhasovich, Freddie De Tommaso, Annalisa Stroppa etc…
Dans une production sans grand intérêt sinon celui de durer, un titre capable de bien remplir les salles, d’autant que la distribution est de celles qui peuvent attirer. Sonya Yoncheva est une Butterfly crédible (plus que Norma), Freddie De Tommaso un ténor d’avenir avec un magnifique timbre pour un rôle comme Pinkerton au total assez bref, Annalisa Stroppa sera une très belle Suzuki, et Boris Pinkhasovich presque surdistribué en Sharpless. En fosse, un vieux de la vieille, un professionnel qui va assurer très correctement la représentation et rassurer l’orchestre, Daniel Oren. Une reprise de répertoire plutôt solide.

Giuseppe Verdi, Otello
4 repr. du 29 oct. au 11 nov. – (Dir : Francesco Ivan Ciampa/MeS : Amelie Niermeyer)
Avec Fabio Sartori, Anja Harteros, Christopher Maltman, Galeano Salas…

Anja Harteros a annulé tous ses retours jusqu’ici. Ce théâtre a été sa maison durant des années. Si ce retour doit avoir lieu, autant prendre ses précautions et bien l’entourer. Fabio Sartori est un excellent chanteur, mais est-il vraiment adapté à cette mise en scène ? Quant à Christopher Maltman, c’est un autre excellent chanteur, intelligent et engagé scéniquement, mais il a un problème avec le répertoire italien (rythme, phrasé etc…) et il n’est pas sûr que Jago lui convienne car c’est un rôle particulièrement exigeant pour la diction, les rythmes, le texte.
Enfin, si Francesco Ivan Ciampa est un bon chef pour d’autres Verdi, est-il vraiment le chef idoine pour celui-là ?

 

Novembre 2023
Gioachino Rossini, Il Barbiere di Siviglia
3 repr. du 15 au 21 nov. – (Dir : Antonino Fogliani/MeS : Ferruccio Soleri)
Avec Josh Lovell, Misha Kiria, Tara Erraught, Roberto Tagliavini, Sean Michael Plumb etc…

Du pur répertoire, pour remplir quelques trous d’agenda sans affecter la caisse. On retrouve en fosse l’excellent Antonino Fogliani, vrai connaisseur de Rossini, et la distribution reste soignée. Tara Erraught qui fut de cette maison sera une Rosina correcte, aux côtés de l’Almaviva du jeune canadien Josh Lovell, vainqueur du concours du Belvedere et membre de la troupe de la Wiener Staatsoper, une voix vraiment prometteuse dans le répertoire belcantiste à venir écouter. Figaro sera Sean Michael Plumb, de la troupe de la Staatsoper, et deux voix de basse s’en sortiront avec les honneurs et le succès, Roberto Tagliavini bien connu en Basilio et le jeune georgien Misha Kiria en Bartolo, une des voix rossiniennes à suivre avec beaucoup d’attention. Et tout cela dans la mise en scène consommée mais pas encore consumée de Ferruccio Soleri (1989), Arlequin légendaire de Giorgio Strehler dans Arlecchino servitore di due padroni.

Alban Berg, Wozzeck
4 repr. du 19 au 30 nov. 2023 – (Dir : Vladimir Jurowski/MeS : Andreas Kriegenburg)
Avec Peter Mattei, John Daszak, Jens Larsen, Wolfgang Ablinger Sperracke, Marlis Petersen, Rinat Shaham.

C’est une distribution digne d’une nouvelle production, avec un Wozzeck de très grand luxe qu’on n’a pas vu depuis longtemps à Munich, Peter Mattei et une Marie particulièrement populaire auprès du public munichois, Marlis Petersen. Le reste de la distribution n’appelle pas d’observation, chacun est à sa place. En fosse, le GMD Vladimir Jurowski dans une des productions (Andreas Kriegenburg), les meilleures de la maison et dans une œuvre qu’il dirige superbement. Que demande le peuple sinon y courir ?

Novembre-décembre 2023
Giuseppe Verdi, Macbeth
3 repr. du 29 nov. au 8 déc. – (Dir : Andrea Battistoni /MeS : Martin Kušej)
Avec Saioa Hernandez, Amartuvshin Enkhbat, Roberto Tagliavini, Stefan Pop etc…
La mise en scène de Kušej a fait son temps et il serait bon de penser à la remplacer. Distribution correcte pour les trois protagonistes moins pour Macduff pour lequel aujourd’hui on a un choix bien plus large que Stefan Pop, sans intérêt et surtout sans élégance ey un peu braillard dans un rôle bref, mais avec un air important qui doit faire son effet.; Le type d’erreur de casting impardonnable à Munich.  Un chef d’œuvre comme Macbeth méritait un chef autrement plus intéressant qu’Andrea Battistoni,

Décembre 2023
Giacomo Puccini, La Bohème
5 repr. du 3 au 16 déc. (Dir : Andrea Battistoni/MeS : Otto Schenk)
Avec Nicole Car, Joseph Calleja, Sean Michael Plumb, Mirjam Mesak etc…
Pure série de répertoire, tiroir-caisse  d’un titre qui plus qu’un autre attire les foules même avec une distribution passe-partout (Nicole Car est un bon soprano et Calleja un ténor plus connu qu’intéressant à qui un rôle qui n’est pas trop difficile comme Rodolfo peut convenir ) et un chef de grande série. Mise en scène historique de Otto Schenk à laquelle je suis lié pour toujours : j’y entendis Freni et Pavarotti dirigés par Carlos Kleiber…Comme on dit, il n’y a pas photo n’est-ce pas ?

W.A.Mozart : Die Zauberflöte
5 repr. du 17 au 30 déc. (Dir : Lothar Koenigs/MeS : August Everding)
Avec Ben Bliss, Dmitry Ivaschenko, Caroline Wettergreen, Emily Pogorelc Konstantin Krimmel etc…
Que serait Noël sans la Flûte enchantée, et La Flûte enchantée à Munich sans la mise en scène historique d’August Everding, qui continue de tenir largement, dignement, fortement sa place ?
La fosse ne fera pas rêver, Lothar Koenigs est un chef de répertoire solide sans plus. La distribution assure des représentations sans gros accrocs, avec Ben Bliss en Tamino, nouveau chouchou venu d’outre Atlantique qui chante de Tom Rakewell à Pelléas, avec une réputation plutôt flatteuse. Alors, pour lui et pour Everding…

 

Janvier 2024
Modest P. Moussorgski, Boris Godounov
4 repr. du 14 au 21 janvier (Dir : Dima Slobodeniouk/MeS : Calixto Bieito)Avec Dmitry Ulyanov, Milan Siljanov, Vitali Kowaljow, Dmytro Popov, Mirjam Mesak, Emily Sierra etc…

Après Eugène Onéguine en janvier 2023, un an après, un autre pilier du répertoire russe, Boris Godounov (Version 1869) dans la très belle mise en scène de Calixto Bieito. On y découvrira le Boris de Dmitry Ulyanov, l’une des basses les plus intéressantes dans ce répertoire, dans une distribution par ailleurs solide. Mais le plus intéressant, c’est le chef finlandais d’origine russe Dima Slobodeniouk, qu’on entendra pour la première fois à Munich dans la fosse à la tête du Bayerisches Staatsorchester.  Devrait valoir le voyage.

Gaetano Donizetti, Lucia di Lammermoor
3 repr. du 24 au 30 janvier 2024 (Dir : Antonino Fogliani/MeS : Barbara Wysocka)
Avec Christian van Horn, Nina Minasyan, Xabier Anduaga, Davide Luciano etc…
Une assez belle distribution avec Xabier Anduaga et Nina Minasyan, bien entourés. Le chef est Antonino Fogliani, et ce sera donc très en place, la mise en scène de Barbara Wysocka peut encore durer un peu, dans une œuvre mal servie par les mises en scènes (à part Serban à Paris). Mais c’est dans cette production que j’ai entendu l’une des plus belles directions de l’œuvre, par un certain Kirill Petrenko, totalement grisant… Ça laisse quelques traces…

 

Janvier-Février 2024
W.A.Mozart, Die Entführung aus dem Serail
3 repr. du 28 janv. au 2 fév. (Dir : Ivor Bolton/MeS : Martin Duncan)
Avec Brenda Rae, Marina Monzò, Doviet Nurgeldiyev, Liam Bonthrone, Franz-Josef Selig.
La mise en scène a fait ses preuves, elle a l’avantage, en ces temps de fragilités géopolitiques de ne pas amener à se poser trop de questions… Le chef Ivor Bolton est un très bon chef pour ce répertoire, et c’est donc une garantie. La distribution mélange nouvelles têtes (Marina Monzò, une jeune voix espagnole déjà entendue à Munich dans la Reine de la nuit,  Doviet Nurgeldiyev, solide ténor au très beau timbre en troupe à Hambourg, Liam Bonthrone, qui appartient au Studio de la Staatsoper et qui est un ténor à la voix délicate et au joli timbre), d’autres qu’on aime voir (Selig) et d’autres qu’on a trop vus, malheureusement dans le rôle principal (Brenda Rae).

 

Février 2024
Richard Wagner, Lohengrin
4 repr. du 8 au 18 févr. – (Dir : François-Xavier Roth/MeS : Kornél Mundruczo)
Avec Anja Kampe, Martin Gantner, Benjamin Bruns, Rachel Willis-Sørensen, Andrè Schuen etc…
Lohengrin a été un succès du mois de décembre dernier, en particulier le chef François-Xavier Roth qui revient diriger cette reprise, ce qui est une excellente nouvelle. On retrouve de la distribution initiale Anja Kampe et Andrè Schuen, qui n’étaient pas les plus mauvais, on regrettera l’absence de Johanni van Oostrum dont le format physique convenait si bien à la mise en scène, et qui a eu tant de succès mais Rachel Willis-Sørensen aura la voix. Nouveau Lohengrin aussi qui succède à la légende Vogt, Benjamin Bruns qu’on entendu dans tant de seconds rôles (et toujours excellent) qu’on va enfin entendre en protagoniste. Martin Gantner  succède à Johan Reuter, cer sera sans doute stylistiquement meilleur, pas forcément plus imposant. Enfin, un Heinrich nouveau, un jeune baryton-basse dont on dit grand bien venu des USA, Ryan Speedo Green.

 

Février-mars 2024
Gaetano Donizetti, L’Elisir d’amore
5 repr. du 23 février au 2 mars 2024 – (Dir : Emmanuel Villaume/MeS : David Bösch)
Avec Pretty Yende/Emily Pogorelc (29/02), Javier Camarena/Galeano Salas, Konstantin Krimmel, Ambrogio Maestri…
Production phare et tiroir-caisse de la maison, dans une distribution flatteuse dominée par Ambrogio Maestri, Pretty Yende et Javier Camarena. Une représentation à 11h sans doute pour les enfants le 29 février avec une distribution alternative dans les deux rôles des amoureux (deux membres de la troupe). La production est très réussie, l’une des meilleures de David Bösch. Dans la fosse, Emmanuel Villaume, correct, mais on aurait pu lui préférer un jeune chef italien…

 

Mars 2024
Beethoven, Fidelio

5 repr. du 12 au 23 mars (Dir : Constantin Trinks /MeS Calixto Bieito)
Avec Milan Siljanov, Brindley Sherratt, David Butt Philips, Vida Miknevičiūtė, Wolfgang Koch etc…
Dans une production qui a largement fait ses preuves, et qui reste une des belles productions de la maison, une distribution qui aligne le meilleur (Koch, une référence, ou Miknevičiūtė, qu’on va découvrir en Leonore) le correct (Sherratt) et l’indifférent (David Butt Philip, dernier chouchou à la mode). Il faut évidemment essayer des Florestan nouveaux, car les grands Florestan se font rares. Et un Florestan de qualité, c’est très difficile à trouver.  En fosse, Constantin Trinks, ce quii garantit au moins une exécution solide.

Mars-Avril 2024
Giacomo Puccini, Il Trittico
4 repr. du 30 mars au 8 avril – (Dir : Robert Jindra/ MeS : Lotte de Beer)
Avec Wolfgang Koch, Yonghoon Lee, Lise Davidsen, Ermonela Jaho, Tanja Ariane Baumgartner, Elsa Dreisig, Granit Musliu etc…
Monter ou remonter Il Trittico est une entreprise lourde pour n’importe quel théâtre à cause des nombreux participants, et des voix très différentes demandées par les opéras. Par exemple, Giorgetta de Tabarro demande une voix qui ne pourra être réutilisée ailleurs. C’est pourquoi certains théâtres affichent deux œuvres sur les trois ou des dyptiques avec d’autres œuvres en un acte de l’époque (choix de Rome par exemple). L’effort est donc méritoire de proposer 4 représentations de cette production très digne, signée Lotte de Beer, créée en 2017 par Kirill Petrenko dont on va revoir certains protagonistes (Ermonela Jaho pour les trois dernières représentations, Wolfgang Koch qui pour l’occasion reprend aussi Gianni Schicchi, avec de nouveaux arrivés au profil flatteur : Lise Davidsen en Giorgetta,  Elsa Dreisig en Lauretta, Tanja Ariane Baumgartner en Zia Principessa de Suor Angelica (avec Jaho, comme déjà précisé pour trois représentations sur quatre).
En fosse, Robert Jindra, directeur musical du Théâtre National de Praque, sera en fosse, c’est un chef encore jeune qui a une bonne expérience du répertoire (il a travaillé à Essen) , et qui là où il est passé, a été très apprécié. L’occasion de connaître de nouveaux profils et en tout cas pareille distribution vaut le voyage.

Mars-avril/Juillet 2024
Richard Wagner, Parsifal
4 repr du 31 mars au 10 avril/2 repr. les  20 et 23 juillet – (Dir : Constantin Trinks (mars-avril)/Adam Fischer (Juillet)/MeS : Pierre Audi)
Avec Clay Hilley, Christian Gerhaher (03/04) Gerald Finley (07), Georg Zeppenfeld(03/04) /Tareq Nazmi(07), Anja Harteros (03/04) / Nina Stemme ((07)), Jochen Schmeckenbecker etc…

Pâle production de Pierre Audi qui vaut pour le décor de Georg Baselitz, bien servie par une distribution de référence, en avril comme en juillet avec l’annonce de la Kundry d’Anja Harteros (espérons qu’elle répondra « présente ! » et celle moins inattendue de Nina Stemme, deux Amfortas de référence, Gerhaher et Finley, et deux Gurnemanz eux aussi excellents (Zeppenfeld très habituel, Nazmi moins qu’on vient d’applaudir à Genève dans le rôle).  Enfin, un Parsifal nouveau pour Munich, Clay Hilley qu’on commence à voir un peu partout (bientôt à Baden-Baden dans Frau ohne Schatten avec Petrenko) Chef solide en mars, et très solide  en juillet dans ce répertoire (Adam Fischer). Vaut un voyage.

Avril 2024
Giuseppe Verdi, Aida

3 repr. du 21 au 28 avril – (Dir : Marco Armiliato/MeS : Damiano Michieletto)
Avec Anita Rashvelishvili, Elena Guseva, Jonas Kaufmann, George Petean etc…
Reprise de la production qui va être créée au printemps de 2023. On y retrouvera Anita Rashvelishvili (si la voix est de nouveau en bon état) et George Petean, bon chanteur mais pas vraiment un Amonasro. À la place de Stikhina qui est Aida cette année, on trouvera Guseva, sans doute émouvante. Il y a au moins deux italiennes qui peuvent chanter (et bien) le rôle, Munich n’affiche pas beaucoup de chanteurs italiens car les Alpes sont si dures à traverser… Radamès sera Jonas Kaufmann et c’est pour lui que tout le monde viendra avec raison. On aurait pu mieux l’entourer.
En fosse, un vrai professionnel qui sait tenir un orchestre, Marco Armiliato. Mais tout ça ne faitpas trop rêver, même avec Kaufmann.

 

Avril-mai 2024
W.A.Mozart, Cosi fan tutte
3 repr. du 27 avril au 2 mai 2024 (Dir : Stefano Montanari/MeS : Benedict Andrews)
Avec Louise Alder, Avery Amereau, Konstantin Krimmel, Bogdan Volkov, Sandrine Piau, Johannes-Martin Kränzle
On perd Gerhaher mais on gagne Kränzle qui est un extraordinaire Don Alfonso, on gagne aussi Volkov, sans doute le meilleur Ferrando aujourd’hui.
Les autres, excellents, sont ceux de la première en 2022… En fosse, Jurowski laisse la place à Montanari, ce qui est aussi bon. Bonne production de Benedict Andrews qui assurera des années de répertoire. Je ne serais pas loin de regretter trois représentations seulement. Vaut indiscutablement le voyage.

 

Mai /Juillet 2024
Richard Wagner, Tannhäuser
4 repr. du 5 au 19 mai, 3 repr. du 21 au 28 juil. (Dir : Sebastian Weigle/MeS : Romeo Castellucci)
Avec Ain Anger, Klaus Florian Vogt, Marlis Petersen, Christian Gerhaher (05)/André Schuen (07), Okka von der Damerau (05)/Yulia Matochkina (07).
La production de Romeo Castellucci a été revue à l’occasion de l’Osterfestspiele Salzburg 2022, espérons que ce sera cette version revue qui prévaudra et Marlis Petersen sera comme à Salzbourg Elisabeth.  Elle reprendra le rôle à Munich aux côtés de la Venus d’Okka von der Damerau ou de Yulia Matochkina (en juillet). Au Wolfram de Gerhaher (sublime) succèdera celui plus jeune d’André Schuen en juillet (dure succession) et Klaus Florian Vogt sera Tannhäuser, un des rôles où désormais il excelle.  Avec Sebastian Weigle en fosse, ce Tannhäuser vaut évidemment le voyage notamment en mai.

Dimitri Chostakovitch, Le Nez (Nos)
4 repr. du 11 au 21 mai – (Dir : Vladmir Jurowski/MeS : Kirill Serebrennikov)
Avec Boris Pinkhasovich, Laura Aikin, Doris Soffel, Sergei Skorokhodov, Anton Rositskiy et…
Première reprise de la production d’ouverture de mandat de Serge Dorny en octobre 2021. C’est toujours un test pour envisager le futur du spectacle, une des réussites des dernières années. On retrouve le GMD Vladimir Jurowski en fosse, le fabuleux Boris Pinkhasovich en Kovaliov et la très nombreuse distribution de ce qui est une énorme production. Si vous n’avez pas vu ce spectacle, réalisé alors que Serebennikov était encore retenu en Russie (il saluait sur un écran vidéo en direct), c’est vraiment l’occasion de faire le voyage, car c’est un grand spectacle de référence.

 

Vincenzo Bellini, Norma
5 repr. du 30 mai au 10 juin (Dir : Gianluca Capuano/MeS : Jürgen Rose)
Avec Sonya Yoncheva, Tara Erraught, Joshua Guerrero, Roberto Tagliavini etc…
Le titre est tellement rare sur les scènes, le poids des légendes est tellement fort (pas joué à la Scala depuis plus de 40 ans) qu’afficher Norma ne peut qu’attirer l’amateur d’opéra.
Munich a donc choisi Sonya Yoncheva, parce que c’est un nom qui compte aujourd’hui, pour un rôle qui ne lui convient pas. Elle s’est toujours prise pour Callas, mais les habits sont un peu grands pour elle. Pour Norma, il faut d’abord une chanteuse à tête, pas une chanteuse à (prétendue) voix. Tara Erraught, une ancienne de la troupe de Munich, aura plus de style sans doute pour Adalgisa et plus de tête pour sûr, mais il n’est pas sûr qu’elle soit l’Adalgisa idéale. Joshua Guerrero est une découverte récente que les agents américains essaient de placer en Europe comme la voix du futur, et qui n’est pas encore la voix du présent. Seul, Roberto Tagliavini semble à sa place en Oroveso. On a toujours l’air d’ignorer qu’Adalgisa et Norma sont deux voix proches, l’une au timbre plus sombre (Norma) et l’autre plus clair (Adalgisa) et pas l’inverse.
Il faudrait se souvenir que Bartoli a chanté Norma aux côtés de Rebcca Olvera (soprano) en Adalgisa, justement avec Gianluca Capuano, seule consolation dans cette désolation, qui sait ce que Belcanto veut dire, et la mise en scène ancienne d’un très grand de la scène allemande, Jürgen Rose. Mais tout de même, si on décide de monter Norma, on fait un minimum d’effort, avec un zeste, rien qu’un zeste de cohérence., mais le casting management de Munich n’a sans doute jamais entendu l’oeuvre…

Juin 2024
Giuseppe Verdi, La Traviata
3 repr. du  18 au 23 juin – (Dir : Francesco Lanzillotta/MeS : Günter Krämer)
Une mise en scène  épuisée qui a le grand avantage d’être légère et facile à monter pour le répertoire. Pour le reste, pas grand-chose à dire… En fosse, Francesco Lanzillotta, excellent chef, et une distribution qui devrait être intéressante avec Nadezhda Pavlova en Violetta, George Petean en Germont (qui lui convient bien mieux qu’Amonasro) et Bogdan Volkov en Alfredo, ce qui devrait être particulièrement stimulant, vu la qualité éminente de cet artiste que je n’ai jamais encore entendu dans Verdi. Si vous errez à Munich un soir de Traviata, il ne faut pas hésiter.


Gioachino Rossini, La Cenerentola
3 repr. du 14 au 19 juin – (Dir  Ivor Bolton /MeS Jean-Pierre Ponnelle)
Avec John Brownlee, Misha Karia , Nikolay Borchev, Isabel Leonard, Roberto Tagliavini.
Production légendaire de Jean-Pierre Ponnelle, partagée avec la Scala, pour trois représentations de répertoire dirigées par Ivor Bolton, qui est un très bon chef mais pas du tout un rossinien: c’est donc un choix étrange. Distribution satisfaisante du côté masculin avec John Brownlee, Roberto Tagliavini, Misha Kaira qui sont de grandes voix rossiniennes, Isabel Leonard est Angelina, c’est un peu plus ordinaire, sinon insuffisant et c’est dommage. Erreur de casting.

 

Juin-juillet 2024 (Festival)
Giuseppe Verdi, Il Trovatore
2 repr. les 29 juin et  2 juillet – (Dir : Antonino Fogliani/MeS : Olivier Py)
À l’instar d’Elektra, deux représentations « spéciales » pour le Festival avec l’excellent Antonino Fogliani, et la mise en scène lourde, voire pénible d’Olivier Py. Un plateau de bon niveau dominé par Vittorio Grigolo, qui sait chanter et notamment ce rôle, Igor Golovatenko, l’un des meilleurs barytons pour Verdi aujourd’hui, Yulia Matochikina devrait être une excellente Azucena, et Tareq Nazmi, un ancien de la troupe munichoise, est très luxueux pour Ferrando. Reste Marina Rebeka en Leonora, voix aujourd’hui célèbre et donc adaptée à des représentations de festival, mais sans aucun intérêt, qui n’a pas le début d’une vibration pour un rôle qui demande chaleur et sensibilité.  Sic transit…

 

Richard Strauss,  Elektra
2 repr. les 30 juin et 7 juillet – (Dir : Vladimir Jurowski/MeS : Herbert Wernicke)
Avec Violeta Urmana, Vida Miknevičiūtė, Elena Pankratova, John Daszak, Károly Szemerédy etc…
Comme Vladimir Jurowski ne dirige pas la production d’ouverture du Festival (Le Grand Macabre) confiée à Kent Nagano, il faut bien que le GMD soit au moins présent, alors comme pendant la présente saison, il dirige Elektra dans la belle production de Herbert Werkicke, pour deux représentations (les deux seules représentations straussiennes de la saison). Belle distribution qui convient à un Festival même si pour le rôle-titre, on aurait pu mettre un peu plus d’imagination au pouvoir.

 

Juillet 2024 (Festival)
Giacomo Puccini, La Fanciulla del West
2 repr. les 26 et 29 juillet 2024 (Dir : Juraj Valčuha/MeS : Andreas Dresen)
Avec Malin Byström, Michael Volle, Yonghoon Lee etc…
Si La Fanciulla del West a triomphé en octobre 2022, c’est à cause de la présence de Jonas Kaufmann. Cette reprise en temps de Festival fera-t-elle tourner la tête des festivaliers ? Certes, Malin Byström et Michael Volle sont des noms flatteurs capables d’aimanter le public. Mais Yonghoon Lee semble bien pâle pour stimuler les envies : il convient dans Luigi de Tabarro mais pas Dick Johnson… Donc distribution mal construite, avec en fosse Juraj Valčuha qui devrait être très intéressant et rigoureux.

 

  • Nouvelles Productions 2023-2024

 

Huit œuvres différentes en sept soirées, dont une pour le Studio de la Bayerische Staatsoper, duquel Serge Dorny prend un grand soin. Et de fait le recrutement des voix est attentif aux possibilités d’avenir (entrée dans la troupe par exemple, dans la logique d’un centre de formation avec débouché immédiat).  On confie de nombreux petits (pas toujours petits d’ailleurs) rôles à ses jeunes membres, et le Studio semble être l’un des plus intéressants Opéra-Studio aujourd’hui en Europe. D’ailleurs le choix des spectacles montés pour le studio sort des sentiers battus comme cette année une soirée Respighi/Orff.
En dehors de la soirée Studio, les nouvelles productions se partagent entre grand répertoire standard (Mozart, Tchaïkovski, Johann Strauss, Puccini et Debussy même s’il est bien moins standard en Allemagne), et compositeurs plus rares (Weinberg, Ligeti).

Le thème fédérateur de l’année prend pour motto une citation de Pessoa « Nous sommes deux abîmes – un puits qui regarde vers le ciel » et donc affichera des œuvres qui naviguent entre Ciel et Enfer, toujours au bord du gouffre.
Si je trouve l’idée di Motto affecté à chaque nouvelle saison plutôt intéressant, je trouve que le concept serait enrichi si quelques œuvres du répertoire y étaient associées. Car dans une institution comme Munich, les nouvelles productions ne sauraient être le seul point de focalisation et par ailleurs le répertoire de la maison comporte des titres qui conviennent à ce motto, pourquoi donc ne pas les associer en les reprenant à cette occasion?

Octobre-novembre 2023/Juillet 2024
Mozart, Le Nozze di Figaro

7 repr. du 22 oct. au 13 nov/2 repr. les 14 et 17 juillet (Dir : Stefano Monatanari/MeS : Evgeny Titov)
Avec Huw Montague Rendall (10/11)/Mattia Olivieri(07), Elsa Dreisig/Maria Bengtsson (07), Louise Alder, Konstantin Krimmel, Avery Amereau, Dorothea Röschmann,  Willard White .
On peut se demander si cette nouvelle production s’imposait. La précédente de Christof Loy était plutôt correcte et n’avait pas encore fait son temps (Elle ne date que de 2017 et pouvait encore durer). Dans un projet Trilogie Da Ponte confiée à un seul metteur en scène, comme à Vienne, on pouvait le comprendre, mais ce n’est pas le cas à Munich. Il y avait d’autres Mozart plus urgents (Entführung, Clemenza di Tito). Deuxième surprise, alors que Cosi fan Tutte avait été dirigé par le GMD Vladimir Jurowski, cette première nouvelle production de l’année ne l’est pas, alors qu’on aurait pu penser au moins à une trilogie Mozart/Jurowski, mais le GMD a semble-t-il son nombre de représentations contractuel en cette prochaine saison et il dirige la production suivante.
On retrouve dans la distribution des figures de Cosi fan tutte (Louise Alder, Avery Amereau, Konstantin Krimmel) et Elsa Dreisig nouvelle membre (de luxe) de la troupe inaugure ses nouveaux habits en comtesse (même si Maria Bengtsson assurera les représentations de juillet), on est heureux de voir en Marcellina et Bartholo deux plus anciens (Willard White et Dorothea Röschmann), tandis qu’en conte Almaviva on entendra un nouveau venu, Huw Montague Rendall, figlio d’arte comme on dit (fils de Diane Montague et de David Rendall), jeune baryton plutôt doué qui devrait former avec Elsa Dreisig un jeune couple frais, ce qui donnera encore plus d’amertume à une contessa victime d’un conte volage. La mise en scène est confiée à Evgeny Titov, dont j’ai vu Œdipe d’Enesco à la Komische Oper de Berlin, un grand directeur d’acteurs (essentiel pour cette pièce) et un metteur en scène particulièrement intéressant. Enfin, Stefano Montanari en fosse donnera à tout cela une touche à la fois énergique et baroque. Cette distribution pouvait fouetter une belle reprise de répertoire de la production Loy, mais les voies du Seigneur sont impénétrables. Et on est tout de même content de découvrir Evgeny Titov dans une oeuvre fondamentale du genre lyrique.

Décembre 2023-Janvier 2024/Juillet 2024
J.Strauss, Die Fledermaus

8 repr. du 23 déc. au 10 janv/1 repr.le 31 juil. 2024 – (Dir : Vladimir Jurowski-Constantin Trinks(07)/MeS : Barrie Kosky)
Avec Georg Nigl, Diana Damrau, Sean Panikkar, Katharina Konradi, Audrey Nemzer, Martin Winkler etc…

Il était temps. La précédente production de Leander Haußmann qui remonte à 1998 n’était vraiment pas une réussite et se sauvait les dernières années quand un chef digne de ce nom (Petrenko) était dans la fosse. Avec le couple Jurowski/Kosky on espère que l’éclatante réussite du Rosenkavalier se renouvellera, d’autant que Barrie Kosky avait l’intention de clore avec l’opérette après cette Fledermaus. C’est un motif pour y courir, d’autant que la distribution entre Nigl, Damrau, Konradi, Panikkar est de celles qui ne se manquent pas. Fledermaus est un passage obligé de tout grand théâtre germanique et c’est une production qui doit être emblématique du théâtre.

À propos d’emblème, le 31 juillet à Munich a été pendant des années l’un des grands moments du Festival. Sous Sawallish et après, c’était obligatoirement, qu’il fasse soleil, pleuve ou vente, Die Meistersinger von Nürnberg, et qu’il fasse soleil, pleuve ou vente, c’était le GMD qui fermait ainsi la saison. Avec Bachler, le GMD est resté, mais avec d’autres œuvres, et actuellement, plus de GMD, qui préfère sans doute ses vacances… Il y a quelque chose qu’il ne va pas. Quelle que soit la qualité de Constantin Trinks le chef qui dirigera la dernière le 31 juillet, il en va à la fois de l’image du théâtre et de celle du Festival.

Février-Juillet 2024
Tchaikovski, La Dame de Pique
5 repr. du 4 au 20 fév./2 repr. les 12 et 15 juillet – (Dir : Aziz Shokakimov/MeS : Benedict Andrews)
Avec Brandon Jovanovich, Asmik Grigorian/Lise Davidsen (07), Violeta Urmana, Boris Pinkhasovich, Roman Burdenko etc…

À tout prendre, j’aurais échangé Andrews pour Le nozze et Titov pour Dame de Pique et non l’inverse, mais les voix du Seigneur sont une fois encore impénétrables.  Très belle perspective que d’entendre en fosse Aziz Shokakimov, l’un des chefs très prometteurs notamment dans ce répertoire. La distribution est très attirante avec cette alternance chaud/froid Grigorian/Davidsen, deux formats physiques opposés, deux présences scéniques opposées, deux typologies vocales très différentes. On attend avec impatience la comtesse d’Urmana et l’Eletzki de Pinkhasovich. On attend avec moins d’impatience Jovanovich en Hermann, qui à Salzbourg avait montré (avec en fosse Jansons) qu’il ne rimait pas avec charisme, chant plat et ennui en perspective. Une faute de goût…
N’importe, une Dame de Pique ne se rate pas.

Mars/Juillet 2024
Mieczyslaw Weinberg, Die Passagierin
5 repr. du 10 au 25 mars, et les 13 et 16 juillet 2024 – (Dir : Vladimir Jurowsky / MeS : Tobias Kratzer)
Avec N.N., Jacques Imbrailo, Charles Workman, Larissa Diadkova etc…
C’est un autre projet, une création de Brett Dean (dont on va découvrir l’Hamlet en ouverture de Festival 2023) qui était programmée, toujours avec le tandem Jurowski/Kratzer. Le choix de repli s’est porté sur Die Passagierin de Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) compositeur polonais né à Varsovie qui s’établit à Moscou dès l’invasion de la Pologne par les nazis mais qui sera inquiété et emprisonné par Staline comme « Sioniste » et dont la production musicale très importante (500 œuvres dont 22 symphonies) n’a pas été aussi diffusée que celle de Prokofiev ou Chostakovitch mais de plus en plus reconnue après 1970. On redécouvre ses œuvres et notamment ses opéras (il en a écrit 7) puisque coup sur coup L’Idiot va être joué à Vienne (Theater an der Wien en avril prochain) et au Festival de Salzbourg en 2024.

Die Passagierin, composé en 1968, n’a été créé qu’en 2006 à Moscou et sous forme scénique complète en 2010 au festival de Bregenz.
C’est l’histoire très noire d’une survivante des camps de la mort, Marta, qui retrouve au cours de mondanités sur un navire de croisière Lisa, son ancienne surveillante SS : l’opéra est un aller-retour entre présent et souvenir, présences et fantômes.
Entre Vladimir Jurowski et Tobias Kratzer, il faut s’attendre à un moment musicalement fort et à un travail scénique de très grande qualité, et donc cette première (qui est aussi entrée au répertoire) est prometteuse. La distribution n’est pas encore complètement affichée (il manque les deux héroïnes) mais on relève déjà les noms de Jacques Imbrailo, Charles Workman, Larissa Diadkova, ce qui est déjà une garantie. C’est évidemment à ne pas manquer.

 

Avril-mai 2024
Ottorino Respighi, Lucrezia
Carl Orff, Der Mond
(Soirée Studio de la Bayerische Staatsoper)
6 repr. du 24 avril au 4 mai 2024 – (Dir : Akim Karimov/MeS : Tamara Trunova)
Avec les membres de l’Opéra Studio de la Bayerische Staatsoper.
Au Cuvilliéstheater

Deux options possibles pour le projet du Studio, ou bien une œuvre du répertoire, ou bien un projet spécifique aux couleurs spéciales ; c’est-à-dire un chef nouveau et dédié, et une mise en scène confiée à un/une artiste qu’on voit à l’œuvre sur un projet au format réduit, mais qui permet de prendre date pour un autre projet plus tard.
C’est cette deuxième option qui a été choisie, avec le jeune chef russe très pormetteur Azim Karimov, dernier élève de Guennadi Rozhdetvenski, et la metteuse en scène et directrice de théâtre ukrainienne Tamara Trunova, qui est l’une des artistes les plus en vue dans son pays.
Deux opéras en un acte, d’abord l’opéra Lucrezia très peu connu de Respighi (terminé par son épouse Elsa et le compositeur Ennio Porrino), inspiré de Tite Live et Shakespeare et créé en 1937 à la Scala sous la direction de Gino Marinuzzi avec rien moins que Ebe Stignani dans la voix (en fosse) et Maria Caniglia en Lucrezia…
Deuxième opéra de la soirée, Der Mond de Carl Orff, à partir d’un conte de Grimm (l’histoire de quatre jeunes qui enlèvent pour chacun un quart de lune et qui veulent l’emporter dans la tombe pour éclairer les morts), n’était pas appelé « opéra » mais « Ein kleines Welttheater » (Un petit théâtre du monde). Créé en 1939 par Clemens Krauss à la Bayerische Staatsoper, l’opéra en un acte retrouve ainsi son théâtre d’origine.
Projet de deux opéras à peu près contemporains (l’un né dans l’Italie fasciste et l’autre dans L’Allemagne nazie), confié à une équipe russo-ukrainienne avec des jeunes artistes de toute provenance. On aime les symboles qui célèbrent la communauté de l’art à Munich et c’est heureux.

 

Mai-juin/Juillet 2024
Giacomo Puccini, Tosca
8 repr. du 20 mai au 10 juin/2 repr. du 24 au 30 juillet 2024 – (Dir : Andrea Battistoni/MeS : Kornél Mundruczó)
Avec Anja Harteros, Charles Castronovo (05-06)/Jonas Kaufmann (07) Ludovic Tézier etc…
À voir le nombre de représentations et les prix pratiqués (notamment au Festival), on entend déjà le doux cliquetis de la machine à sous. À lire aussi la distribution, on croit aux revenants (Si Harteros sort de son hibernation : on ne la voit plus nulle part depuis le 31 juillet 2021, Isolde à Munich), le couple Harteros-Kaufmann ayant fait les beaux soirs de Tosca à Munich. La production Bondy qui a tourné dans bien des opéras du monde a fait son temps et une nouvelle production se justifie pleinement, d’autant que Kornél Mundruczó qui n’a pas déplu dans Lohengrin, pourrait encore mieux convenir à Tosca, qui va bien à un cinéaste. À supposer que tout le monde soit présent (on l’espère tous), on regrette quand même que Kaufmann ne fasse pas la première quitte à faire les choses à l’italienne (Kaufmann pour 4 repr et Castronovo pour 4 autres). On regrette sans doute encore plus que pour une Première de Tosca dans ce qui reste l’un des plus grands théâtres lyriques du monde, on n’ait pas trouvé un chef plus excitant qu’Andrea Battistoni. Il y a peut-être derrière ce choix des motifs qui le justifient, mais on reste dubitatif. Enfin, comme la carrière d’une Tosca est toujours longue, il faut espérer que d’autres chefs plus intéressants arriveront plus tard.

Juin-juillet 2024 (Festival)
György Ligeti, Le Grand Macabre

4 repr. du 26 juin au 7 juillet 2024 – (Dir: Kent Nagano/MeS: Krzysztof Warlikowski)
Avec Erin Morley, John Holiday, Michael Nagy, Benjamin Bruns, Brindley Sherratt etc…
Créé en 1978 à Stockholm, créé à l’Opéra de Paris en 1981, Le Grand Macabre fait son entrée à Munich. Cette œuvre sorte de bal macabre destructeur et sarcastique donne l’occasion à Kent Nagano, ex-GMD de Munich, de revenir dans la fosse du Nationaltheater après une douzaine d’années d’absence pour une œuvre qu’il saura défendre avec éclat. La mise en scène est confiée à Krzysztof Warlikowski ce qui est aussi un gage d’inventivité. Il en faut pour une œuvre aussi étourdissante et explosive. Sur scène, une distribution très solide, dominée par le Nekrotzar de Michael Nagy et la Venus d’Erin Morley, mais où l’on voit aussi John Holiday l’excellent contreténor, Brindley Sherratt et Benjamin Bruns, qui tous garantissent un très haut niveau d’exécution. A ne pas manquer.

Juin-juillet 2024 (Festival)
Claude Debussy, Pelléas et Mélisande
6 repr. du 30 juin au 22 juillet – (Dir : Mirga Gražinytė-Tyla /MeS : Jetske Mijnssen).
Avec Ben Bliss, Sabine Devieilhe, Christian Gerhaher, Franz-Josef Selig, Sophie Koch etc…
Comme la production précédente du chef d’oeuvre de Debussy, c’est au Prinzregententheater, ouvert en 1901 que cette production sera présentée. L’œuvre est d’ailleurs contemporaine (1902) de ce théâtre à la capacité voisine de l’Öpéra-Comique où a été créé l’opéra de Debussy. Il y a quelque chose d’ironique aussi de voir représentée dans la copie du Festspielhaus de Bayreuth une œuvre qui entretient avec Wagner une relation si ambiguë. Elle sera portée par une équipe artistique féminine avec la cheffe Mirga Gražinytė-Tyla que Munich a découverte lors de la première saison de Serge Dorny dans La petite Renarde rusée et qui avait remporté un grand succès ; pour la mise en scène, c’est la néerlandaise Jetske Mijnssen qui va relever le défi et qui arrive avec une réputation positive et un répertoire assez large à l’opéra.
Le plateau est l’un des plus excitants qu’on puisse rêver, Ben Bliss en Pelléas qui vient de le chanter à Paris sous la direction de Susanna Mälkki à Radio France, Sabine Devieilhe en Mélisande qiu’on ne présente pas, pas plus que Christian Gerhaher en Golaud, Sophie Koch en Geneviève et Franz-Josef Selig en Arkel complètent. Voilà qui devrait séduire le public, encore peu habitué à Debussy. À ne pas manquer, bien évidemment.

Au total un florilège ouvert de nouvelles productions, dont certaines sont appelées à revenir régulièrement au répertoire, d’autres évidemment un peu moins, à moins que le public se prenne d’un amour immodéré pour « Le Grand Macabre » ou « Die Passagierin ». Il est important qu’un théâtre tel que Munich fasse entrer au répertoire des œuvres plus récentes qui ont marqué le monde musical, et de ce point de vue Serge Dorny a largement pourvu en trois ans le répertoire de la maison en œuvres qui n’y étaient pas. Il s’agira aussi de renouveler celui qui existe, dont certaines productions ont aussi fait leur temps, et essayer de s’ouvrir plus à un certain répertoire italien, comme le Rossini sérieux (Semiramide  est déja dans les magasins et pourrait être repris) ou Cherubini, totalement absent des programmes.
Cela veut dire qu’il y a encore bien du pain sur la planche…

3) Bayerisches Staatsorchester

L’orchestre, le Bayerisches Staatsorchester fête ses 500 ans en 2023 et Serge Dorny a invité pour l’occasion les anciens GMD, dont Zubin Mehta cette saison qui a fait un triomphe au début du mois de février.
La saison prochaine, les six Akademiekonzerte seront dirigés par le GMD Vladmir Jurowski ou les Ex-GMD Kirill Petrenko et Kent Nagano, ainsi qu’un concert confié à Joana Mallwitz, directrice musicale du Staatstheater de Nuremberg.

D’abord, en septembre 2023, une grande tournée européenne marquera le jubilé de l’orchestre dirigé par Vladmir Jurowski, avec trois programmes,

Premier programme
Meran/Merano en Italie (Haut Adige/Südtirol le 7 septembre et à Lucerne le 9 septembre :`

Wagner, Tristan und Isolde, prélude
Schumann, Concerto pour piano en la bemol op.54 (Yefim Bronfman, piano)
Bruckner, Symphonie n°4 « Romantique »

Deuxième programme :

Berg, concerto pour violon « à la Mémoire d’un ange » (Vilde Frang, violon)
R.Strauss, Ein Alpensinfonie

Hambourg, Elbphilharmonie (10/09)
Berlin, Philharmonie (11/09)
Bucarest, Festival Enescu (14/09)
Londres, Barbican Center (18/09)

Troisième programme`

Wagner, Tristan und Isolde, prélude
Schumann, Concerto pour piano en la bemol op.54 (Yefim Bronfman, piano)
Mahler, Symphonie n°4 (Solistes Louise Alder les 13 et 19/09 et Elsa Dreisig du 21 au 23/09 en alternance)

Bucarest, Festival Enescu (13/09)
Londres, Barbican Center (19/09)
Paris, Théâtre des Champs Élysées (21/09)
Linz, Brucknerhaus (22/09)
Vienne, Konzerthaus (23/09)

 

Akademiekonzerte

8 octobre, 18h
9 octobre, 20h
11 octobre, 19h
1. Akademiekonzert`

Mahler Symphonie n°8 « Des Mille »
Avec Rachel Willis-Sørensen, Joianni van Oostrum, Jasmin Delfs, Jennifer Johnston, Okka von der Damerau, Benjamin Bruns, Christoph Pohl, Georg Zeppenfeld

Bayerisches Staatsorchester
Bayerischer Staatsopernchor
Chœur d’Etat de Lettonie
Tölzer Knabenchor
Direction musicale: Kirill Petrenko

6 novembre, 20h
7 novembre, 19h
2. Akademiekonzert

Weber, Im Sommerwind
Unsuk Chin, Oeuvre commissionnée par la Bayerische Staatsoper
Beethoven, Symphonie n°6, Pastorale

Bayerisches Staatsorchester
Direction musicale, Kent Nagano

 

8 janvier 2024, 20h
9 janvier , 19h
3.  Akademiekonzert

W.A.Mozart: Symphonie n°29
Gotthard Odermatt: Concerto pour cor et orchestre (première exécution allemande)
Schubert, Symphonie n

Pascal Deuber, cor
Bayerisches Staatsorchester
Direction musicale, Vladimir Jurowski

 

18 mars, 20h
19 mars, 19h
4. Akademiekonzert

Arnold Schönberg, Begleitmusik zu einer Lichtspielszene op. 34
Ottorino Respighi, Concerto gregoriano
Johannes Brahms, Sérénade n°1 op. 11

Frank-Peter Zimmermann, violon
Bayerisches Staatsorchester
Direction musicale, Vladimir Jurowski

22 avril, 20h
23 avril, 19h
5. Akademiekonzert

W.A.Mozart, Symphonie n°36, Linz
Tchaikovski, Symphonie n°6 « Pathétique »

Bayerisches Staatsorchester
Direction musicale, Joana Mallwitz

27 mai, 20h
28 mai, 19h
6. Akademiekonzert

L.v.Beethoven, Concerto n°5 op.73, “L’Empereur”
Robert Schumann, Symphonie n°3 « Rhénane »

 Emanuel Ax, Piano
Bayerisches Staatsorchester
Direction musicale, Vladimir Jurowski

 

Vous aurez peut-être l’occasion d’aller écouter le Bayerisches Staatsorchester dans ses œuvres lors de son concert parisien le 21 septembre, ou à une autre date si vous êtes quelque part en Europe, mais dans la série des « Akademiekonzerte » proposés, aux programmes divers et intéressants si l’on habite Munich, un seul sans doute pourrait motiver votre voyage, celui de la Symphonie n°8 de Mahler, créée à Munich en septembre 1910.
Cette exécution marque le retour de Kirill Petrenko à la tête de son ancien orchestre depuis qu’il a laissé Munich pour Berlin et sera évidemment très attendue, tant le chef a marqué la vie musicale et lyrique munichoise. Est-ce que cela laissera espérer un prochain retour en fosse, comme Nagano dans la saison lyrique ? Wait and see…

 

4) Bayerisches Staatsballett


(Contribution de Jean-Marc Navarro)
C’est le 27 février 2022, quelques jours seulement après le lancement de l’opération spéciale russe, qu’a été annoncée la démission de Laurent Hilaire de son poste de directeur du Ballet du Théâtre Stanislavski, où il était très respecté et admiré par des danseurs avec lesquels il avait tissé de forts liens mutuels comme en témoignèrent leurs réactions publiques. Il y avait succédé 5 ans plus tôt à Igor Zelensky, qui avait rejoint Munich comme directeur du Ballet de Bavière jusqu’à ce 4 avril où il démissionna. Ironie de l’histoire, c’est encore une fois Laurent Hilaire qui sera son successeur et reprendra le poste au pied levé. 2022 marque donc une année de transition pour le Ballet, avec un directeur qui apprend à apprivoiser ses nouvelles ouailles ; s’en sont suivis tant des recrutements notables (le très en vue Julian MacKay, transfuge du Mikhailovsky et du San Francisco Ballet, Iago Gonzaga, Zhanna Gubanova (ancienne du Stanislavski) ou des promotions prometteuses (Shale Wagman ou Antonio Casalinho) que des départs massifs vers Berlin ou Hannovre mais aussi… vers le Bolchoï ou… le Stanislavski…

Une année agitée, donc, pour la compagnie, et la saison 2023/2024 en conserve quelques stigmates. Si l’on ne saurait dire exactement l’étendue des ajustements opérés par Hilaire sur la programmation initialement construite par Zelensky, le chorégraphe qui sera invité à créer une nouvelle œuvre face au grand pas de Paquita de Petipa en ouverture de saison n’est toujours pas annoncé.

11 programmes composent la saison du Ballet de Bavière, les grandes soirées narratives ou académiques se taillant la part du lion. Avec les chefs d’oeuvre de Cranko (OnéguineRoméo et Juliette) ou les oeuvres de Wheeldon (Cendrillon, le petit joyau Alice au pays des merveilles), la tendance néoclassique reste dominante et trouve son prolongement dans la reprise du programme autour de Tchaïkovski créé par Alexei Ratmansky fin 2022. La Bayadère et le grand pas de Paquita des Maîtres Petipa et Minkus raviront les amateurs de ballet plus strictement académique. Avec une soirée mixte des très en vogue Leon et Lighfoot, c’est un écot fort peu risqué qui est payé à une touche plus “contemporaine”.

3 Premieres sont annoncées : le désormais assez banal Parc de Preljocaj, indélébilement marqué par Hilaire, qui a créé le rôle principal en 1994, entre au répertoire. C’est encore à Preljocaj que sera confiée une carte blanche où il mêlera à ses œuvres des propositions de jeunes chorégraphes de son choix, non annoncés. C’est avec intérêt qu’on suivra la troisième Premiere, une soirée mixte où une création d’Andrew Skeels (invité pour la première fois) sera confrontée entre autres au très puissant White Darkness de Duato (là encore déjà au répertoire de moult compagnies).

Pour compléter cette offre, le Junior Ballett donnera quelques matinées au cours de la saison. L’agent de la compagnie Peeping Tom, plutôt habituée des scènes alla Chaillot, fait par ailleurs du bon boulot puisqu’après avoir présenté son Triptych au Palais Garnier (!) en juin 2023, c’est à Munich qu’elle le dansera en avril 2024. Drôle de choix, dans un cas comme dans l’autre.

Voilà donc une saison qui à défaut de folle originalité ou d’exploration radicale des champs chorégraphiques actuels (d’autres s’en chargent très “bien”) est très ancrée dans un attachement au fond de répertoire classique et néoclassique et ne se tourne que timidement vers des touches plus contemporaines dont on sait qu’elles ne créeront en tout état de cause pas de scandale.

Les balletomanes en mal de répertoire, les curieux désireux de découvrir le monde du ballet, la jeune garde de danseurs assoiffés de rôles devraient trouver y trouver leur compte. Voilà en tout cas une tour d’observation idéale pour Laurent Hilaire, qui pourra voir évoluer ses danseurs dans des styles différents et imaginer ses futures saisons.

  

Conclusions :

Saison riche, abondante, diverse et donc pour tous les goûts, avec des sommets tant dans le répertoire (Wozzeck) que dans les nouvelles productions (Die Fledermaus, Die Passagierin, Le Grand Macabre, Pelléas et Mélisande). Beaucoup de voix nouvelles dans les distributions (toujours stimulant) et aussi quelques stars çà et là (Damrau, Davidsen, Grigorian, Harteros, Stemme, Kaufmann, Tézier etc…).
Quelques éléments qui nous paraissent devoir être l’objet d’une réflexion.
– le site, toujours illisible et confus et les choix de polices de caractères pour le matériel (brochure et programmes) pas toujours lisible.
– une présence importante de chefs italiens dans les représentations de répertoire voire des nouvelles productions, mais peu de chanteurs italiens sur les plateaux

– le répertoire italien (plus le belcanto et Verdi que Puccini) n’est d’ailleurs pas toujours bien servi par les distributions, quelquefois incohérentes (trois bons chanteurs et inexplicablement une erreur de casting : Stefan Pop en Macduff en est l’exemple le plus évident, mais on pourrait aussi citer Isabel Leonard en Angelina de Cenerentola).
– Nous avons évoqué la question de la présence du directeur musical au Festival, absent pour la dernière qui doit toujours être une fête, mais cette année seulement présent dans deux représentations d’Elektra.
– Enfin quelques remarques concernant des absences cette saison : pas de baroque du tout (si l’on excepte Dido and Aeneas dans la production un peu tronquée de Warlikowski pour deux représentations) et si Wagner est abondamment (et très bien) servi, il manque un des piliers de la maison, qu’on n’a pas revu depuis d’arrivée de Serge Dorny, Die Meistersinger von Nürnberg. La production de David Bösch n’est pas méprisable et l’œuvre est tellement emblématique de ce théâtre qu’elle commence à manquer vraiment.

J’ai déjà évoqué la saison dernière l’absence de Die Vögel dans la belle production de Frank Castorf, doublement victime du Covid que seuls de rares privilégiés ont pu voir, toute reprise sera quasiment une première…
Il faut laisser du temps au temps… et il y a quand même suffisamment de matière pour aller avec joie à Munich en 2023-2024.

Cuvilliés Theater

LA SAISON 2021-2022 de la BAYERISCHE STAATSOPER: SERGE DORNY INAUGURE SON MANDAT D’INTENDANT

Ce n’est pas un secret, Wanderer aime la Bayerische Staatsoper, assidument fréquentée depuis 1978. Les lecteurs du site wanderersite.com et de ce blog connaissent le nombre de spectacles dont nous avons rendu compte. C’est à notre avis l’une des maisons de référence en Europe. Elle connaît cette année un changement de pilote : il est difficile de ne pas considérer les projets qui vont y naître, d’autant qu’elle sort d’une période brillante, dominée par la présence, plus rare ces dernières années, de Kirill Petrenko, qui drainait les foules sur son seul nom et même si du point de vue des productions il y a eu quand même un peu de médiocrité pour beaucoup d’exceptionnel…

 

C’est évidemment l’une des saisons les plus attendues, dont bien peu de titres ont fuité, parce que c’est la première saison de Serge Dorny, nouvel Intendant de la Bayerische Staatsoper et de Vladimir Jurowski, néo GMD de Munich qui prendra ses fonctions en septembre 2021. Contrairement à ce que certains journalistes ont écrit lors de son Rosenkavalier récent, il n’est pas encore en poste.
Voilà une saison que Serge Dorny place sous un motto humaniste et prometteur: « Chaque homme est un roi, chaque femme une reine » issu d’une phrase de l’auteur hongrois Dezsö Kosztolányi:
“Chaque homme est un chef-d’œuvre. Dans ses yeux, la souffrance et le désir d’être aimé. Dans son cœur, des expériences et des souvenirs, tout comme dans le vôtre. Et sur sa tête, le sommet de son crâne, comme une couronne royale.Chaque homme est un roi.”.
Il entend promouvoir dans sa programmation et dans les initiatives diverses, nouvelles ou pas, la diversité, dans tous les sens du terme, sociale, culturelle, musicale, l’accessibilité du théâtre pour tous, et à l’inverse que le théâtre aille à tous, en se déplaçant à l’extérieur de la ville ou dans divers lieux de la cité. Pour ce faire, il créée aussi deux festivals,

  • « Septemberfest » (septembre en fête) où entre concerts extérieurs, y compris loin de Munich (Ansbach), fêtes dans les espaces de la Résidence, de grands opéras du répertoire (Gianni Schicchi etc…) avec des interprètes d’exception, il veut créer de l’envie.
  • « Ja-Mai Der neue Festival» (le nouveau festival) il veut justement créer un Festival “du nouveau”, mêlant musiques d’hier et d’aujourd’hui en montrant permanences et différences, dans divers lieux culturels de la ville.
  • Enfin, les Münchner Opernfestspiele plus que séculaires, auront un thème directeur annuel, cette année « Strauss, l’opéra et le temps qui passe », autour d’opéras de Strauss au répertoire de Die Frau ohne Schatten à Der Rosenkavalier avec une nouvelle production (Capriccio).

Ce qui frappe, c’est la ligne d’une programmation qui cette année annonce une couleur nouvelle donnée au répertoire, qui va s’élargir un peu plus au XXe siècle et à des œuvres non encore présentées à Munich comme Le Nez de Chostakovitch ou Les Diables de Loudun. À cet effet, il fait appel à tout ce que le monde du théâtre compte comme metteurs en scène d’exception.
Au total, une programmation exigeante, à la fois complexe et accessible. C’est un pari séduisant, qui veut imposer la culture comme une obligation pour la construction de l’humain, mais une culture sans concession, qui doit servir l’intelligence et non l’autosatisfaction, au risque du conflit, du rugueux : je n’invente rien, tout est dit dans les divers documents qu’on pourra aussi trouver sur le site staatsoper.de.
En fait les principes qui ont porté Lyon au sommet des opéras en Europe sont repris, dans une maison aux moyens considérables, riche d’une tradition séculaire, et qui se porte déjà très bien après la brillante période Bachler/Petrenko. Au lieu de se reposer sur du plan-plan de luxe, les choses vont être un peu bousculées et c’est particulièrement stimulant.

Les nouvelles productions :

Octobre-novembre 2021
Chostakovitch, Le Nez (
MeS: Kirill Serebrennikov/Dir : Vladimir Jurowski)
Avec Doris Soffel, Laura Aikin, Boris Pinkhasovich, Sergei Leiferkus, Andrey Popov, Tansel Akseybek  Gennadi Bezzubenkov etc…
C’est surprenant mais l’œuvre n’est pas au répertoire du théâtre, alors qu’elle est l’une des pièces les plus emblématiques de Chostakovitch, couronnant en quelque sorte sa première période « futuriste » (Création en 1930)… trop futuriste sans doute puisque l’URSS devra attendre 1974 pour qu’elle soit de nouveau proposée. Appuyée sur le regard sarcastique de Gogol sur l’ambiance péterbourgeoise, elle peut être adaptée à de nombreux contextes et styles. Kirill Serebrennikov en signera une mise en scène sans nul doute très contemporaine et engagée. La liste des interprètes parle d’elle-même, on y trouve les meilleurs chanteurs, dont la grande Doris Soffel, Sergei Leiferkus, ou Boris Pinkhasovitch. C’est aussi une œuvre emblématique pour Vladimir Jurowski, une sorte de signature initiale qui donne un vrai ton à la programmation.
(7 repr. Du 24/10 au 5/11 et les 17 et 20/07)

Décembre 2021-janvier 2022
Lehár, Giuditta (MeS: Christoph Marthaler/Dir : Gábor Káli)
Avec Vida Miknevičiūtė, Jochen Schmeckenbecher, Daniel Behle, Kerstin Avemo, Sebastian Kohlhepp
(6 repr. du 18/12 au 6/01)
Une œuvre de Lehár créée à l’Opéra de Vienne en 1934, et qui pourtant n’a pas marqué les mémoires, alors qu’elle fut retransmise à l’époque par 120 radios dans le monde. C’est une œuvre hybride, qui illustre à l’instar des Contes d’Hoffmann d’Offenbach, le désir de son auteur de se confronter à un style plus sérieux, entre opérette et opéra, compte tenu qu’il existe aussi des opérettes sérieuses. C’est exactement le profil qui convient à Christoph Marthaler, qui adore ces œuvres entre chien et loup, qui permettent aussi bien à la fantaisie que la mélancolie de s’installer. Distribution de très haut niveau évidemment, et direction musicale confiée à un jeune chef hongrois peu connu, Gábor Káli lauréat du concours de jeunes chefs d’orchestres de Salzbourg en 2018, et l’un des plus sûrs espoirs de la baguette parce qu’il a triomphé souvent depuis, aussi bien au concert qu’à l’opéra.

Janvier-février-mars 2022
Leoš Janáček, La petite renarde rusée (
MeS: Barrie Kosky/Dir : Mirga Grażinyté-Tyla)
Avec Wolfgang Koch, Yajie Zhang, Elena Tsallagova, Angela Brower etc…
L’œuvre mi-figue, mi-raisin de Janáček, conte animalier et donc histoire d’une profonde humanité, d’une infinie poésie, non dépourvue de tristesse et de nostalgie, est confiée à Barrie Kosky, mage du théâtre et magnifique raconteur d’histoires. La distribution est dominée par Elena Tsallagova (la renarde) et Wolfgang Koch (le garde-chasse). En fosse, pour la première fois à Munich, Mirga Grażinyté-Tyla, Directrice musicale  du Birmingham Symphony Orchestra, l’une des baguettes les plus riches d’avenir aujourd’hui. Il faudra sans doute faire le voyage.
(9 repr. Du 30/01 au 15/02, 11 et 16/07(Oper für alle).


Février-mars-juillet 2022
Benjamin Britten, Peter Grimes (
MeS: Stefan Herheim, Dir: Edward Gardner)
Avec Stuart Skelton, Rachel Willis-Sørensen, Iain Paterson, Claudia Mahnke etc…
Autre grand moment de la saison, la première mise en scène à Munich de Stefan Herheim qui se confronte au chef d’œuvre de Britten absent du Nationaltheater depuis une vingtaine d’années. En fosse, Edward Gardner, un spécialiste de ce répertoire, successeur de Vladimir Jurowski au London Philharmonic Orchestra. Stuart Skelton est Peter Grimes, retissant l’histoire des ténors wagnériens se confrontant au chef d’œuvre de Britten (souvenons-nous de Jon Vickers, qui fut longtemps le Peter Grimes de référence, après Peter Pears), à ses côtés une distribution particulièrement adaptée à cette œuvre, Rachel Willis-Sørensen, Iain Peterson, Claudia Mahnke par exemple. Un retour qui se veut marquant.
(7 repr. Du 28/02 au 13/03, 9 et 12/07)

Le Cuvillés-Theater

Mars 2022
Haydn, L’infedeltà delusa
(MeS: Marie-Eve Signeyrole/Dir : Giedré Šlekytė)
Avec les membres de l’Opéra-Studio de la Bayerische Staatsoper
(6 repr.du 19 au 29/03)
Pour l’Opéra Studio, dans l’écrin somptueux du Théâtre Cuvilliés, un opéra de Haydn, bien plus rare sur les scènes d’opéra que sur les podiums d’orchestres. L’infedeltà delusa (livret de Marco Coltellini) qui remonte à 1773, raconte une histoire marivaudienne de couples, de déguisements ancêtre de Cosi fan tutte en quelque sorte. Œuvre idéale pour de jeunes chanteurs, parce qu’elle oblige à la fois au jeu théâtral de la comédie et du même coup à une véritable attention au texte, sans de monstrueuses difficultés de chant. Dans la fosse, Giedré Šlekytė, une autre cheffe d’orchestre lithuanienne d’avenir et pour la mise en scène Serge Dorny a invité Marie-Eve Signeyrole, dont on a pu voir récemment à Strasbourg Samson et Dalila, et qui travaille régulièrement en Allemagne.
La production du Studio est un rendez-vous annuel traditionnel, et la rencontre avec Haydn est une excellente idée.
Bayerisches Staatsorchester
Cuvilliés-Theater

Mai-Juillet 2022
Berlioz, Les Troyens (
MeS: Christophe Honoré/Dir : Daniele Rustioni)
avec Marie-Nicole Lemieux, Eve Maud-Hubeaux, Anita Rashvelishvili/Ekaterina Sementchuk, Stéphane Degout, Gregory Kunde/Brandon Jovanovitch
Une équipe liée à Serge Dorny pour ces Troyens qui reviennent à Munich après deux décennies d’absence (précédente production avec Zubin Mehta au pupitre), d’une part il offre à Christophe Honoré cette œuvre monumentale, mais aussi intimiste, qui devrait lui convenir, notamment en confrontant sa grande sensibilité aux destins des deux grands personnages féminins. Ce sera l’occasion pour le public munichois de découvrir l’approche si particulière de Christophe Honoré, qui pour la première fois passe les frontières. L’autre compère, c’est Daniele Rustioni, premier chef invité à Munich désormais, qui adore la musique de Berlioz. Enfin une distribution particulièrement soignée (plus séduisante en mai qu’en juillet à mon avis) sur le plateau, Marie-Nicole Lemieux en Cassandre, Anita Rashvelishvili en Didon (Ekaterina Sementchuk en juillet) et surtout Gregory Kunde en Énée (Brandon Jovanovich en juillet), entourés notamment de Stéphane Degout (Chorèbe) et de Eve-Maud hubeaux en Ascagne et notons le ténor Martin Mitterrutzner en Iopas, c’est paraît-il un des ténors de l’avenir.
On ira, bien entendu.
(7 repr. du 9 au 29 mai, et les 6 et 10 juillet)

 

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Festival Ja-Mai der neue Festival (en divers lieux culturels de la cité)

C’est sans doute la plus grande nouveauté de l’année, un festival de Printemps qui associe des formes très contemporaines et d’autres anciennes, qui confronte les genres, le langage, parlé, chanté, psalmodié, qui confronte et qui tresse. Mais un festival qui sort aussi de la grande maison pour aller au contact d’autres lieux, d’autres institutions, qui ainsi accueillent aussi ces formes nouvelles, mais aussi d’autres ensembles musicaux. Cette année c’est une trilogie de Georg Friedrich Haas (et de son librettiste Händl Klaus) créées dans le cadre intime du merveilleux théâtre de Schwetzingen en 2016 qui est ici reprise, chacun des œuvres, Thomas, Bluthaus et Koma tressée à des madrigaux de Monteverdi et faisant chacun l’objet d’une production avec une équipe différente.

Georg Friedrich Haas/Claudio Monteverdi :
Thomas/ Il lamento di Arianna (MeS : Anne Sophie Mahler, Dir : Alexandre Bloch)
Avec Holger Falk, Konstantin Krimmel, Caspar Singh etc…
Münchener Kammerorchester
L’équipe la plus nouvelle, le jeune chef français (excellent) Alexandre Bloch, directeur musical de l’Orchestre National de Lille qui conduira le Münchener Kammerorchester et la metteuse en scène berlinoise Anne-Sophie Mahler, qui a été aux écoles de Marthaler et de Schlingensief, qui la rend immédiatement sympathique et qui conduit une carrière de théâtre et d’opéra un peu partout en Allemagne.
(4 repr. du 20 au 29 mai)
à la Reithalle

Bluthaus/Il lamento della ninfa/Il ballo delle ingrate (MeS : Claus Guth, Dir : Titus Engel)
Avec Vera-Lotte Böcker, Nicola Beller-Carbone, Bo Skovhus
Bayerisches Staatsorchester
Production Bayerische Staatsoper, Residenztheater München
Coproduction Opéra National de Lyon, Bergen Nasjonale Opera
Une production qu’on verra à Lyon dans les prochaines années, et une équipe plus connue, composée du chef suisse remarquable Titus Engel (qui a dirigé à Lyon le dernier Château de Barbe-Bleue, et Claus Guth, absent de l’Opéra de Munich depuis au moins une décennie, avec une distribution très solide où l’on note la présence de Bo Skovhus.
(5 repr. du 21 au 29/05)
Au Cuvilliés-Theater

Koma/Il combattimento di Tancredi e Clorinda (MeS: Romeo Castellucci, Dir : Teodor Currentzis)
Avec Kayleigh Decker, Deanna Breiwick, Daniel Gloger, Nikolaï Borchev
MusicAeterna
Production Bayerische Staatsoper, Münchner Volkstheater, Münchner Kammerspiele,
Coproduction Theater Basel, Théâtre National Croate de Zagreb, Opéra de Rouen, Novaya Opera Moscou Münchner Volkstheater
(4 repr. du 22 au 29 mai)
Au Münchner Volkstheater.
Gradation dans la sensation, l’équipe Castellucci/Currentzis fera courir le banc l’arrière banc et tous les animaux du pays lyrique munichois et non munichois.
Comme on peut le constater, une entreprise complètement neuve, ouverte, et riche de potentialités, qui devrait si elle fonctionne, devenir un rendez-vous incontournable.

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Juin 2022
Krzysztof Penderecki, Die Teufel von Loudun (Les diables de Loudun) (
MeS: Simon Stone/Dir : Vladimir Jurowski)
Avec Ausrine Stundyté, John Lundgren, Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, Ursula Hesse von der Steinen, Lindsey Ammann etc…
Bayerische Staatsorchester
En ouverture du festival d’été, l’œuvre de Penderecki jamais jouée à Munich qui raconte l’histoire des possédées de Loudun et du malheureux prêtre Urbain Grandier (racontée dans le fameux film en 1971 de Ken Russell, Les Diables qui a sans doute puisé l’idée dans cette œuvre). Elle sera jouée dans la version originale de 1969 (Hambourg) qui selon Vladimir Jurowski est plus « rude » musicalement que la version révisée de 2012-2013. Distribution exceptionnelle et mise en scène de Simon Stone, quoi va sans doute créer un univers particulier dont il a le secret, tel que celui créé pour le Lear de Reiman à Salzbourg
(4 repr. du 27 juin au 7 juillet)

Prinzregententheater

Juillet 2022
Richard Strauss, Capriccio
(MeS: David Marton, Dir : Lothar Koenigs)
Avec Diana Damrau, Michael Nagy, Pavol Breslik, Vito Priante, Tanja Ariane Baumgartner etc…
Distribution éblouissante pour cette première à Munich de la production vue à Lyon et Bruxelles d’un David Marton familier des Kammerspiele de Munich mais qui n’a jamais travaillé à la Staatsoper. Marton s’intéresse au travail sur les livrets, à la relation entre texte et musique (il est lui-même musicien) et à la déconstruction des œuvres. C’est dans ce sens l’œuvre idéale pour lui, lieu d’un débat théorique sur le genre opéra, alors que l’Europe entière se) déchire sous les bombes (création en 1942), c’est cet aller-retour entre Art et barbarie qui fascine et qui confirme que l’art doit triompher, toujours et partout.
(5 repr. du 17 au 27/07)
Au Prinzregententheater

On peut le constater, ces nouvelles productions sont nettement orientées vers le XXe siècle, en proposant une large palette de styles aussi bien  traditionnels (Peter Grimes) que résolument contemporains (Trilogie de Georg Friedrich Haas) mais aussi de format (avec de gros formats comme Les Troyens et Les Diables de Loudun), mais aussi large palette de traditions, russe, française, britannique, germanique en restant soucieux de la tradition de la maison avec le focus sur Richard Strauss incluant la nouvelle production de Capriccio. L’offre est exigeante mais loin d’être inaccessible parce qu’elle suit une ligne précise et surtout parce qu’à tous niveaux la qualité est exceptionnelle, et pas seulement sur les nouvelles productions, mais aussi pour le répertoire.

Répertoire :

 

On ne va pas s’intéresser à chaque titre, le lecteur reconnaîtra les siens, mais signaler çà et là les nouveautés. Car il y en a, notamment pour les chefs qui assurent les représentations ; on va voir dans la fosse de très nombreuses nouvelles têtes pour Munich, des chanteurs confirmés, mais aussi des voix nouvelles.
Rappelons ce que signifie répertoire en termes d’organisation.
Un théâtre de répertoire entretient une troupe de chanteurs différente selon la taille de la maison, à Munich autour de 25 chanteurs, qui assurent tous les rôles secondaires, mais qui peuvent aussi soit assurer les premiers rôles ou pourvoir le cas échéant doubler. Le choix des chanteurs est donc essentiel, d’où l’importance du studio, où les jeunes trouvent ensuite un premier engagement dans la troupe du théâtre s’ils sont valeureux.
Les répétitions des Premières sont très longues, et très précises, avec un cahier des charges essentiel pour les reprises (cahier de régie). On imagine cette importance quand le spectacle remonte à plusieurs dizaines années (par ex. La Cenerentola de Ponnelle). Quelquefois les productions sont l’objet d’un « ravalement » qu’on appelle « Wiederaufnahme », dans ce cas il y a plus de répétitions que pour une reprise normale. Car il y a en cas de reprise de répertoire très peu de répétitions (quelquefois même pas un service d’orchestre), il faut donc des chefs sûrs qui connaissent parfaitement la partition et certains n’arrivent évidemment pas à imposer à l’orchestre de rompre avec des habitudes, notamment dans un répertoire qu’ils connaissent (trop) bien.
Les reprises de répertoire en général affichent les titres créées l’année précédente dans les distributions et avec le chef de la première, et sinon les reprises d’autres titres sont affichés régulièrement pour les grands standards, éventuellement avec des casts différents. C’est le cas la saison prochaine pour Die Tote Stadt (créé avec Petrenko/Kaufmann et Petersen et affichée cette année avec Lothar Koenigs/Klaus Florian Vogt, Elena Guseva) ou Die Frau ohne Schatten (Petrenko/Koch, Pankratova, Schuster, Dean-Smith et Merbeth dans la dernière reprise de 2017 et cette année Gergiev/Volle-Stemme, Jovanovich-Nylund, Fujimura)…
Par ailleurs Serge Dorny, qui on va le voir appelle de nombreux chefs différents notamment pour le répertoire italien s’est attaché la présence régulière de Daniele Rustioni, nommé premier chef invité, qui dirigera cinq productions dont Tabarro, Gianni Schicchi, Otello, Un Ballo in maschera en répertoire et une Première (Les Troyens). Du côté du répertoire allemand, il s’est attaché Lothar Koenigs, chef de bon niveau, qui dirigeait déjà à Munich, et qui assurera cette année une Première (Capriccio), mais aussi quelques reprises (Die Tote Stadt, Tristan und Isolde).

 

Septembre 2021 (Septemberfest)
Puccini, Gianni Schicchi (MeS : Lotte de Beer/Dir : Daniele Rustioni)
Avec Ambrogio Maestri, Emily Pogorelc, Galeano Salas, Lindsey Ammann etc…
(2 repr. 18 et 19/09 tarif spécial de 25€/8€)

Puccini, Il Tabarro (MeS : Lotte de Beer/Dir : Daniele Rustioni)
Avec Wolfgang Koch, Yonghoon Lee, Eva-Maria Westbroek
(2 repr. 18 et 19/09 tarif spécial de 25€/8€)
À noter : les représentations de Gianni Schicchi et Tabarro sont séparées et constituent chacune une représentation.
Daniele Rustioni ouvre une programmation de répertoire par ces spectacles au tarif très « politique », mais sans faire d’économies sur les distributions.

 

Septembre-Octobre 2021
Der Fliegende Holländer
(MeS : Peter Kontwitschny /Dir :Bertrand de Billy)
Avec Christof Fischesser, Anja Kampe, Benjamin Bruns, John Lundgren etc…
La production déjà ancienne de Franz Kontwitschny avec une dsitribution tout à fait exceptionnelle et en fosse, Bertrand de Billy qui est un chef plutôt solide.
(4 repr. du 24/09 au 6/10)

Verdi, La Forza del destino (MeS : Martin Kušej /Dir : Andrea Battistoni)
Avec Anja Harteros, Mika Kares, George Petean, Jonas Kaufmann, Ekaterina Sementchuk, Ambrogio Maestri
(3 repr. Du 26/09 au 2/10)
Chef intéressant (plus intéressant qu’Asher Fisch qui a assuré les représentations jusqu’ici), distribution sans reproche,

Octobre-novembre 2021/Février-mars 2022
Puccini, Tosca
(MeS : Luc Bondy/Dir : Daniel Oren (Oct.)/Carlo Rizzi (Fév.)
Avec Anja Harteros, Najmiddin Mavlyanov(Oct.) /Piotr Beczala(Fév.), Luca Salsi (Oct.)/Ambrogio Maestri (Fév.)
(4 repr. du 19/10 au 1/11)
(4 repr. du 20/02 au 4/03)
Sans doute une des dernières présentations de la production Bondy qui a fait son temps (il s’en prépare sans doute une autre pour les saisons prochaines), il faudra écouter Najmiddin Mavlyanov, un Mario déjà fort demandé, et bien sûr, pour Anja Harteros, immense Tosca devant l’Eternel.

Octobre 2021
Puccini, Turandot
(MeS : Carlus Padrissa (La Fura dels Baus)/Dir : Gábor Káli)
Avec Anna Pirozzi, Brian Jagde, Elena Guseva, Alexander Vinogradov
(3 repr. du 7/10 au 13/10)
Du très classique, mais Pirozzi est vraiment très bonne, et on écoutera le jeune Gábor Káli en fosse, avant la première de Giuditta.

Verdi, Falstaff (MeS Mateja Koležnik / Dir : Antonino Fogliani)
Avec Bryn Terfel, Vito Priante, Galeano Salas, Eleonora Buratto, Lindsey Ammann etc…
La distribution se passe de commentaires, et au pupitre opère l’excellent Antonino Fogliani.
(3 repr. du 15 au 21/10)

Octobre-Novembre
Verdi, Il Trovatore
(MeS : Olivier Py/Dir : Francesco Ivan Ciampa)
Avec George Petean, Sondra Radvanovsky, Okka von der Damerau, Francesco Meli
Là encore, même si la production Py est médiocre, la distribution se passe de commentaires et en fosse, Francesco Ivan Ciampa, un chef que très peu de français (ou d’allemands) connaissent, de la même génération que Daniele Rustioni et qui est absolument remarquable, bien plus intéressant que ceux qu’on nous impose généralement pour ces titres à Paris ou ailleurs.
(3 repr. du 31/10 au 6/11)

Novembre 2021
Bizet, Carmen
(MeS : Lina Wertmüller/Dir : Alexandre Bloch)
Avec Dmytro Popov, Lucas Meachem, Varduhi Abrahamyan, Rosa Feola
Du solide avec une Carmen de Varduhi Abrahamyan et une Micaela de Rosa Feola, pas si mal… avec en fosse, Alexandre Bloch, excellent chef français qu’on va revoir à Munich.
(5 repr. du 10 au 24/11)

Braunfels, Die Vögel (MeS: Frank Castorf/Dir : Ingo Metzmacher)
Avec Wolfgang Koch, Günter Papendell, Charles Workman, Michael Nagy, Caroline Wettergreen
Représentations suspendues pour cause de Covid en octobre-novembre 2020 et donc reprise cette saison avec la même distribution (magnifique) de la production luxuriante de Frank Castorf avec le décor fabuleux d’Aleksandar Denić… Sous la direction experte d’Ingo Metzmacher
(3 repr. Du 12 au 18/11)

Novembre-Décembre 2021
Weber, Der Freischütz
(MeS : Dmitry Tcherniakov/Dir : Lothar Koenigs)
Avec Sean Michael Plumb, Golda Schultz, Anna Prohaska, Pavel Černoch, Tomasz Konieczny, Georg Zeppenfeld
Distribution sans reproche de cette production vue en streaming et qui mérite une visite en salle, avec au pupitre Lothar Koenigs (je n’avais pas aimé Manacorda) et une MeS de Tcherniakov qui à la TV ne m’avait pas convaincu. Il faudra aller voir…
(4 repr. du 26/11 au 5/12)

Décembre 2021
Korngold, Die tote Stadt
(MeS : Simon Stone/Dir : Lothar Koenigs)
Avec Klaus-Florian Vogt, Elena Guseva, Christoph Pohl, Jennifer Johnston etc..
Distribution correcte (Vogt ! Guseva !) mais nous avons de tels souvenirs du trio Kaufmann/Petersen/Petrenko que ce sera difficile…
(4 repr. Du 1er au 10/12)


Donizetti, L’Elisir d’amore
(MeS : David Bösch/Dir : Evelino Pidò)
Avec Emily Pogorelc, Bogdan Volkov, Erwin Schrott, André Schuen
Du répertoire, avec la jeune Emily Pogorelc qui a intégré la troupe et un trio masculin qui promet fort. Au pupitre le solide Pidò que Serge Dorny a invité pour les Donizetti de répertoire. Et toujours la merveilleuse production de David Bösch.
(3 repr. Du 11 au 17/12)

Mozart, Die Zauberflöte (MeS : August Everding/Dir : Ivor Bolton)
Avec Günther Groissböck, Pavol Breslik, Sabine Devieilhe, Olga Kulchynska etc…
Wow, joli cadeau de Noël, distribution excellente, chef très solide et familier du lieu, et mise en scène historique d’August Everding. À coupler avec Giuditta…
(5 repr. Du 21 au 30/12)

Janvier 2022
Strauss (R.): Ariadne auf Naxos
(MeS : Robert Carsen/Dir : Ulf Schirmer)
Avec Markus Eiche, Daniela Sindram, Brandon Jovanovich, Erin Morley, Tamara Wilson et Udo Wartveitl etc…
Très belle distribution et un chef solide, GMD à Leipzig, qu’on n’avait plus vu à Munich depuis longtemps. Production typiquement carsenienne. Et en prime un acteur munichois connu (Udo Wartveitl ) en majordome.
(3 repr. Du 18 au 26/01)


Janvier-février/Juillet 2022
Strauss (R.): Die schweigsame Frau
(MeS : Barrie Kosky/Dir : Stefan Soltesz)
Avec Franz Hawlata, Christa Mayer (Janv.) Okka von der Damerau (Juil.), Daniel Behle, Brenda Rae etc…
Magnifique production de Barrie Kosky qu’on ne se lasse pas de voir, magnifique Hawlata, toujours extraordinaire acteur et cette fois au pupitre le remarquable Stefan Soltesz, sous-estimé qui doit être pétillant dans cette partition.
(4 repr. Du 29/01 au 4/02 et le 22/07)

Janvier/Juin-Juillet 2022
Puccini, La Bohème
(MeS : Otto Schenk/Dir : Francesco Lanzillotta)
Avec Angel Blue (Janvier) /Ailyn Pérez (Juillet), Emily Pogorelc(Jv)/Aida Garifullina(Jt), Evan LeRoy Johnson(Jv)/Piotr Beczala(Jt) etc…
Du bon répertoire, pour Wanderer de passage, et surtout un autre excellent chef, qu’il faut absolument connaître, Francesco Lanzillotta, qui lui mérite la Scala.
(6 repr. Du 5 au 9/01 et du 25 au 30/07)

Verdi, La Traviata (MeS : Günter Krämer/Dir : Giedré Šlekytė)
Avec Alexandra Kurzak (Janvier)/Lisette Oropesa (Juin-Juillet), Dmytro Popov(Janvier)/Stephen Costello (Juin-Juillet) Simon Keenlyside (Janvier)/Leo Nucci (28/06), Placido Domingo (1/07)
Là aussi du répertoire et un peu de paillettes, avec au pupitre la jeune (et excellente) Giedré Šlekytė et des chanteurs dont on peut dire qu’ils sont hors classe, au moins pour les sopranos et les barytons.
(7 repr du 8/01 au 21/01, et les 28/06 et 1/07)

Février 2022
Rossini, Il Turco in Italia
(MeS : Christof Loy/Dir: Gianluca Capuano)
Avec Alex Esposito, Lisette Oropesa, Nikolay Borchev etc…
Christof Loy, du solide un peu pareil tout le temps, mais distribution exceptionnelle et très bon chef pour Rossini… Si vous passez par là, il faut y entrer.
(4 repr. Du 09 au 18/02)

Mars 2022
Mozart, Le nozze di Figaro
(MeS: Christof Loy/Dir: Thomas Hengelbrock)
Avec Gerald Finley, Golda Schultz, Katharina Konradi, Alex Esposito, Anne Sofie von Otter etc…
Une production correcte, du moderne passepartout, du Christof Loy de bon niveau, et une distribution fabuleuse. Hengelbrock au pupitre, ce ne devrait pas être mauvais…
(4 repr. Du 9 au 20/03)

Donizetti, Lucia di Lammermoor (MeS: Barbara Wysocka/Dir: Evelino Pidò)
avec Nadine Sierra, Andrzej Filończyk, Xabier Anduaga, Riccardo Zanellato
Excellente distribution avec le couple Anduaga/Sierra, mais aussi le baryton Filończyk excellent et Zanellato, la basse fidèle à Serge Dorny. Au pupitre qui fut de Petrenko (soupir à fendre l’âme), le très sûr Pidò. Mise en scène « moderne » qui passe assez bien.
(4 repr. Du 12 au 24/03)

Rossini, La Cenerentola (MeS : Jean-Pierre Ponnelle/Dir : Michele Spotti
avec Marianne Crebassa, Edgardo Rocha, Mattia Olivieri, Renato Girolami, Erwin Schrott
Grande distribution pour une production historique, voire légendaire avec un jeune chef nouveau à Munich mais pas à Lyon, et réel espoir de la direction rossinienne mais pas que : Michele Spotti… Vaut le voyage…
(4 repr. Du 18 au 25/03)

Avril 2022
Mozart, Die Entführung aus dem Serail
(MeS : Martin Duncan/Dir : Stefano Montanari)
Avec Sofia Fomina, Elisabeth Sutphan, Daniel Behle, Jonas Hacker, Ante Jerkunica
Production passable, distribution correcte sans plus mais au pupitre, Stefano Montanari, et là c’est encore un autre nom que les lyonnais connaissent et apprécient, et qui est en train d’exploser partout… Un très grand chef.
(3 repr. du 8 au 13/04)

Wagner, Parsifal (MeS : Pierre Audi/Dir : Mikko Franck)
Avec Christian Gerhaher, Christof Fischesser, Simon O’Neill, Jochen Schmeckenbecher, Anja Harteros
Le Parsifal en noir et blanc d’Audi/Baselitz confié à la baguette de Mikko Franck, c’est particulièrement intéressant, avec une distribution de très haut niveau et une nouvelle Kundry toute jeune : Anja Harteros qui se jette dans le rôle et qui va faire qu’on se précipitera pour entendre. Là encore un voyage devrait s’imposer…
(3 repr. du 14au 23/04 )


Avril-Mai/Juillet 2021
Verdi, Macbeth
(MeS : Martin Kušej/ Dir : Andrea Battistoni (avril)/Fabio Luisi (Juillet)
avec Ludovic Tézier (Avril/Mai)/Artur Rucinski(Juil), Tareq Nazmi (Avril/Mai)/Vitali Kowaljow (Juillet), Ekaterina Sementchuk (Avril/Mai)/Anna Netrebko (Juillet), Freddie de Tommaso (Avril/Mai)/Evan LeRoy Johnson (Juillet)
Une distribution en dentelles où l’on préfèrera le couple Tézier/Sementchuk à Rucinski/Netrebko, d’autant qu’en avril mai, il y a Freddie de Tommaso, le nouveau ténor qu’il faut avoir vu et entendu… Au pupitre, Andrea Battistoni ce qui est bien, ou Fabio Luisi, ce qui est très bien. Choisissez selon vos goûts…
6 repr. du 24/04 au 04/05 et les 14 et 18 juillet)

Mai 2022
Händel, Agrippina
(MeS: Barrie Kosky/Dir: Stefano Montanari)
Avec Joyce DiDonato, Gianluca Buratto, John Holiday, Elsa Benoit, Mattia Olivieri etc…
Münchener Kammerorchester
Ce n’est même pas la peine d’hésiter prenez déjà votre billet d’avion, avec Stefano Montanari dans la fosse, dans le merveilleux Prinzregententheater, et la bonne production de Barrie Kosky, très concentrée dans sa cage de métal.
(3 repr. Du 7 au 13/05 au Prinzregententheater)

Mai-Juillet 2022
Strauss (R),  Der Rosenkavalier
(MeS : Barrie Kosky/Dir : Vladimir Jurowski)
Avec Marlis Petersen, Samantha Hankey, Katharina Konradi, Christof Fischesser, Johannes-Martin Kränzle, Daniela Köhler, Ursula Hesse von der Steinen etc…
Deux Kosky pendant les mêmes semaines, cela ne se manqué pas: votre billet d’avion permettra de voir aussi ce merveilleux Rosenkavalier vu à la TV et si original, si “ailleurs”, si intelligent, si magnifiquement interprété et chanté qu’on attend de le voir en scène avec impatience, d’autant que ce sera la version normale et non celle covidienne révisée par Ekkerhard Kloke qui sera proposée, sous la direction du maître de maison Vladimir Jurowski.
(5 repr. Du 8 au 15/05 et les 21 et 24/07)

Rossini, Il barbiere di Siviglia (MeS : Ferruccio Soleri/Dir : Antonino Fogliani)
Avec Alasdair Kent, Ambrogio Maestri, Vasilisa Berzhanskaja, Andrei Zhilikohovsky, Adam Palka
Solide distribution où l’on pourra entendre la merveilleuse Rosine de Vasilisa Berzhanskaja et Adam Palka (Le Mephisto de Castorf à Vienne) en Basilio. On regrette que Andrzej Filończyk distribué dans Lucia di Lammermoor ne soit pas Figaro; il y est exceptionnel… Au pupitre, Antonino Fogliani, garantie d’excellence.
(3 repr. Du 10 au 16/05)

Verdi, Otello (MeS : Amelie Niermeyer/Dir : Daniele Rustioni (mai-juin) Antonino Fogliani (juillet)
Avec Anja Harteros, Arsen Soghomonyan/Gregory Kunde, Luca Salsi/Gerald Finley, Oleksiy Palchykov
La distribution parle d’elle-même, la mise en scène excellente, et les deux chefs prévus sont remarquables.  On choisira peut-être juillet pour Kunde et Finley…
(5 repr. Du 27/05 au 2/06 et les 2 et 5/07)

Mai-Juin 2022
Puccini, Madama Butterfly
(MeS: Wolf Busse/Dir: Antonello Manacorda)
Avec Ermonela Jaho, Charles Castronovo, Davide Luciano etc…
Une mise en scène qui est un peu épuisée, une distribution de très grand niveau (Davide Luciano peut-être sous-utilisé en Sharpless) et au pupitre Antonello Manacorda qui a troqué Weber contre Puccini.
(3 repr. du 31/05 au 5/06)

Juin 2022
Wagner, Tristan und Isolde
(MeS : Krzysztof Warlikowski/Dir : Lothar Koenigs)
Avec Wolfgang Koch, Stuart Skelton, Nina Stemme, Mika Kares, Okka von der Damerau
La distribution est magnifique, même sans Kaufmann. Mais sans Petrenko, c’est un peu dur, même si Koenigs est solide… Du répertoire de grand luxe, mais c’est du répertoire…
(4 repr. du 6 au 20/06)

Verdi Un Ballo in maschera (MeS : Johannes Erath/Dir : Daniele Rustioni)
Avec Piotr Beczala, Carlos Alvarez, Sondra Radvanovsky, Judit Kutasi, Deanna Breiwick
Là en revanche pas d’hésitation, il faut y voler : distribution exceptionnelle, grand chef, et production de Johannes Erath pas inintéressante…
(4 repr. du 12 au 22 juin)

Juillet 2022
Strauss (R.) : Die Frau ohne Schatten
(MeS : Warlikowski/Dir : Valery Gergiev)
Avec Brandon Jovanovich, Camilla Nylund, Mihoko Fujimura, Michael Volle, Nina Stemme
Là encore, sans Petrenko cela fait (un peu) souffrir. Mais ne jouons pas les enfants gâtés. Gergiev en fosse même entre deux avions, est un très grand musicien, la production est désormais légendaire et la distribution fabuleuse…
(2 repr. Les 28 et 31/07)

 

Comme on peut le constater, il y a même pour le répertoire, une exigence de qualité au plus haut niveau. Et la palette de nouveaux chefs (et cheffes) excellents inconnus à Munich et souvent ailleurs que Dorny a invités va redonner un véritable intérêt à certaines reprises. Du répertoire que certains théâtres du même niveau envieraient pour leurs nouvelles productions. Pourvu que ça dure…

 

Concerts symphoniques : « Akademiekonzerte »

 

Le Bayerisches Staatsorchester, orchestre d’Etat de Bavière est l’orchestre historique de Munich, dont les racines remontent au XVIe siècle et à Roland de Lassus qui en fut le Kapellmeister à partir de 1563. C’est en 1811 que l’Académie de musique est formée, d’où le nom d’ «Akademiekonzerte ».
La longue liste des directeurs musicaux de l’orchestre incluent les plus prestigieux des grands chefs historiques qui ont pour nom Hans von Bülow, Hermann Levi, Richard Strauss, Felix Mottl, Bruno Walter, Hans Knappertsbusch, Clemens Krauss, Georg Solti, Ferenc Fricsay, Joseph Keilberth, Wolfgang Sawallisch, Zubin Mehta, Kent Nagano, Kirill Petrenko et en septembre prochain Vladimir Jurowski.
Vladimir Jurowski va diriger 3 des 6 Akademiekonzerte et il a décidé d’orienter  ses trois concerts autour des compositeurs joués dans les créations de la saison :

  • Un concert autour des œuvres du jeune Chostakovitch
  • Un concert autour de Britten au temps Peter Grimes
  • Le dernier concert autour de l’œuvre symphonique de Penderecki

Les autres concerts seront dirigés par Fabio Luisi (Bruckner/Bruch), Cristian Macelaru et Mikhail Jurowski (père de Vladimir) dont les programmes seront consacrés à la musique russe, et notamment la thématique de la patrie et de l’exil.

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Des éléments encore à définir
Il y a cependant des points qui surprennent : cette année le GMD Vladimir Jurowski dirige seulement trois opéras, il devrait au moins en diriger le double. Mais il termine plusieurs mandats notamment en Russie, et l’année prochaine tout devrait revenir à la normalité.
D’autres points sur l’offre de la maison ne sont pas encore arrêtés : la politique en matière de vidéos et de streamings que Bachler avait développée n’a pas été évoquée, on ne sait pas non plus ce que va devenir la collection d’enregistrements que Bachler vient de commencer avec une Mahler VII phénoménale de Kirill Petrenko. Nous en sommes aux balbutiements et Serge Dorny aura sans doute à décider de poursuivre le projet, de le reprofiler ou d’interrompre : tout cela n’est pas encore clair. On sait que Serge Dorny préfère l’opéra en salle à l’opéra en boite, comme tout le monde. Il n’avait pas les moyens de développer une politique vidéo à Lyon, ainsi de magnifiques spectacles ne le resteront que dans nos souvenirs, mais Munich est riche, et les confinements ont donné l’habitude au public de retrouver en ligne des spectacles qu’ils ont vus ou non en salle. Il faudra sans doute qu’un bilan soit tiré de la période et de la politique menée jusque-là. Attendons.

 

Ce qu’on peut affirmer c’est qu’il ne s’agit pas d’une saison de rattrapage covid, le système de répertoire est pour cela une garantie. C’est une saison pensée, avec une ligne soutenue, affirmée par les nouvelles productions, mais qui ne sacrifie pas le répertoire, notamment avec un vrai soin dans le choix des chefs et les distributions, jamais médiocres.
Le niveau affirme au contraire d’emblée une ambition et une respiration fortes, en cohérence avec l’histoire de cette maison, et en empruntant résolument un chemin qu’on sent aussi neuf et ouvert. Le public traditionnel y trouvera son compte, mais c’est un programme qui saura exciter aussi la curiosité. Voilà une saison qui conjugue la fête (trois festivals), la rencontre, l’exigence mais aussi le réalisme et le pragmatisme.
C’est une première saison, c’est une nouvelle ère, et il va aussi falloir prendre ses marques. Il reste aussi évidemment à souhaiter qu’on reste à ce niveau d’excellence pour les suivantes. Serge Dorny a raté peu de choses à Lyon, on ne peut que lui souhaiter la même réussite aux bords de l’Isar qu’aux bords du Rhône et de la Saône… La Bavière a bien de la chance.